SuperNo
C’était hier soir que Fillon annonçait un lot de mesurettes destiné à combler le gouffre budgétaire qu’il a créé depuis 4 ans. La simple suppression de tous les cadeaux consentis depuis cette date aux riches et aux grandes entreprises devrait facilement représenter plusieurs dizaines de milliards par an. À 9 mois des présidentielles, Fillon se contente de quelques milliards, laissant l’exécution des basses œuvres aux “heureux gagnants” de 2012.
D’Italie, j’ai pu suivre en direct les pitoyables tractations qui ont amené au “plan d’austérité” qui va plonger encore davantage ce beau pays sous le joug ultralibéral, et le chantage de Trichet : on te prête du pognon pour ajouter à ta dette, mais tu libéralises tout ! On dirait du FMI des années 70 dans le texte… Mêmes causes, mêmes effets. Comme partout en occident, sous prétexte de “compétitivité” et de “promotion de l’entreprenariat”, on a baissé les impôts, taxes et cotisations des riches et des grandes entreprises. Comme partout en Europe, on a ouvert grand les frontières aux capitaux et aux marchandises. Comme partout en Europe, le travail est parti en Asie ou à l’Est (La version moderne de la Fiat Cinquecento, dont l’ancêtre fut l’un des symboles de l’Italie des années 60, est désormais fabriquée à vil prix en Pologne, et revendue à prix d’or à l’ouest…). Comme partout, une minorité s’en en mis plein les fouilles, cependant que le pays se ruinait peu à peu.
Cette ordure de Berlusconi, aux affaires pendant 8 ans, en porte évidemment une grande responsabilité. Troisième fortune du pays avec 7.8 milliards de dollars (derrière le fabricant du Nutella et le revendeur des lunettes Ray-Ban), il ne pouvait évidemment pas être mieux placé pour bien traiter les patrons et les milliardaires… Comme chez nous, on a beaucoup parlé de la hausse d’impôts pour les hauts salaires (au delà de 90 000 euros de revenus par an) qu’il vient de décréter. Mouais… On déchante quand on lit par ailleurs que les revenus du capital ne seront pas touchés. Ces mesures ne concernent donc que les salariés aisés, pas les “vrais” riches. D’autre part, la mesure est exceptionnelle et temporaire…
Dans le sillage du boursicoteur multimilliardaire Warren Buffett, 16 “super-riches” de chez nous, de la désormais célèbre Madame Bettencourt à l’impayable Christophe de Margerie, lancent un appel pour “payer plus d’impôts !”. C’est assez croquignol quand on sait que Madame Bettencourt fraudait le fisc, et qu’en plus de ces fraudes, elle a volé (légalement) en 10 ans près de 3 milliards d’euros à l’État en raison des multiples exonérations dont elle bénéficie. Quant à Margerie, son entreprise, Total, vole on ne sait trop comment entre 3 et 5 milliards tous les ans… Mais il suffit de lire cet appel ridicule pour se rendre compte que ces “philanthropes” ne consentent qu’à un prélèvement “exceptionnel”…
Ce n’est assurément pas prendre les choses par le bon bout… La situation exige un peu plus que des mesurettes provisoires. Il faut foutre par terre tout le système qui a conduit à cette déroute. Et mettre en place un vrai système d’imposition guidé par la justice et l’efficacité. Je n’ai jamais compris comment une poignée de gugusses (comme Berlusconi par exemple) ont pu se retrouver milliardaires… Les plus riches du monde (comme Buffett) dépassent pourtant 50 milliards… Un milliardaire, c’est la preuve flagrante d’un système fiscal totalement inefficace et pourri ! À un moment, le système a merdé et n’a pas mis le hola à un enrichissement indécent. Carlos Slim, l’homme le plus riche du monde (74 milliards de dollars…) est propriétaire d’une compagnie de téléphone. Comment ne pas voir qu’il vole autant ses clients que l’État mexicain ? Buffett prouve par A+B que le boursicotage, activité nuisible et parasitaire s’il en est, n’est pas assez taxé ! Et prendre à Berlusconi 7 de ses 8 milliards serait une œuvre de salubrité publique ! D’abord, il ne s’apercevrait même pas de la différence. Personne n’a jamais eu besoin de tant de pognon. Il suffit d’annoncer à quelqu’un qu’il a gagné 10 millions au loto pour qu’il soit le plus heureux du monde, pourquoi ne pas plafonner toute fortune à ce niveau ?
On a aussi beaucoup parlé du projet fou de retraite à 70 ans… Rien que ça, ce serait un motif de révolution. Mais on parle moins des autres funestes projets, pourtant numériquement les plus importants… Qu’est-ce qui se cache derrière le terme de “dépenses sociales”, qui vont être amputées ? Donner encore moins aux pauvres, aux vieux, aux malades, aux handicapés, aux retraités, aux chômeurs, aux accidentés du travail, aux étrangers ? Leur prendre leurs derniers brouzoufs pour être sûr que les banksters vont bien être remboursés au centime près, intérêts et capital ?
Autre projet, “Alléger le droit du travail”… Le genre de nouvelle rébarbative, jamais reprise par les grands médias. Sarkozy en a abusé, rabotant partout à la première occasion, dans un silence de cathédrale. Quel est le rapport avec le déficit ? Combien de saloperies ultralibérales se cachent-elles derrière cet euphémisme ? Les travailleurs italiens le découvriront bientôt… Parmi les autres projets de l’austérité italienne, il y a aussi celui, très peu commenté (comme si ça allait de soi), mais tout aussi grotesque et scandaleux, de vente à l’encan qui va, comme en Grèce, comme bientôt partout ailleurs, livrer au privé les derniers Services Publics de la péninsule. Durant mon séjour, j’ai beaucoup emprunté les ferries qui traversent le Lac Majeur. C’est une compagnie publique, qui l’annonce fièrement sur ses panneaux. Le lac est très long (plus de 65 km sur quelques km de large) et aucun pont ne le traverse, alors plutôt que d’en faire le tour (sur des routes souvent trop étroites pour laisser passer deux voitures de front), on prend le bateau. Pratique, rapide et pas cher.
Actuellement, une armée d’employés, fiers dans leur uniforme bleu, s’active pour faire fonctionner le service. Il y en a deux au guichet, 2 ou 3 pour régler la circulation dans l’aire d’attente, un pour contrôler les billets, deux autres pour amarrer le bateau au quai et abaisser le pont, un autre pour guider les bagnoles, sans compter le pilote et le barman. Et le personnel invisible, à l’administration ou à la maintenance. Comme le service s’étend sur 16 heures, je suppose qu’il y a au moins 2 équipes. Le même dispositif existe évidemment dans le port d’en face. Et dans tous les embarcadères du Lac Majeur. Et du Lac de Côme. Et du lac de Garde. Je ne suis évidemment pas persuadé que ces gens soient super bien payés, mais ils sont agents du Service Public, leur travail est très utile (considérablement plus en tout cas que celui des financiers qui nous saignent) et ils avaient probablement la sécurité de l’emploi, ce qui en cette période a une valeur difficile à estimer.
Imaginez maintenant ce que va devenir l’équipage d’un bateau du Lac Majeur à l’ère post-Berlusconi. La compagnie va être bradée à un groupe privé, sans doute un de ses amis. Peut-être même à un des fonds d’investissement d’une banque responsable de la ruine du pays. Qui va commencer par virer les deux-tiers du personnel pour ne garder que les lignes rentables. Il va ensuite, comme cela s’est fait à France Télécom, par exemple, transformer ces feignasses de fonctionnaires en des winners, guerriers du libéralisme et de la concurrence. Les démissionnaires (et les suicidaires) seront remplacés par des affamés innombrables en raison de l’explosion du chômage, payés trois olives, avec un de ces nouveaux contrats précaires autorisés par le code du travail “allégé”. Ils auront toujours un bel uniforme, mais il devront l’acheter eux-même. Peut-être y aura-t-il parmi eux des immigrés tunisiens, ceux qui ne se sont pas noyés lors de leur traversée vers Lampedusa. Le pilote pourra contrôler les billets pendant les quelques minutes où le bateau est à quai et faire le ménage après son service. Ces billets seront désormais vendus sur Internet et par une bête machine. Le barman pourra faire la circulation, poinçonner les billets et réparer le moteur du rafiot toujours en panne faute d’entretien. Et les voitures des passagers se guideront toutes seules, il suffira de mettre une pub pour un carrossier à la sortie… Le service sera évidemment détérioré, mais les riches pourront toujours prendre les vedettes plus rapides et plus luxueuses d’un concurrent.
J’enrage quand je lis des articles lénifiants et complaisants qui racontent, presque joyeux, que ce plan scélérat a le soutien de Christine Lagarde, du nabab Trichet, de l’ectoplasme Van Rompuy, et naturellement des traîtres Sarkozy, Merkel, Cameron et Zapatero.
Ces gens-là ont tous ruiné leur pays à coup d’exonérations fiscales. Ils sont à l’origine ou ont consenti à tous les processus qui ont provoqué les délocalisations, la concurrence fiscale et sociale et l’abandon de toute souveraineté au profit des ouiouistes ultralibéraux vendus à tous les lobbies de la terre. Ils ne sont désormais plus que des exécutants serviles, qui ont totalement abdiqué (si tant est qu’ils aient jamais lutté) devant la finance internationale, cette pieuvre mafieuse qui dévore le monde et manipule ces pantins que nous élisons pour notre malheur.
Altermonde Sans Frontière
C’était hier soir que Fillon annonçait un lot de mesurettes destiné à combler le gouffre budgétaire qu’il a créé depuis 4 ans. La simple suppression de tous les cadeaux consentis depuis cette date aux riches et aux grandes entreprises devrait facilement représenter plusieurs dizaines de milliards par an. À 9 mois des présidentielles, Fillon se contente de quelques milliards, laissant l’exécution des basses œuvres aux “heureux gagnants” de 2012.
D’Italie, j’ai pu suivre en direct les pitoyables tractations qui ont amené au “plan d’austérité” qui va plonger encore davantage ce beau pays sous le joug ultralibéral, et le chantage de Trichet : on te prête du pognon pour ajouter à ta dette, mais tu libéralises tout ! On dirait du FMI des années 70 dans le texte… Mêmes causes, mêmes effets. Comme partout en occident, sous prétexte de “compétitivité” et de “promotion de l’entreprenariat”, on a baissé les impôts, taxes et cotisations des riches et des grandes entreprises. Comme partout en Europe, on a ouvert grand les frontières aux capitaux et aux marchandises. Comme partout en Europe, le travail est parti en Asie ou à l’Est (La version moderne de la Fiat Cinquecento, dont l’ancêtre fut l’un des symboles de l’Italie des années 60, est désormais fabriquée à vil prix en Pologne, et revendue à prix d’or à l’ouest…). Comme partout, une minorité s’en en mis plein les fouilles, cependant que le pays se ruinait peu à peu.
Cette ordure de Berlusconi, aux affaires pendant 8 ans, en porte évidemment une grande responsabilité. Troisième fortune du pays avec 7.8 milliards de dollars (derrière le fabricant du Nutella et le revendeur des lunettes Ray-Ban), il ne pouvait évidemment pas être mieux placé pour bien traiter les patrons et les milliardaires… Comme chez nous, on a beaucoup parlé de la hausse d’impôts pour les hauts salaires (au delà de 90 000 euros de revenus par an) qu’il vient de décréter. Mouais… On déchante quand on lit par ailleurs que les revenus du capital ne seront pas touchés. Ces mesures ne concernent donc que les salariés aisés, pas les “vrais” riches. D’autre part, la mesure est exceptionnelle et temporaire…
Dans le sillage du boursicoteur multimilliardaire Warren Buffett, 16 “super-riches” de chez nous, de la désormais célèbre Madame Bettencourt à l’impayable Christophe de Margerie, lancent un appel pour “payer plus d’impôts !”. C’est assez croquignol quand on sait que Madame Bettencourt fraudait le fisc, et qu’en plus de ces fraudes, elle a volé (légalement) en 10 ans près de 3 milliards d’euros à l’État en raison des multiples exonérations dont elle bénéficie. Quant à Margerie, son entreprise, Total, vole on ne sait trop comment entre 3 et 5 milliards tous les ans… Mais il suffit de lire cet appel ridicule pour se rendre compte que ces “philanthropes” ne consentent qu’à un prélèvement “exceptionnel”…
Ce n’est assurément pas prendre les choses par le bon bout… La situation exige un peu plus que des mesurettes provisoires. Il faut foutre par terre tout le système qui a conduit à cette déroute. Et mettre en place un vrai système d’imposition guidé par la justice et l’efficacité. Je n’ai jamais compris comment une poignée de gugusses (comme Berlusconi par exemple) ont pu se retrouver milliardaires… Les plus riches du monde (comme Buffett) dépassent pourtant 50 milliards… Un milliardaire, c’est la preuve flagrante d’un système fiscal totalement inefficace et pourri ! À un moment, le système a merdé et n’a pas mis le hola à un enrichissement indécent. Carlos Slim, l’homme le plus riche du monde (74 milliards de dollars…) est propriétaire d’une compagnie de téléphone. Comment ne pas voir qu’il vole autant ses clients que l’État mexicain ? Buffett prouve par A+B que le boursicotage, activité nuisible et parasitaire s’il en est, n’est pas assez taxé ! Et prendre à Berlusconi 7 de ses 8 milliards serait une œuvre de salubrité publique ! D’abord, il ne s’apercevrait même pas de la différence. Personne n’a jamais eu besoin de tant de pognon. Il suffit d’annoncer à quelqu’un qu’il a gagné 10 millions au loto pour qu’il soit le plus heureux du monde, pourquoi ne pas plafonner toute fortune à ce niveau ?
On a aussi beaucoup parlé du projet fou de retraite à 70 ans… Rien que ça, ce serait un motif de révolution. Mais on parle moins des autres funestes projets, pourtant numériquement les plus importants… Qu’est-ce qui se cache derrière le terme de “dépenses sociales”, qui vont être amputées ? Donner encore moins aux pauvres, aux vieux, aux malades, aux handicapés, aux retraités, aux chômeurs, aux accidentés du travail, aux étrangers ? Leur prendre leurs derniers brouzoufs pour être sûr que les banksters vont bien être remboursés au centime près, intérêts et capital ?
Autre projet, “Alléger le droit du travail”… Le genre de nouvelle rébarbative, jamais reprise par les grands médias. Sarkozy en a abusé, rabotant partout à la première occasion, dans un silence de cathédrale. Quel est le rapport avec le déficit ? Combien de saloperies ultralibérales se cachent-elles derrière cet euphémisme ? Les travailleurs italiens le découvriront bientôt… Parmi les autres projets de l’austérité italienne, il y a aussi celui, très peu commenté (comme si ça allait de soi), mais tout aussi grotesque et scandaleux, de vente à l’encan qui va, comme en Grèce, comme bientôt partout ailleurs, livrer au privé les derniers Services Publics de la péninsule. Durant mon séjour, j’ai beaucoup emprunté les ferries qui traversent le Lac Majeur. C’est une compagnie publique, qui l’annonce fièrement sur ses panneaux. Le lac est très long (plus de 65 km sur quelques km de large) et aucun pont ne le traverse, alors plutôt que d’en faire le tour (sur des routes souvent trop étroites pour laisser passer deux voitures de front), on prend le bateau. Pratique, rapide et pas cher.
Actuellement, une armée d’employés, fiers dans leur uniforme bleu, s’active pour faire fonctionner le service. Il y en a deux au guichet, 2 ou 3 pour régler la circulation dans l’aire d’attente, un pour contrôler les billets, deux autres pour amarrer le bateau au quai et abaisser le pont, un autre pour guider les bagnoles, sans compter le pilote et le barman. Et le personnel invisible, à l’administration ou à la maintenance. Comme le service s’étend sur 16 heures, je suppose qu’il y a au moins 2 équipes. Le même dispositif existe évidemment dans le port d’en face. Et dans tous les embarcadères du Lac Majeur. Et du Lac de Côme. Et du lac de Garde. Je ne suis évidemment pas persuadé que ces gens soient super bien payés, mais ils sont agents du Service Public, leur travail est très utile (considérablement plus en tout cas que celui des financiers qui nous saignent) et ils avaient probablement la sécurité de l’emploi, ce qui en cette période a une valeur difficile à estimer.
Imaginez maintenant ce que va devenir l’équipage d’un bateau du Lac Majeur à l’ère post-Berlusconi. La compagnie va être bradée à un groupe privé, sans doute un de ses amis. Peut-être même à un des fonds d’investissement d’une banque responsable de la ruine du pays. Qui va commencer par virer les deux-tiers du personnel pour ne garder que les lignes rentables. Il va ensuite, comme cela s’est fait à France Télécom, par exemple, transformer ces feignasses de fonctionnaires en des winners, guerriers du libéralisme et de la concurrence. Les démissionnaires (et les suicidaires) seront remplacés par des affamés innombrables en raison de l’explosion du chômage, payés trois olives, avec un de ces nouveaux contrats précaires autorisés par le code du travail “allégé”. Ils auront toujours un bel uniforme, mais il devront l’acheter eux-même. Peut-être y aura-t-il parmi eux des immigrés tunisiens, ceux qui ne se sont pas noyés lors de leur traversée vers Lampedusa. Le pilote pourra contrôler les billets pendant les quelques minutes où le bateau est à quai et faire le ménage après son service. Ces billets seront désormais vendus sur Internet et par une bête machine. Le barman pourra faire la circulation, poinçonner les billets et réparer le moteur du rafiot toujours en panne faute d’entretien. Et les voitures des passagers se guideront toutes seules, il suffira de mettre une pub pour un carrossier à la sortie… Le service sera évidemment détérioré, mais les riches pourront toujours prendre les vedettes plus rapides et plus luxueuses d’un concurrent.
J’enrage quand je lis des articles lénifiants et complaisants qui racontent, presque joyeux, que ce plan scélérat a le soutien de Christine Lagarde, du nabab Trichet, de l’ectoplasme Van Rompuy, et naturellement des traîtres Sarkozy, Merkel, Cameron et Zapatero.
Ces gens-là ont tous ruiné leur pays à coup d’exonérations fiscales. Ils sont à l’origine ou ont consenti à tous les processus qui ont provoqué les délocalisations, la concurrence fiscale et sociale et l’abandon de toute souveraineté au profit des ouiouistes ultralibéraux vendus à tous les lobbies de la terre. Ils ne sont désormais plus que des exécutants serviles, qui ont totalement abdiqué (si tant est qu’ils aient jamais lutté) devant la finance internationale, cette pieuvre mafieuse qui dévore le monde et manipule ces pantins que nous élisons pour notre malheur.
Altermonde Sans Frontière
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