vendredi 26 août 2011

Braderie en forêt de Compiègne ?

Anticor
Justifier
57 hectares de terrains, un golf, un hippodrome avec une tribune de près d’un millier de places, un restaurant et un manoir anglo-normand de 300 mètres carrés, une vingtaine de manifestations annuelles : selon le Canard enchaîné, les avertissements n’y auraient rien fait et c’est « pour un prix préférentiel et sous-évalué » qu’Eric Woerth, alors Ministre des Finances, aurait cédé une parcelle de la forêt de Compiègne à une société de course hippique.

Cette affirmation du quotidien aurait aussitôt suscité la menace d’un dépôt de plainte de la part de l’intéressé, mais le journal publiait dès le lendemain des documents à l’appui de ses déclarations.

«Les documents de Bercy qui accusent Eric Woerth» : c’est ainsi que le Canard intitulait son article du 3 août où il présentait les notes adressées par deux hauts fonctionnaires et un député à Eric Woerth, tantôt pour attirer son attention sur le prix envisagé, dépourvu de tout «lien avec la valeur réelle de l’hippodrome», tantôt sur la nécessité de recourir à un appel d’offre et une expertise privée, ou encore sur «la faiblesse du prix convenu».

Comment le ministre des Finances a-t-il pu ignorer ces signaux répétés et concordants constitués par ces notes émises par le directeur technique et commercial de l’Office national des forêts, le directeur général des Finances publiques et le président de la commission pour la transparence des transactions immobilières de l’Etat ?

D’autant que deux évaluations antérieures, avaient semble-t-il abouti à un montant bien supérieur aux 2,5 millions d’euros pour lesquels l’affaire s’est conclue; en effet, l’hypothèse basse aurait estimé la valeur de l’hippodrome dans une fourchette située entre 11,4 et 19,9 millions d’euros, et la haute à 25 millions, soit dix fois plus que le prix finalement arrêté au moment de la vente.
En outre, le parquet de la Cour de cassation aurait relevé que la vente d’une parcelle de forêt domaniale de ce type ne pouvait se faire qu’en vertu d’une loi.

D’étonnantes et graves anomalies entacheraient-elles cette transaction ?

De plus, selon une brève de Médiapart, le principal bénéficiaire, Antoine Gilibert, serait grand électeur et donc amené à voter lors des prochaines sénatoriales, auxquelles se présente le Sénateur-maire de Compiègne Philippe Marini. Il est également ancien directeur de cabinet d’Eric Woerth …

Entendu en mai dernier en qualité de témoin assisté dans le cadre d’une procédure de la Cour de Justice de la République, ouverte pour prise illégale d’intérêts, l’ancien ministre nie farouchement, rejetant paraît-il la décision sur les services du Premier ministre.

Voilà une nouvelle occasion pour Anticor de réclamer un resserrement des contrôles des deniers publics, un durcissement de la législation en matière de déclaration et de répression des conflits d’intérêts, et des dispositifs de protection pour les fonctionnaires faisant leur travail normal de lanceurs d’alertes.

Médiapart – « Hippodrome de Compiègne : petits services entre amis »

Anticor

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