vendredi 12 août 2011

Lorsqu’on veut noyer son chien...

Sylvie Simon

Alors que l’affaire d’E.Coli emplissait les journaux, télévisés ou non, les produits bio ont été mis sur la sellette, particulièrement les concombres et les tomates, puis ce fut le tour des graines de soja germées, comme étant contaminées par des souches virulentes, et donc responsables des nombreuses hospitalisations signalées.

Pour confirmer ces déclarations, le 27 juin dernier, deux directeurs de recherche du CNRS n’ont pas hésité à publier une tribune dans le journal Libération prétendant que le Centre de contrôle des maladies infectieuses d’Atlanta (Center for Disease Control d’Atlanta) aurait réalisé une étude en 1996 liant un tiers des 250 décès dus à une souche pathogène d’E.Coli à la consommation de produits biologiques, alors qu’ils ne représentaient à l’époque que 1 % des aliments consommés aux États-Unis. Et nos deux scientifiques français de conclure : « Il est donc indéniable que les mérites de l’agriculture biologique s’accompagnent inévitablement de risques alimentaires spécifiques ».

Comme l’a dénoncé François Veillerette, Porte parole de Générations Futures : « Alors que les consommateurs plébiscitent les produits bio, les adversaires de l’écologie et de l’agriculture biologique essayent par tous les moyens de décrédibiliser la bio depuis de longs mois. Les accusations de chercheurs publics reposant sur des rumeurs sont inacceptables. Elles doivent être démenties immédiatement et publiquement. » Officiellement, aucune déclaration n’a éclairci l’affaire, bien que nombre d’entre nous pensent que cette banale bactérie a muté avec les risques que cela entraîne, mais tout est rentré dans l’ordre et d’autres sujets de préoccupations sont passés à la Une des journaux.

Toutefois il est primordial de ne pas laisser persister un doute qui peut détourner les consommateurs d’une nourriture plus saine que celle qui est produite par la culture intensive et Générations Futures (GF) et la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) ont saisi l’occasion de révéler que cette assertion repose sur... une étude qui n’existe pas ! Comme on le dit bien dans le langage d’Internet, c’est un « hoax », qui n’a pas été signalé par hoaxbuster.

Cette soi-disant étude est entièrement « bidon ». L’un des chercheurs du CNRS responsable de l’accusation publiée dans le journal Libération n’a pas été capable de donner de référence pour cette supposée étude américaine, il s’est contenté de dire qu’elle serait tirée d’un livre d’Alan McHughen, un scientifique canadien auteur de deux ouvrages. Le problème est que ce McHughen n’a fait que reprendre les dires d’un certain Dennis T. Avery qui colporte depuis des années une rumeur selon laquelle le Center for Disease Control d’Atlanta aurait réalisé en 1996 une étude comparative bio vs conventionnel montrant que les personnes mangeant des aliments bio ont beaucoup plus de risque d’être infectés par E.coli. Or, Dennis T. Avery travaille pour l’Hudson Institute, un think-tank conservateur qui consacre une énergie considérable à dénigrer l’agriculture biologique. Cela n’a pas besoin de commentaire, puisque l’Hudson Institute a reçu des fonds de Monsanto, Syngenta, Dow Agroscience, Dupont et compagnies.

« La FNAB estime que les propos tenus par les deux scientifiques du CNRS sur les aliments bio sans référence scientifique portent atteinte à la fois à la filière agriculture biologique et à la crédibilité du CNRS. Elle se réserve le droit d’agir en conséquence. » ajoute Dominique Marion, Président de la FNAB.

Espérons que la Fédération obtiendra des dommages-intérêts conséquents, ne serait-ce que pour empêcher les lobbies de répandre n’importe quelle insanité sous le prétexte d’en tirer profit.

Sylvie Simon

enviro2b.com / lobbywatch.org / sourcewatch.org / en.wikipedia.org

Altermonde-Sans-Frontière

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