mercredi 15 août 2012

L’ attachement, cet ennemi mortel des amours humaines…

Camille Loty Malebranche                     

Aimer vraiment l’autre, c’est lui rendre tous les tributs de l’Amour profond dans l’ici et le maintenant sans rien projeter sur le demain. C’est savoir tout donner et tout recevoir dans l’instant sans rien espérer du lendemain. Seul l’AMOUR de DIEU est présent et éternité; actualité et espérance parce qu’eschatologique. L’amour de l’être bien-aimé, quelque puissant, quelque passionné qu’il puisse être, court à la déception et à la souffrance des déconvenues, s’il s’avise de s’attacher à lui (ou  elle) qui n’est qu’un être humain dont la nature est en évolution et donc porteuse d’une conscience changeante ! Conscience changeante qui rend donc le cœur amovible, irréductible à toute fixité ou permanence!
 
Voilà pourquoi l’attachement, hormis à DIEU, l’Immuable, est une aberration qui rend l’Amour de l’autre risqué et dangereusement traumatisant à terme.
 
L’attachement, dans les amours humaines, est probable illusion au présent et sans doute porte ouverte à de mortelles désillusions possibles dans l’avenir.
 
L’attachement, parce qu'il veut imaginer le permanent dans l'impermanence sentimentale qui caractérise l'être humain, est le premier pas indolent vers la haine future de celui ou de celle qui est aujourd’hui aimé(e) et chéri(e), porté(e) au pinacle dans la cinglante démesure qu'est l'oubli de l'évolutivité de la conscience, l'abstraction délirante qu'il fait de l'amovibilité du cœur!
 
Naturellement, notre propos ne signifie guère que la fidélité soit impossible ni qu’un amour à vie avec la même personne soit suprahumain, nous précisons tout simplement que le détachement, à travers un amour réaliste, immédiat et actuel, constitue la seule modalité protectrice du cœur aimant, l'unique voie viable du sentiment d’amour entre êtres humains, partenaires sentimentaux. Notre vision dit qu’il faille aimer totalement sans réserve mais aussi sans attachement car ma fidélité ne garantit point celle de l’être aimé. Et rien n’est plus irritant, plus enrageant avec son flot de colère destructrice et autodestructrice que de découvrir qu’on a été le marchepied des infidélités de l’autre qui se payait la tête de notre amour et se jouait de notre cœur.  Arriver au détachement en plein Amour,  nécessite un travail sur soi, requiert un dépassement de soi qui doit se construire. Il importe de savoir vraiment aimer sans confondre le fait d’aimer à celui de s’attacher à ce qui est et demain, peut ne pas être.
 
C’est pourquoi, je dis qu’il faille vivre l’Amour, le Grand, à chaque interaction avec l'autre incarnant l’être bien-aimé, et laisser faire l’évolution naturelle des choses. Sans jamais s’illusionner d’un lendemain nécessaire. Le lendemain du sentiment, de tout sentiment, surtout de l’Amour et de l’amoureux, est toujours contingent, jamais nécessaire...
 
Remarquez que l'impermanence de la conscience sentimentale évoquée, signifie précisément évolution de la conscience qui n'est pas statique, vu le changement permanent du rapport et de l'effet que l'individu éprouve face aux êtres et situations. Toutefois, plus une conscience est mûre, moins elle change de sentiment, moins son éprouvement sentimental des êtres et sitiations, est ballotté par des effets venus de l'extérieur. Non pas que la conscience en général et sentimentale en particulier cesse d'évoluer et d'être impermanente, mais que ses choix sont murement pesés et que son évolution, au lieu de les délaisser, les renouvelle.
 
L'impermanence conscientielle et sentimentale est donc soit renouvellement soit délaissement des amours, des haines, des passions...
 
Mûre ou pas, la conscience sentimentale comme rapport à l'être bien-aimé, est toujours sujette à un possible délaissement car l'autre dans sa propre évolution peut ne plus répondre à mon éprouvement de départ et donc devenu inqualifiable à mon élection, mon renouvellement du choix. 
 
Camille Loty Malebranche

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