lundi 6 août 2012

Vote en Assemblée générale sur la Syrie : Monde devenu unipolaire - et fou

Rick Rozoff

Le 3 août, l'Assemblée générale des Nations Unies a voté une résolution écrite par l'Arabie Saoudite condamnant le gouvernement de la Syrie pour la prépondérance sinon toute la violence dans le pays et la Russie et la Chine pour ne pas concéder aux demandes des monarchies de l'Ouest et du Golfe Persique pour un « changement de régime » à Damas.

Dans une démonstration irréfutable de la façon dont les États-Unis et leurs alliés sont arrivés à dominer les affaires du monde dans l'ère de l'après- guerre froide, le vote a été 133 pour, 12 contre et 31 abstentions.

Les 12 pays qui ont voté contre la résolution légèrement révisée – les références à la démission du Président Bashar al-Assad de son poste et les nouvelles sanctions contre sa nation ont été retirées - ont toutes été des nations qui sont déjà ou pourraient bientôt être les cibles d'un lot de changement de régime comparable : insurrection armée interne soutenue depuis l'étranger, divers scénarios de « révolution de couleur », sanctions sévères et embargos strictement motivés politiquement, menaces militaires à leurs frontières ou venant de porte-avions occidentaux au large de leurs côtes, interdictions de voyage et saisie des actifs financiers à l'étranger, et implacable guerre de l'information menée par presque tous les médias occidentaux sans rivaux
Ces 12 nations sont Russie, Chine, Syrie, Iran, Bélarus, Bolivie, Cuba, Myanmar, Nicaragua, Corée du Nord, Venezuela et Zimbabwe.
Lors d'un vote semblable de l'Assemblée Générale en février, l'Équateur a voté contre la résolution anti-syrienne et Myanmar ne l'a pas fait.

Les 31nations qui se sont abstenues lors du récent vote sont coupables de lâcheté et d'une absence flagrante de principe. Bon nombre des 133 qui ont voté en faveur de la résolution trouveront que, loin d'obtenir un sursis à devenir la prochaine Syrie, ils peuvent avoir accéléré leur propre disparition en endossant un précédent qui ne prendra pas fin avec la Syrie. La Syrie n'a fait aucune démarche pour s'opposer à la guerre contre la Libye menée par les États-Unis, l'OTAN et leurs alliés du Golfe Persique l'an dernier et elle est maintenant devenue la prochaine Libye.

Le long des lignes de la fable d' Ésope, les nations du monde feront comme le chat ou seront dévorées par lui. une par une.

Avant le vote des Nations Unies, Voix de la Russie a mené une interview avec Vyacheslav Matuzov, un ancien diplomate et expert reconnu russe pour les affaires du Moyen-Orient, dans laquelle il a dit à ce sujet :

« Je pense qu'après l'écrasement de l'Union Soviétique, les États-Unis ont oublié tout ce qui est du droit international, des résolutions du Conseil de sécurité, de toute légitimité au sujet de leurs actions. Nous avons vu ces choses au Kosovo, nous avons vu ces choses en Bosnie, en Irak, en Afghanistan et dans de nombreux autres endroits dans le monde. Je pense que maintenant les États-Unis font montre d'une approche unipolaire à la solution de tous les sujets d'actualité dans le monde. Je pense que c'est la continuation d'un jeu géopolitique américain visant à imposer au monde leur volonté en tant que juge suprême pour tous les problèmes et questions existant dans notre monde. »

« Les Américains regardent la position de la Russie et de la Chine comme une confrontation. Donc, c'est attaquer non seulement le régime syrien, c'est attaquer la loi internationale, c'est imposer à la Russie et la Chine de nouvelles règles de l'ordre du monde qu'ils préfèrent être dominant au XXIème siècle en ce qui concerne la Fédération de Russie, de la République Chinoise, et le monde entier. Je pense que nous assistons à nouveaux efforts de l'administration U.S pour imposer au monde le nouvel ordre d'une puissance qui puisse dominer et donner des ordres aux autres états ».

La résolution en question contient les mots « déplorant l'échec du Conseil de sécurité, » ce qui est une référence aux triples vetos en commun sans précédent exercés par la Russie et la Chine au Conseil de sécurité contre les résolutions visant la Syrie en octobre dernier et en février et juillet de cette année.

Elle exige aussi de faire « une transition politique inclusive menée par la Syrie à un système politique démocratique et pluraliste. » Ceci ressort d'un projet rédigé par l'Arabie Saoudite.

L'Ambassadeur syrien à l'ONU Bachar Ja'afari dénonce à juste titre des principaux sponsors de la résolution, l'Arabie Saoudite, le Qatar et Bahreïn, comme des « oligarchies despotiques. »

Après le vote, l'Ambassadeur russe aux Nations Unies Vitaly Churkin a été également franc, avertissant que cela « va aggraver l'approche conflictuelle à la résolution de la crise syrienne et ne facilitera en aucune façon l'avancée des parties vers une plate-forme de dialogue et la recherche d'un règlement pacifique de la crise dans l'intérêt du peuple syrien ».

Il a également dit que la résolution « est extrêmement partiale et a été écrite comme si il n'y n'avait aucun opposition armée, » ajoutant que « à un moment où le Conseil de sécurité est encore train de traiter cette question, il est inapproprié et contraire à la Charte des Nations Unies de soumettre au vote une résolution sur cette question. »

De l'autre côté de l'allée, des commentaires ont été faits par l'ambassadeur israélien à l'ONU, Ron Prosor, qui valent la peine de citer longuement au profit des populations des états arabes, cités comme défenseurs progressistes de la « révolution syrienne » dans l'Occident et dans le monde dans son ensemble.

Le responsable israélien a condamné la « machine à tuer Assad » et a clamé « le Conseil de la Terreur d'Assad continue d'opérer sans pitié à Damas. »

Encore une fois pour toute personne qui croit que le vote de l'Assemblée Générale et de ses prédécesseurs à l'Assemblée générale, au Conseil de sécurité et au Conseil des droits de l'homme sont visés exclusivement - ou même principalement - en Syrie, il a ajouté la prétention absurde que « au Conseil consultatif d'Assad siègent Ahmadinejad et Nasrallah, qui lui donnent des conseils sur la façon de massacrer le peuple syrien plus efficacement, » dans des allusions au président iranien et au leader du Hezbollah. Ses accusations comprenaient également ceci: « les forces externes qui ont contribué au massacre en Syrie parlent avec un accent persan. »

Et il continue à tempêter, « il est temps que la communauté internationale tienne tous les trois membres de ce « trio de terreur » responsables de leurs crimes. »

La résolution a également appelé à la sécurisation, peut-être la confiscation, des armes chimiques et biologiques de la Syrie. L'émissaire israélien a déclaré à l'égard de cette demande: « Nous ne devrions pas prétendre qu'un régime qui coupe la gorge des enfants aujourd'hui n'est pas préparé à les gazer demain. »

Les 133 partisans de la résolution ont non seulement désigné le gouvernement syrien pour la violence dans le pays, mais ce faisant ils ont blanchi à la chaux non seulement les crimes des rebelles armés à l'étranger, mais ceux d'Israël, de l'Arabie Saoudite, des États-Unis et leurs alliés de l'OTAN qui, en outre, tuent des milliers de personnes non pas sur leur propre territoire, mais sur ceux des autres nations.

L'attention a été déviée des décennies de violence non résolue et d'injustice depuis la Palestine jusqu'au Sahara occidental pour dépeindre le gouvernement syrien, dans les tonalités de plus en plus hystériques et belliqueuses, comme l'ultime "bête noire" du monde afin d'ouvrir la voie pour que l'Iran remplisse le rôle suivant et, encore plus alarmant, comme l'étape plus grave vers plus de défi et de confrontation avec la Russie et la Chine. 

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