« Qu'y-a-t-il sous les bruits de bottes qui commencent à se faire entendre au Mali ? », interroge Mireille Fanon-Mendès-France. [1]
Pour elle, il ne fait aucun doute que les menaces d’intervention
américano-françaises s’inscrivent dans la stratégie occidentale visant à
contrer la progression globale de la Chine dans la grande guerre pour
les ressources de la planète, particulièrement en Afrique.
Pour atteindre leurs objectifs, les puissances impérialistes
s’emploient à profiter de la déliquescence de certains Etats africains
pour réintroduire une présence militaire camouflée derrière des armées
locales défaillantes.
Les
Etats-Unis, conscients que la France, ex-puissance coloniale de l’Ouest
africain, n’est plus en capacité de soutenir et de protéger les
multinationales occidentales, ont, depuis maintenant six ans, commencé à
étoffer leur présence militaire en implantant des bases de l'US Africa
Command (Africom), actuellement sous le commandement du général Carter Ham. [2]
Au Mali, les militaires américains ont mis en place des programmes de
formation à l’intention de quelque 6.000 soldats de l’armée nationale.
Parallèlement, ils ont mis en oeuvre un dispositif de renseignements et de surveillance codé Creek Sand
[3] tandis que des éléments des forces spéciales s'investissaient
secrètement dans des actions de contre-terrorisme visant officieusement
Aqmi. [4]
L’étape actuelle consiste à préparer l’opinion publique
internationale à une intervention militaire au nord Mali au nom de lutte
contre le terrorisme.
Hollande, en première ligne dans ce travail de « communication », a
déclaré qu’une intervention était nécessaire pour « éradiquer le
terrorisme dans l’intérêt de ce pays, de l’Afrique et de la stabilité du
monde ».
Ce qu’il dissimule c’est que les organisations islamistes ne
disposent de bases au Sahel que parce que leur présence a été favorisée -
notamment par les Saoudiens et les Qataris - pour servir les intérêts
des Occidentaux et particulièrement ceux des Américains.
La lutte contre le terrorisme ne sert qu’à justifier la mise sous tutelle du Mali
et à faire main basse sur les ressources naturelles de cette région du
monde (notamment des mines d'uranium) dont les multinationales
occidentales veulent s’arroger le monopole.
Bien sûr, nombre de Maliens souhaitent, eux aussi, la fin de la
présence des islamistes et de leurs exactions mais, pour autant, ils
n’acceptent pas que leur ancien ou futur colonisateur vienne leur dire
ce qui est bon pour eux, au nom de la démocratie ou de la lutte contre
le terrorisme.
[1] Mireille Fanon-Mendès-France, présidente de la Fondation Frantz
Fanon, a été nommée membre du Groupe de travail d’experts sur les
personnes d’ascendance africaine par le Conseil des Droits de l’Homme
des Nations Unies (1er Mai 2010).
Cet article utilise comme source un de ses articles publiés le 5/11/2012 : http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/?p=...
[2] Selon The Washington Post, une douzaine de bases américaines ont été implantées en Afrique depuis 2007 : http://www.washingtonpost.com/world/national-security/us-...
[3] L'opération Creek Sand utilise comme plate-forme deux
aéronefs Pilatus PC-12/47 basés sur l’aéroport international de
Ouagadougou au Burkina Fasso. Ceux-ci sont équipés de dispositifs vidéo
électro-optiques et infrarouges, télémètre laser, radar, etc.
[4] Des commandos d'élite du 19th Special Forces Group, basé en Utah, ont été envoyés au Mali en mars 2012 : http://www.usnews.com/news/blogs/dotmil/2012/03/23/pentag...
Photo : Soldat américain des forces spéciales supervisant l'entraînement de soldats maliens
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