Dans la solidarité internationaliste qui nous anime, nous avons
décidé de parler de notre grand camarade, le révolutionnaire palestinien, Ahmad
SA’ADAT, digne successeur de Georges HABACHE.
Pour défendre un homme ou une femme, une cause…il faut connaître son histoire
ainsi que les valeurs qu’il défend. Nous connaissons celle des FARL avec Georges
Ibrahim Abdallah, celle des BP avec Mumia Abu Jamal, comme nous connaissions les
histoires des militants d’AD, des BR, de la RAF, de l’IRA, de l’ETA, du PKK, du
FPLP… ou de l’ANC avec Nelson Mandela… Aucun n’a combattu pour ses propres
intérêts personnels, qu’ils soient politiques ou financiers, mais tous ont
combattu pour la liberté et la souveraineté de leur Peuple exploité, colonisé,
martyrisé, assassiné… pour des raisons politiques et financières.
Aussi dans cette période trouble où tout est entrepris pour réviser et nier
l’histoire, où tout est mis en œuvre pour faire abstraction des réalités qui ont
jonchées le parcours de nombreux combattants politiques progressistes et souvent
communistes, notre tâche est aussi de réveiller la mémoire du camp
internationaliste, pour justement combattre le nationalisme et le chauvinisme
qui sont des préceptes bourgeois pour la domination de classe.
Notre fonction est autant de réveiller notre camp, celui des travailleurs,
face à la brutalité du camp d’en face, celui de l’ennemi capitaliste et des
nihilistes, que de rappeler à la mémoire, dans un moment où il est facile
d’oublier au prétexte d’une situation catastrophique des économies mais aussi
des consciences collectives de classe, que des camarades sont enfermés - au
prétexte d’actes violents dans des guerres qui n’en portent pas le nom, contre
l’occupant - pour museler la voix des peuples et leurs droits de disposer
d’eux-mêmes, c’est la cas d’Ahmad Sa’adat, le combattant palestinien.
Mais museler la voix des peuples, c’est bien museler la voix des travailleurs
qui sont les forces des peuples, et actuellement force est de constater que
l’agression contre des camarades, dans les syndicats mais aussi dans la
politique, est de plus en plus visible et de plus en plus violente… ce qui
aboutira plus ou moins rapidement à une forme de résistance, voire d’offensive,
plus radicale de celles et ceux qui, d’une part sont attaqués et réprimés, de
l’autre bafoués et humiliés… la ligne peut rapidement être franchise quand
l’espérance démocratique s’éloigne.
« Je salue le peuple palestinien et sa lutte et je suis totalement
convaincu que ce peuple atteindra ses objectifs de libération… notre vie, notre
tâche, et notre lutte continuent. Où que je sois, je continuerai la
lutte ». Voilà les paroles de notre camarade Ahmad Sa’adat,
Secrétaire Général du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) et
député du parlement palestinien, qui est détenu depuis avril 2002, d’abord par
les palestiniens eux-mêmes, puis par Israël après avoir été kidnappé par un
commando sioniste le 14 mars 2006.
Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que notre camarade Sa’adat a servi de
monnaie d’échange suite à l’attaque israélienne en 2002, de la Mouqata, siège de
l’OLP, située à Ramallah. Ahmad Sa’adat, dont peu parle aujourd’hui, était
l’ennemi de la politique de compromission (sous influence étasunienne) distillée
par le Fatah (d’Arafat et d’Abu Mazen), mais aussi l’un des plus importants
ennemis des sionistes d’Israël et de ses faucons colonialistes, tant sa
popularité au sein des masses palestiniennes était forte, et tant sa voix était
entendue.
Accusé par Israël d’avoir fait éliminer en 2001, le ministre (du tourisme)
d’extrême-droite Zeevi, en réponse à l’assassinat par les israéliens d’Abu Ali
Mustafa, dirigeant du FPLP, Ahmad Sa’adat a comparu en avril 2002 dans un procès
mascarade à l’intérieur même de la Mouqata, alors assiégée par l’armée sioniste.
En fait pour l’OLP et notamment pour le Fatah, il s’agissait de se plier aux
exigences du 1er Ministre et assassin israélien, Ariel Sharon qui criait à la
vengeance et exigeait la tête d’Ahmad Sa’adat.
Condamné en 2002 par la Haute Cour palestinienne (pour donc : avoir ordonné
l’élimination d’un dangereux ennemi des palestiniens), ses conditions de
détention sont dignes d’un polar de science-fiction. Il est gardé, avec 5 autres
détenus condamnés lors du procès, par des policiers palestiniens, qui eux-mêmes
sont surveillés depuis les toits avoisinants par des soldats étasuniens et
britanniques, dans des locaux truffés de micros et de systèmes de brouillage des
communications, avec comme prétexte sa « protection ».
En mars 2006, après un bombardement par l’aviation israélienne, de la prison
de Jéricho, où il est enfermé, Ahmad Sa’adat est kidnappé avec 300 autres
détenus : l’ensemble des geôliers qu’ils soient palestiniens, étasuniens ou
britanniques, ayant subitement disparu 10mn avant le début du raid.
Il y a aura donc 11 ans en avril 2013 que le Secrétaire Général du FPLP est
en prison pour l’élimination d’un fasciste israélien pour voulait détruire le
peuple palestinien avec une bombe atomique, idée reprise par son alter-égo
Libermann (aujourd’hui en prison lui-même pour corruption) lors de la 1ère
guerre de Gaza.
En novembre 2004, Yasser Arafat meurt mais ce n’est peut-être que dans les
prochains mois de cette année 2013 que nous connaîtrons les véritables raisons
de son décès après son hospitalisation dans un hôpital parisien (ce fait est
important). Quant à Ahmad Sa’adat, il reste emprisonné, depuis donc 2 ans, dans
sa fantoche prison de Jéricho sous protection onusienne, alors que quelques mois
plus tôt, la Haute Cour palestinienne avait ordonné sa libération.
Cette situation fera dire à Ahmad Sa’adat en décembre 2004 : « Ce
n’est pas la première fois qu’une décision de la Haute cour n’est pas appliquée,
il y a des dizaines d’autres décisions qui n’ont jamais été appliquées. Une
partie des obligations « sécuritaires » de l’Autorité palestinienne est de se
plier aux exigences des Américains US et des Israéliens. C’est pour cela que
nous restons ici, détenus en otages, comme gages de la bonne volonté de
l’Autorité palestinienne »
Fin 2004, le FPLP décide, dans un but d’unification des forces politiques de
progrès, de ne pas présenter de candidat aux élections. Il s’agit aussi pour le
FPLP de contester l’Autorité Palestinienne issue des accords d’Oslo. Mais le
FDLP (Front démocratique de libération du peuple) et le PPP (Parti Communiste
palestinien mais révisionniste), qui sont des partis de gauche, présentèrent des
candidats dans le dos du FPLP qui avait demandé des candidatures uniques de la
gauche sur la base d’un programme réellement de gauche.
Le FDLP, partisan de la « feuille de route » signée à Oslo et le PPP,
partisan de la «ligne ligue arabe» refusèrent donc cette forme de Front de
Gauche avec le FPLP, notamment sur la question du droit au retour des réfugiés.
En effet, le FDLP et le PPP soutenaient en coulisse la position du Fatah, donc
les accords d’Oslo dont la conception même détruisait le principe du droit au
retour de la diaspora par l’introduction de quotas qui donnaient à Israël le
pouvoir pour accepter ou non, le retour des réfugiés.
Le FPLP considérait aussi qu’il était déjà inacceptable de participer à des
élections sous la présence des forces d’occupation. De plus le FPLP souhaitait,
toujours suite aux accords d’Oslo, le recours à des élections globales pour
renouveler toutes les institutions : de l’Autorité Palestinienne, au Conseil
Législatif palestinien, en passant par les élections municipales.
Ce qui faisait dire au FPLP : « La séparation dans le temps des élections
présidentielles et des législatives nous fait douter qu’il s’agisse d’un pas
vers la démocratie. Ces élections devraient être aussi un moyen de lutter contre
l’occupation, un mécanisme pour le droit à l’auto détermination. Israël et les
USA prétendent nous imposer un changement démocratique qui correspond uniquement
à leurs besoins et nous refusent le droit à l’autodétermination »
Avec le refus sectaire du FDLP et du PPP de faire front commun de gauche avec
le FPLP, celui-ci choisira de soutenir la candidature de Mustapha Barghouti,
candidat à l’élection présidentielle, c’est un médecin reconnu et il est le
frère de Marwan Barghouti, dirigeant du Fatah, incarcéré dans un quartier de
haute sécurité en Israël depuis 2002. Même si Marwan n’est pas Abou Mazen, il
reste quand même un représentant de la petite bourgeoisie palestinienne.
Mustapha Barghouti n’étant ni marxiste ni révolutionnaire, le FPLP aurait
certainement préféré une candidature moins libérale et plus anticapitaliste.
Mais comme Ahmad Sa’adat le soulignait « c’est un homme
intelligent, honnête, Président du PRMS, la plus grande ONG médicale
Palestinienne (il fût d’ailleurs nominé pour le prix Nobel de la Paix), et il a
accepté les points principaux du programme FPLP à savoir : le droit au retour,
l’autodétermination et le soutien sous toutes ses formes à la résistance
palestinienne »
C’est ainsi que l’on peut déduire sans trop se tromper : 1) que le refus de
libération d’Ahmad Sa’adat, rendue possible entre 2004 et 2006 suite à
l’ordonnance de la Haute Cour Palestinienne, a permis à l’armée sioniste de le
kidnapper puis de le transférer dans une prison politique en Israël en mars 2006
- 2) qu’il s’agit d’une vengeance du Fatah et en particulier de Mahmoud Abbas
(Abu Mazem étant son nom de guerre) l’actuel Président de l’Autorité
Palestinienne et ancien 1er Ministre de Yasser Arafat, par sa filiation
sournoise et bourgeoise avec les USA.
Ahmad Sa’adat a donc subi une cabale organisée par la bourgeoisie
palestinienne pour satisfaire leurs intérêts et ceux des impérialistes. C’est
bien la démonstration par les faits que la bourgeoisie n’a de patrie que pour
défendre ses propres intérêts et que seuls les prolétaires et la classe
populaire sont les vrais patriotes pour face à un ennemi.
Les cahiers communistes du « Comité de Base » : comibase@gmail.com
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n°31/04-02-2013
Cellule Ouvrière du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais

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