samedi 4 mai 2013

S’habiller de la peau des autres

tgb

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Le pas cher finit toujours par coûter la peau du cul.

Exemple : un futal à 10 euros chez Carrouf, peut coûter la coquette somme de 500 morts et 1000 blessés au Bengladesh.
Somme modique certes pour quelque distributeur jouant de la réduction des coûts et de la marge arrière, mais assez onéreux en termes d’image.
Qu’après il faut gérer la crise, douiller du communicant, tartiner de l’humanitaire et de la charte éthique, se ripoliner la marque par de la charité.
Heureusement ça passe…derrière les gravats, les affaires continuent. Le consommateur à caddy n’ayant guère de mémoire, the business must go on !
Il en va de la fringue comme du plat cuisiné de cheval, comme du Fukushima discount, comme de tout low coast qui ne se respecte pas, ça rogne forcément sur la qualité, la sécurité, l’écologie et le social, bref toutes ces broutilles qui font la pérennité d’une civilisation.
À toujours tirer sur les prix - l’esclavagisme libre et non faussé ou le camp de travail étant l’aboutissement naturel du « dumping » social - y’a forcément quelqu’un qui raque à la fin, au bout du bout de la grande chaîne de la sous sous sous-traitance et forcément quelqu’un qui en palpe aussi.

Evidemment quand on exalte le « modèle allemand » et ses mini jobs à 4€ de l'heure, on ne laisse guère d’autre choix au crève la dalle que de s’habiller avec la peau de l’autre. Un plus crève la dalle que soi.
La pauvreté se nourrissant de la misère et vice versa.
Il participe ainsi, conscient ou pas à la spirale morbide du nivellement par le bas, de la paupérisation, du cercle vicieux préparant à la dèche mondialisée et au chaos.
Dans une de ces fulgurances obscènes dont il nous accable et que nous avons l’amabilité en général de ne pas lui resservir, vu que personne ne lit ses bouquins qu’il n’écrit d’ailleurs pas, Jacques Attali expert visionnaire déclare en sa lucide suffisance :
- Nous avons trop de pouvoir d’achat !
Apprécions ce « nous » sans doute de majesté et répondons lâchement par le truchement de l’excellent Emmanuel Todd :
« La notion d'austérité est véhiculée par des pourris, des gens qui ne sont pas nets…Toute personne qui prône l'austérité devrait faire l'objet d'une enquête de moralité »

Oui, si ce monde possédait encore une once de décence un zest de justice, c’est par exemple, monsieur Jacques le pontifiant, qui irait ramasser les cadavres à la pelle des femmes et des gosses ensevelis à Dacca, ces pertes et profits de la compétitivité létale et du grand capital à la mouise enrichie.

N’empêche, nous avons aussi notre part de responsabilité. Même avec moins d’argent, surtout avec moins d’argent, nous avons la responsabilité d’acheter moins, d’acheter mieux, d’acheter nécessaire et durable et aussi paradoxal que cela est, d’acheter le juste prix.
C’est le seul prix à payer.

tgb

rue-affre

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