Depuis la fin de l'URSS, les Américains ont fini par croire à leur propre
propagande, et à la fin de l'histoire, cette situation nouvelle les plaçant en
position de superpuissance invincible, capable de dicter ses quatre volontés au
reste du monde. La crise syrienne marquerait-elle la fin de la toute-puissance
américaine ?
Avec l'agenda révélé par le général Wesley
Clark après le 11 septembre 2001 et la volonté affirmée de régner sur tout le
moyen-orient, on savait déjà que les entités qui dirigent l'état profond
américain pensaient tranquillement attaquer les pays les uns après les autres,
puis, après avoir coupé les Russes et les Chinois de leur approvisionnement en
pétrole, gaz et autres commodités, finiraient par les affaiblir et pourraient
ensuite devenir maîtres du monde !
Bien sûr, dans cet agenda idyllique, les Russes, les Chinois, les Iraniens,
et autres arriérés islamo-communistes, attendraient leur tour sans se douter de
rien.
Mais, pour la première fois les Américains ont reculé en Syrie. Ils avaient
annoncé des frappes jeudi dernier et il n'y a pas eu de frappes. Les frappes
sont reportées... Obama déclare maintenant avoir besoin de l'avis du congrès
pour prendre sa décision, avis dont il se moquait éperdument quelques jours plus
tôt. Alors que s'est-il passé ? Obama attend-il réellement un feu vert du
congrès pour faire pleuvoir un déluge de feu sur la Syrie ?
Pour comprendre ce qui se passe en ce moment il faut revenir sur les
guerres passées des US, et notamment l'Irak, qui en est un parfait exemple. La
stratégie des Américains était simple : on brouille les radars et les systèmes
de défense, ensuite on liquide les défenses anti-aériennes et les avions, et
ensuite on peut tranquillement déposer un tapis de bombes pour faire retomber
ces bloody bastards à l'âge de pierre dont ils n'auraient jamais dû
sortir.
Et de fait, si on regarde aujourd'hui la flotte américaine présente en
Méditerranée et en mer rouge que voit-on ? Des porte-avions, des destroyers, des
navires de débarquement. La stratégie de la canonnière en version modernisée :
on envoie les missiles et ensuite on bombarde jusqu'à ce qu'ils soient tous
morts.
Les Américains ne s'attaquent de fait qu'à des proies bien faibles
compte-tenu de leur pléthorique armada guerrière. Mais depuis la guerre du
Kosovo, puis l'Irak, puis la Lybie, les Russes, pour ne parler que d'eux, ont eu
le temps d'observer la stratégie de l'armée américaine et de se préparer à
l'affronter un jour. Pendant ce temps les néo-cons américains et leurs stratèges
de jeux vidéo pensaient que la Russie était tombée dans le néant. Il n'était
plus nécessaire de s'en occuper, il fallait continuer la bataille jusqu'à la
domination mondiale !
Bien sûr, après la débâcle de l'URSS, il n'était pas possible pour les
Russes de reconstituer une armée susceptible d'égaler l'armada US. Ainsi, si
l'on regarde superficiellement les forces en présence au large de la Syrie, on
peut se dire que les forces américaines sont largement supérieures en nombre et
en capacité destructrice.
Mais paradoxalement, cela aura été pour les Russes une chance, car cette
situation les a obligés à reconsidérer l'ensemble de leur armée, à l'aune des
progrès technologiques et de la guerre électronique, et d'en tirer toutes les
conséquences (en tout cas on peut le supposer).
Si l'on regarde dans le détail, les armées américaines projetées sur les
conflits extérieurs sont conçues pour raser un pays grâce à l'aviation après
avoir écrasé ses défenses par un tir nourri de missiles. Suivent ensuite les
troupes au sol pour passer le balai.
Nulle part on ne trouve dans cette armada des vaisseaux destinés à se
défendre ou à contre-attaquer face à une armée susceptible de causer des dégâts,
ou de seulement répondre à une attaque ! Le requin ne songe pas à se défendre,
car il n'a pas de prédateur.
Mais les Russes auront aussi sans doute tiré profit de l'épisode de la
guerre des Malouines, durant laquelle les Argentins, dont l'armée était faible
comparée à celle des Anglais, (guerre qu'ils ont d'ailleurs perdue contre les
Anglais), avaient néanmoins envoyé par le fond un croiseur de sa gracieuse
majesté à l'aide d'un simple missile Exocet français.
Si on regarde ce qui se passe en Syrie, on peut observer que la marine
russe présente, et le matériel militaire fourni par les Russes aux Syriens, a
été conçu spécifiquement, et ce depuis longtemps, pour contrer spécifiquement
les armes américaines, et couler les orgueilleux porte-avions et autres
destroyers de l'US Navy,. L'armée américaine est une armée impériale d'agression
et de destruction d'un pays, l'armée russe est une armée défensive destinée à
détruire la puissance américaine. C'est beaucoup moins onéreux, tout en étant
potentiellement très dangereux pour celui qui voudrait s'aventurer à ne pas la
prendre en considération.
Les Américains, ivres de victoires faciles (qui se transforment en défaites
sur le long terme mais c'est une autre histoire), se sont endormis sur leurs
lauriers, convaincus de leur invincibilité. Les dieux aveuglent ceux qu'ils
veulent perdre disaient les Grecs.
Mais depuis que les Américains veulent écraser la Syrie, ils ont un
problème : ils n'arrivent pas à localiser les radars syriens, dont la
destruction est le préalable à l'attaque. Une fois l'ennemi rendu aveugle, comme
en Irak, la messe est dite. Mais cette fois il y a un os. Et il est fort
probable qu'ayant eu tout le temps d'anticiper la répétition d'un scénario bien
huilé, l'armée syrienne ait confié le soin aux Iraniens et aux Russes d'être ses
yeux et ses oreilles. On en a eu la confirmation avec l'affaire des deux
missiles tirés en Méditerranée par les Américains, qui avaient précisément comme
objectif de tester les radars dont pouvait disposer la Syrie. Ce sont les Russes
qui ont signalé l'incident. Tout est dit.
Ainsi, difficile de commencer par bombarder une base militaire russe, ou
même iranienne, avant d'attaquer la Syrie. Dès lors, même face à un adversaire
plus faible, l'impossibilité d'aveugler l'ennemi rend une attaque beaucoup plus
dangereuse...
Mais tout cela ne serait rien si les Syriens n'étaient équipés du système
de défense aérienne russe S300, puis sans doute bientôt du S500, système de
défense aérienne réputé le plus avancé dans le monde, constitué de missiles
hypersoniques capables de prendre en charge 72 objectifs en mouvement
simultanément, qu'il s'agisse d'avions ou de missiles.
Les Syriens sont également équipés des missiles Iskander, conçus pour
détruire des batteries de missiles anti-missiles comme celles qui défendent
Israël.
Ils sont également équipés des missiles Yakhont, également considérés comme
le top de la technologie mondiale dans ce domaine, missiles hypersoniques
capables d'envoyer un navire de guerre par le fond, avec une portée de
170km.
Ils sont également équipés des torpilles hyper-véloces, etc. Rien dans
l'armada américaine n'est prévu pour arrêter ce type de missiles.
Mais comme la portée de ces missiles pouvait paraître insuffisante dans le
contexte, les Russes ont dépêché en Méditerranée le Moskva, un vaisseau
lance-missile (surnommé « tueur de porte-avions », ce qui en dit long sur sa
raison d'être), équipé de 16 tubes et de missiles anti-navires d'une portée de
700km. Ainsi, aucun navire américain ne peut s'approcher de la Syrie
suffisamment pour pouvoir l'attaquer sans risquer d'être coulé en l'espace de
quelques minutes.
Pour ces missiles hypersoniques qui croisent à plus de 4000km/h, sans
parade connue, l'orgueilleuse flotte américaine sur la Méditerranée n'est qu'un
tas de grosses citrouilles sur un stand de tir.
Et on peut imaginer l'hilarité générale que susciterait un scénario dans
lequel la flotte américaine (ou même une partie de celle-ci) serait envoyée par
le fond avec ses avions, missiles et équipages, avant d'avoir pu tirer un obus.
Nul doute que tous ceux qui ont des bonnes raisons de détester la politique
impériale américaine depuis des dizaines d'années (ça fait du monde)
tresseraient des couronnes à Assad, Poutine et même à l'Iran et au
Hezbollah.
Quoi qu'il puisse arriver maintenant, la Méditerranée est devenue un piège
mortel pour la flotte américaine, qui ne vaut sans doute guère plus maintenant,
à l'aune de la nouvelle donne des missiles russes, que son poids en kilos de
ferraille.
Même Israël, voisin de la Syrie et détenteur d'ogives nucléaires, ne peut
plus guère plastronner, car pour être crédible dans la menace, il faut encore
être capable de lancer ses missiles ou d'envoyer ses avions jusqu'à la cible,
or, rien ne dit que ce soit encore le cas.
On peut donc comprendre l'embarras d'Obama... Avant même que le premier
missile soit tiré, la situation est donc déjà bien compromise pour les USA, et
les Anglais, toujours pressés d'en découdre habituellement, sont déjà sortis du
jeu. Ainsi, la reculade d'Obama, et la manœuvre dilatoire qui consiste à faire
voter le congrès, masque de façon de plus en plus évidente une défaite en
rase-campagne, une fin de partie comme aux échecs, la spécialité des Russes
(j'ai écrit cet article il y a déjà quelques jours, les Russes ont de plus
l'amabilité de donner à Obama une occasion de sauver la face avec l'histoire de
la récupération des armes chimiques syriennes)
Quoi qu'il en soit les Américains ont déjà perdu. S'ils renoncent à leur
guerre, le monde entier comprendra qu'ils sont déchus de leur statut de
super-puissance unique. Les Américains n'ont pas d'amis, ils n'ont que des
vassaux. S'ils reculent devant l'écrasement de la Syrie, ceux qui auparavant les
craignaient n'auront plus que du mépris pour eux. Si la Russie redevient une
alternative à la domination américaine (quelles que soient par ailleurs les
préoccupations stratégiques ou les intentions de la Russie dans ce domaine), il
ne va plus être possible pour les Américains de régner par la menace et la
destruction sur le monde.
Forts de ce constat, si les Américains y vont malgré tout, ils risquent une
défaite humiliante et même l'écrasement de leur flotte en Méditerranée, sans
même parler des attaques dont leurs bases militaires pourraient faire l'objet
dans l'ensemble de la région. C'est également prendre le risque de
l'annihilation pure et simple de l'état d'Israël, qui serait en cas d'attaque la
première cible de la Syrie, mais aussi du Hezbollah et de l'Iran. Iran qu'on
nous caricature à l'envi comme un pays arriéré, mais qui a récemment détourné et
capturé (pas abattu, capturé, ce qui veut dire qu'ils en ont pris le contrôle)
un des drones « furtifs » les plus perfectionnés, orgueil de l'armée américaine,
ce qui montre que les Perses, habitués depuis longtemps à ne compter que sur
leurs propres technologies, peuvent également receler des capacités militaires
surprenantes, de nature peut-être à transformer une victoire présumée facile en
désastre.
Y aller c'est enfin le risque d'une 3ème guerre mondiale, dont personne ne
peut présager du résultat.
Le plus probable étant que cette guerre n'aura pas lieu, et que cette
reculade d'Obama deviendra le symbole de la chute finale des Etats-Unis. Le
moment où ils mirent un genou à terre.
Pour rester aux commandes de l'empire, Obama et ceux qui lui donnent des
ordres étaient condamnés à semer le chaos sur la terre pour alimenter la
gigantesque pyramide de Ponzi que représente leur économie en permanence au bord
de l'implosion, et de trouver des monceaux d'argent frais, que celui-ci
provienne de la bourse, de la vente d'armes, du pétrole ou de la drogue. Tout
faisait ventre pour ce Moloch monstrueux qui avait pour ambition de dévorer la
terre.
Mais on découvre avec Obama que les hommes politiques, à force de trahir
tout le monde, peuvent aussi trahir finalement ceux qui les ont financés, en
prenant pour une fois (par hasard ?) des décisions qui vont dans le sens du bien
public, même si ces décisions, ou ces non-décisions qui font tout de même acte
de décision, entraînent la destruction du système dont ils sont aux commandes,
comme jadis le fit Gorbatchev, déclenchant l'implosion de l'URSS devant le monde
incrédule.
Il n'est qu'à voir l'effarement de BHL et consorts devant la tournure des
évènements pour comprendre que l'histoire est probablement en train de prendre
un virage que personne n'avait prévu, et qui nous éloigne pour bien longtemps de
la menace d'une 3e guerre mondiale apocalyptique.
Quand la poussière sera retombée sur cette histoire, on s'apercevra
qu'Israël est un petit état entouré d'ennemis qui ne craignent plus la bombe
atomique israélienne, et que les Américains n'ont plus les moyens de les
sauver.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire