Merci, monsieur de La Fontaine de nous avoir donne des fables si plaisantes
et si proches de ce qu’il faut bien nous résigner à appeler la nature humaine.
Oui, proches de la nature humaine et donc de ses nombreuses faiblesses.
Une
constatation qui loin de nous rassurer et de nous inciter a tenter l’impossible,
ne fait que nous conduire à jeter, suivant les circonstances furtivement ou avec
arrogance, un voile pudique ou indécent sur les inévitables conneries que les
faibles comme les puissants ne manquent pas de commettre dans le feu de
l’action ; portés par l’irrésistible élan que suscite parfois une éphémère
réussite et où l’individu, forcement ordinaire, est saisi par un irrépressible
désir de gloire et par un culpabilisant mais grisant sentiment de puissance.
Sentiment de puissance qui, comme un fort élixir, fait oublier le toujours
instable support de l’équilibre, de l’ordre et de l’efficacité : la prudence.
Cette prudence qui, si souvent mal comprise puisque si souvent mal employée,
entrave l’action mais empêche bien des bêtises. Or les bêtises sont notre lot
commun puisque nous sommes tous, puissants ou faibles, des individus forcément
ordinaires et donc prévisibles. Prévisibles : cet état qui est nôtre est aussi,
je trouve, une excellente excuse qui nous permet de défausser sur d’autres la
responsabilité de résultats si souvent modestes auquel nous conduit
inévitablement notre ordinaire condition. Car n’est pas Mitterrand qui veut. Car
en haut de l’échelle on est pris de vertiges. Et les puissants oublient dans ces
instants où tout semble devenir possible, qu’ils sont avec nous parties du
commun et qu’ils sont prévisibles.
Si Hollande veut jouer avec les américains à qui perd gagne, il a fichtrement
intérêt à emporter des biscuits, ce que visiblement il a oublié de faire.
Lorsqu’on gesticule pour s’insérer dans la partie complexe qui se déroule au
proche orient en mimant les va t’en guerre, il faut éviter de froisser l’empire
en voulant lui ravir la vedette et se retrouver piégés comme des gamins trop
audacieux, dans une habile mais probable pirouette politique des grands, de ceux
qui ont les moyens, de ceux qui sont prêts à carboniser sans regrets toute la
région s’il le faut.
Ceux qui participent à cette sanglante séance de grand
guignol n’ont pas vraiment le choix. Entre ceux qui ont le dos au mur et ceux
qui voient dans cette crise leur meilleure chance de tout rafler et conforter
pour longtemps leur pouvoir sans partage, l’espace pour de géniales
improvisations est bien mince. Qu’est ce qu’on vient foutre dans cette fosse à
purin où au mieux on nous jettera un os a ronger si on est bien sages ? Le temps
du mandat franco-britannique pour la Syrie est bien loin et nous sommes hors jeu
depuis longtemps dans cette région. L’unique résultat politique obtenu jusqu’à
présent a été de montrer à l’opinion internationale nos insuffisances dans le
domaine militaire et la dégradation rapide de nos services diplomatiques ainsi
que les lacunes de nos services de renseignements. Bravo.
Après l’intervention
au Mali les français attendaient certainement mieux. On serait plus avisés de
porter nos efforts pour tenter de conserver nos positions en Afrique et nous
préparer à parer ce qui semble déjà s’y dessiner ; consolider et assoir notre
puissance politique et militaire dans une Europe en devenir ; tisser des liens
d’intérêts solides avec les pays émergents d’Amérique latine et avec le géant
Indien. Et puis les français n’en veulent pas de cette guerre : mais bien sûr
ils sont idiots et mal éduqués, donc leur avis est sans intérêt. Encore bravo.
Pour la politique intérieure, c’est tout bon : la gauche guerrière sans le sou à
la conquête du monde. Je pense qu’ils préfèreraient entendre parler nos
dirigeants d’une meilleure répartition de l’effort de reconstruction. Je dis
bien de reconstruction ; comme après une guerre.
Bon, comme rien n’est tout noir ou tout blanc en politique, le maréchal
Hollande qui sait battre en retraite sans perdre complètement la face et qui
sait aussi qu’il lui faut sauver ses troupes, saura certainement saisir les
occasions qui ne manqueront pas de se présenter dans cette partie qui est loin
d’être jouée. Dans un jeu de massacres où les enjeux sont bien plus importants
qu’ils ne paraissent et dont les conséquences du résultat final risquent de
peser lourdement et pendant longtemps sur nos sociétés d’individus forcement
ordinaires. Être ordinaires et prévisibles n’est pas forcement un désavantage. Être prévisible, c’est aussi être crédible.
Néanmoins, lorsqu’il est prévisible
des le début que le résultat de ce qui est entrepris sera pour la France de
paraitre aux yeux de l’opinion internationale comme une grenouille américaine,
nos dirigeants auraient pu éviter de la gonfler.
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