mercredi 18 septembre 2013

Tunisie : qu’y a-t-il de commun entre Ennahdha et Israël ?

Salah Horchani                             

1. Réponse
L’implantation effrénée de colonies par Israël en terre de Palestine relève de la même tactique que la nomination partisane et effrénée de hauts responsables islamistes par Ennahdha en terre de République civile, dans tous les rouages de l’économie et de l’État tunisiens ; avec, toutefois, une petite différence majeure : ces colonies sont, toujours, de petits joyaux architecturaux, alors que ces hauts responsables sont, généralement, de grands incompétents.

2. Remarque : ceux qui se ressemblent s’invitent !
Il convient de mentionner dans ce contexte que Rached Ghannouchi, le Président-fondateur du Parti islamiste tunisien au pouvoir Ennahdha, est très apprécié par le lobby israélien aux États-Unis d’Amérique, à tel point qu’il fut invité par le Washington Institute for Near East Policy à participer à une table ronde privée, et ce, le 30 novembre 2011, soit cinq semaines après l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante, une semaine après sa séance inaugurale, deux semaines avant l’élection du Président provisoire de la République et trois semaines avant la composition du gouvernement de Hamadi Jebali, largement dominé par les islamistes.

3. Qu’est-ce que c’est, le Washington Institute for Near East Policy ?
Le Washington Institute for Near East Policy (l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient) est un think-tank étasunien, qui se consacre aux intérêts des États-Unis au Proche-Orient. Il est considéré comme proche des intérêts israéliens [1] et fut fondé en 1985 par Martin Indyk, qui est aussi le fondateur de l’American Israël Public Affaire Committee, le lobby pro-israélien le plus puissant et le plus influent aux États-Unis dont les opinions « peuvent être décrites comme étant en conformité avec celles de Benyamin Nétanyahou et du Likoud » [1]. Il est, également, depuis le mois de juillet 2013, le nouvel émissaire étasunien pour le Proche-Orient.
Rached Ghannouchi semble être un hôte privilégié de Martin Indyk, puisqu’il a été invité, encore une fois, par ce dernier le 31 mai 2013 au Saban Center for Middle East Policy, dont le vice-président n’est autre que Martin Indyk, pour parler de l’avenir de la démocratie tunisienne [2]. Avant son intervention, Rached Ghannouchi a eu droit, cinq minutes durant, à une présentation élogieuse faite par Martin Indyk lui-même.

4. L’homme politique mangeant à tous les râteliers
Le problème n’est pas tant dans le fait que Rached Ghannouchi entretienne des relations privilégiées avec les hautes sphères du lobby pro-israélien américain, mais, plutôt, dans son double langage, ses volte-face et ses revirements, à l’image de l’homme politique mangeant à tous les râteliers :
- n’a-t-il pas traité les États-Unis d’Amérique de Grand Satan en 1989, en se rétractant plus tard, mais, malheureusement pour lui, il s’est fait épinglé, avec vidéo à l’appui ;
- n’ont-ils pas, lui et son parti, clamé, haut et fort, tous azimuts, leur refus éternel de la normalisation avec l’État d’Israël, jusqu’à demander l’inscription du dit refus dans la Constitution tunisienne en préparation, alors qu’il ne cesse de rassurer ses auditoires, à chacun de ses séjours aux États-Unis, qu’il n’y aura aucune clause dans ladite Constitution constitutionalisant ce refus ;
- n’a-t-il pas soutenu que c’est « l’entité sioniste » (sic) qui est derrière les manifestations anti-islamistes en Égypte et en Tunisie, ainsi que derrière les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, et ce, d’après lui, dans une tentative de déstabiliser les printemps arabes afin d’empêcher la « oumma de rejoindre le monde de la démocratie, de la modernité et de la liberté » [3].

Ah ! Mon Dieu ! Que de mensonges et de mauvaise foi dans ces arguments !

Salah Horchani

[1] http://www.lefigaro.fr/international/2013/07/29/01003-20130729ARTFIG00...
[2] Voir le lien ci-dessous où l’on trouve une vidéo de la conférence :
http://www.brookings.edu/events/2013/05/31-tunisia-democracy-ghannouch...
[3] http://www.economist.com/node/21541441
[4] https://www.facebook.com/photo.php?v=141532952721581

Agoravox

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