skip to main |
skip to sidebar
Le PPP, sigle des prédateurs du service public
Sylvain Roch
Un nouveau sigle commence à connaître une certaine renommée du
type ANPE, PACS ou CAE !
Le PPP nous est « balancé » dans beaucoup de
réunions publiques où des élus veulent nous inculquer les nouveaux modes
de gestion de l’Etat, mais que se cache-t-il derrière ce sigle ? Ce
n’est pas un nouveau gaz rare responsable de l’effet de serre, ni le
nouveau parti à la mode. Non, c’est la façon distinguée de dire :
désengagement de l’Etat au profit de grands groupes privés !
Le partenariat public privé est la nouvelle façon de permettre
aux capitalistes de faire de l’argent avec ce qui relevait des
obligations de l’Etat. Le plus connu de ces PPP étant la concession
autoroutière, mais pour développer le principe à l’infini et permettre à
leurs amis de « créer de nouveaux marchés », l’Etat se détruit
volontairement lui-même.
Le principe est le suivant : l’Etat ne voulant pas investir des
sommes colossales dans la création ou l’entretien d’une structure
immobilière, elle laisse l’investissement au privé qui, en contrepartie,
jouit d’un revenu régulier, remboursant l’investissement sous forme de
loyers ou de droit d’accès (des péages, par exemple). Ce principe était
réservé à de grands projets de structures relevant des compétences de
l’Etat (autoroutes, ponts, viaducs, aéroports, etc.), mais on le
développe de plus en plus pour de plus petits projets relevant des
collectivités locales, et ce de manière exponentielle.
On veut ouvrir de nouveaux marchés au privé et casser la possibilité
pour les travailleurs d’influer sur l’utilisation d’un bien commun via
les élections. Ces PPP sont de plus en plus utilisés pour la création
d’hôpitaux, l’entretien de biens immobiliers, la conception, la
réalisation et l’exploitation de centres aqualudiques, etc... Ces
investissements reposaient sur les finances des collectivités par
l’octroi de subventions ou le crédit bancaire. En contrepartie, les
collectivités géraient le bien suivant les critères de gestion publique.
Les salariés ayant un minimum de regard sur celle-ci, toute forme de
recherche de bénéfices était exclue – en tout cas si elle était trop
visible. Des techniques comptables permettant d’imputer à un équipement
« rentable » des contraintes budgétaires extérieures à son exploitation.
Mais la nécessité de traquer toutes les niches où l’argent circule
sans que le capitalisme n’y prospère change la donne. Il faut que l’on
puisse tirer bénéfices de tout et même du vital. Pour cela, les
capitalistes jouent sur deux tableaux. Le premier est l’assèchement des
ressources financières des collectivités et de l’Etat (fin de la taxe
professionnelle, baisse d’impôt et niche fiscale pour les plus riches,
baisse des dotations d’Etat aux collectivités, exonération de
cotisations pour les entreprises, j’en passe et des pires !). L’Etat et
les collectivités se retrouvent exsangues et ne peuvent plus assumer des
investissements lourds. La recherche de financement se fait donc hors
de la sphère publique. Le second axe est la capacité financière du privé
et sa soi-disant meilleure gestion des capitaux et des salariés. La
gestion des salariés étant le cauchemar de tout service public.
Il est a noter que cette façon de faire permet aux collectivités de
faire passer un investissement sur une ligne comptable de fonctionnement
(un loyer ou une subvention de fonctionnement étant dans la case
fonctionnement) et ainsi d’augmenter la pression sur le budget public.
Le fonctionnement se devant d’être équilibré et étant la ligne
budgétaire comprenant la masse salariale, cette manœuvre permet
d’argumenter en faveur d’une baisse de la masse salariale, seule
variable d’ajustement suivant les principes en vogue. L’appel à ce
principe remplit d’aise aussi bien les collectivités que les
capitalistes, les collectivités investissant peu (quelques subventions
au départ), ne s’occupant pas de la gestion immobilière ou du personnel,
et le privé s’accaparant un marché captif pour un temps plus ou moins
long.
Le dindon de la farce est l’usager, qui devra payer de plus en plus
cher l’accès à des services qui lui facilitaient la vie quotidienne à un
coût raisonnable, voire en fonction de ses revenus dans certains cas
(notamment sous l’impulsion d’élus communistes), et devra subir la
précarité de l’emploi par l’abandon d’emplois fonctionnarisés protégés.
On voit que les PPP répondent aux critères capitalistes. Lors des
prochaines élections, les candidats communistes devraient défendre
l’investissement public, la conception publique, la gestion publique et
refuser que la pression capitaliste casse l’outil de solidarité que
pourraient constituer les grands projets publics (hôpitaux, chemins de
fer, routes, etc.). Le PCF doit, dans chaque collectivité, qu’il soit
majoritaire, membre d’une majorité de gauche ou dans l’opposition,
lutter pour empêcher une plus grande exploitation des salariés et ces
PPP en sont une manière déguisée.
La Riposte
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire