samedi 9 novembre 2013

Sfeira libérée – Mais si cela recommençait demain en Syrie ?

 Michel Lhomme                   

Nous le pressentons. Le Moyen-Orient reviendra à la Une de l’actualité dans quelques semaines. La « guerre juste » de l’Occident contre Bachar el Assad n’aurait-elle été que reportée ou suspendue ? Les armes circulent de plus belle, les services spéciaux aussi et en particulier le Mossad. Il suffit de regarder une carte des positions navales (forces américaines et russes) en Méditerranée pour comprendre qu’on n’a jamais été aussi près d’un conflit. Et puis, ce matin, il y a Sfeira…

La ville de Sfeira, au sud-est d’Alep, a été libérée par l’Armée arabe syrienne et les unités de la défense nationale légitimiste. On saluera demain le courage des volontaires syriens et de cette armée régulière héroïque alors que toute la communauté internationale les décrivait comme des monstres. Ces derniers mois, les groupes armés rebelles avaient massé à Sfeira d’importantes troupes, les unités les mieux équipées. On y trouvait le Front al-Nosra et l’Etat Islamique d’Irak et du Levant, affiliés à Al-Qaïda, Liwaa al-Islam, dirigé par Zahran Allouche, l’homme de Bandar Ben Sultan en Syrie, Ahrar al-Cham, et un conseil militaire local rattaché à l’Armée syrienne libre. Ces groupes jouissaient de lignes de ravitaillement ouvertes vers la frontière avec la Turquie, d’où étaient acheminées armes, munitions, argents et renforts de combattants venus parfois de l’étranger. Mais tout cela ne les a pas empêché de perdre Sfeira.
Or, Sfeira est un nœud stratégique important commandant l’accès à la région sud-est d’Alep ; elle est située non loin de l’aéroport international d’Alep et de l’aéroport militaire de Koueirès ; elle est proche de la région d’Al-Bab, qui commande l’accès à Alep et constitue donc un point d’équilibre décisif à l’intérieur d’Alep et de sa province, car elle est située non loin des industries de la défense et de la route d’approvisionnement, qui relie Alep à la province de Hama.
Pour toutes ces raisons, la libération de Sfeira était vitale pour l’armée régulière de Syrie. Elle ne manquera pas d’avoir rapidement des répercussions sur les équilibres militaires dans le pays et sur les réactions occidentales en coulisses. L’avancée rapide de l’armée syrienne de ces derniers jours est en tout cas la preuve vivante de ses hautes capacités et de sa solidité morale. Elle confirme, aussi, le changement des Syriens, qui rejettent les exactions des groupes extrémistes, déchirés par des luttes intestines.
L’apparition de profondes divergences entre l’Arabie Saoudite d’un côté, le Qatar et la Turquie de l’autre, est un signe supplémentaire de l’échec de la guerre contre la Syrie. Les groupes armés qui combattent l’Etat syrien, n’ont jamais été que des façades instrumentalisées par les puissances étrangères de l’Otan, elles-même poussées par Israël qui veut émietter ce pays. Israël a bombardé la semaine dernière un entrepôt de missiles russes sur le sol syrien. L’Etat hébreu  viole systématiquement l’espace aérien syrien sans que personne  ne s’en offusque de même que très régulièrement pour ne pas dire quotidiennement, le territoire de Gaza aujourd’hui privé d’électricité est quadrillé par des drones de surveillance.

Pourquoi autant d’acharnement contre la Syrie ?

Ils en veulent au laïcisme du parti Baas, à la tolérance des Chrétiens à Damas ? Une statue grandiose du Christ qui vient de s’élever au mont des Chérubins ne risque pas d’arranger les choses. La sculpture se dresse à 27 km de Damas. C’est un monument de bronze qui représente le Sauveur bénissant et  culmine à 32 m en étant visible depuis le Liban, la Jordanie, la Palestine et Israël. Samir Al-Gadban, directeur de la fondation Saint-Paul et Saint-Georges qui a pris une part directe à l’érection de la statue, explique : « Le projet fut initié en 2005 et béni par le Bienheureux Ignace IV, alors patriarche d’Antioche et de tout l’Orient. La sculpture est l’image de la Parousie. Le Christ bénissant foule le serpent qui personnifie le mal. A sa droite se tient Adam et Eve et, à sa gauche, la tête baissée. Plusieurs emplacements étaient proposés pour le groupe sculptural mais le patriarche d’Antioche avait finalement choisi le mont des Chérubins. On sait que les Chérubins sont un symbole puisé dans l’Ancien Testament. Il est utilisé dans la religion chrétienne et n’est pas nié par l’islam. » Ce projet a pris 8 ans. « C’était une opération extrêmement compliquée parce que toutes les routes étaient bloquées et il était impossible d’acheminer le matériel dans la montagne. Une partie du terrain était contrôlée par les insurgés et une autre par l’armée syrienne. Il fallait obtenir l’accord de l’ensemble des parties afin qu’elles laissent passer les équipements techniques. Nous avons finalement obtenu gain de cause et convenu qu’aucun coup de feu ne serait tiré pendant l’opération de montage. En effet, aucune des parties n’a tiré pendant les trois jours qu’a duré l’opération.» La sculpture a reçu le nom de « Je suis venu pour sauver le monde ».

C’est aussi ce que disent les Etats-Unis quand ils interviennent, sur fond de mélodies guerrières et en brandissant la nouvelle théologie mondialiste, celle de la Déclaration Universelle des Droits de 1948.

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