Nous le pressentons. Le Moyen-Orient reviendra à la Une de l’actualité dans
quelques semaines. La « guerre juste » de l’Occident contre Bachar el Assad
n’aurait-elle été que reportée ou suspendue ? Les armes circulent de plus belle,
les services spéciaux aussi et en particulier le Mossad. Il suffit de regarder
une carte des positions navales (forces américaines et russes) en Méditerranée
pour comprendre qu’on n’a jamais été aussi près d’un conflit. Et puis, ce matin,
il y a Sfeira…
La
ville de Sfeira, au sud-est d’Alep, a été libérée par l’Armée arabe syrienne et
les unités de la défense nationale légitimiste. On saluera demain le courage des
volontaires syriens et de cette armée régulière héroïque alors que toute la
communauté internationale les décrivait comme des monstres. Ces derniers mois,
les groupes armés rebelles avaient massé à Sfeira d’importantes troupes, les
unités les mieux équipées. On y trouvait le Front al-Nosra et l’Etat Islamique
d’Irak et du Levant, affiliés à Al-Qaïda, Liwaa al-Islam, dirigé par Zahran
Allouche, l’homme de Bandar Ben Sultan en Syrie, Ahrar al-Cham, et un conseil
militaire local rattaché à l’Armée syrienne libre. Ces groupes jouissaient de
lignes de ravitaillement ouvertes vers la frontière avec la Turquie, d’où
étaient acheminées armes, munitions, argents et renforts de combattants venus
parfois de l’étranger. Mais tout cela ne les a pas empêché de perdre Sfeira.
Or, Sfeira est un nœud stratégique important commandant l’accès à la région
sud-est d’Alep ; elle est située non loin de l’aéroport international d’Alep et
de l’aéroport militaire de Koueirès ; elle est proche de la région d’Al-Bab, qui
commande l’accès à Alep et constitue donc un point d’équilibre décisif à
l’intérieur d’Alep et de sa province, car elle est située non loin des
industries de la défense et de la route d’approvisionnement, qui relie Alep à la
province de Hama.
Pour
toutes ces raisons, la libération de Sfeira était vitale pour l’armée régulière
de Syrie. Elle ne manquera pas d’avoir rapidement des répercussions sur les
équilibres militaires dans le pays et sur les réactions occidentales en
coulisses. L’avancée rapide de l’armée syrienne de ces derniers jours est en
tout cas la preuve vivante de ses hautes capacités et de sa solidité morale.
Elle confirme, aussi, le changement des Syriens, qui rejettent les exactions des
groupes extrémistes, déchirés par des luttes intestines.
L’apparition
de profondes divergences entre l’Arabie Saoudite d’un côté, le Qatar et la
Turquie de l’autre, est un signe supplémentaire de l’échec de la guerre contre
la Syrie. Les groupes armés qui combattent l’Etat syrien, n’ont jamais été que
des façades instrumentalisées par les puissances étrangères de l’Otan,
elles-même poussées par Israël qui veut émietter ce pays. Israël a bombardé la
semaine dernière un entrepôt de missiles russes sur le sol syrien. L’Etat hébreu
viole systématiquement l’espace aérien syrien sans que personne ne s’en
offusque de même que très régulièrement pour ne pas dire quotidiennement, le
territoire de Gaza aujourd’hui privé d’électricité est quadrillé par des drones
de surveillance.
Pourquoi autant d’acharnement contre la Syrie ?
Ils
en veulent au laïcisme du parti Baas, à la tolérance des Chrétiens à Damas ? Une
statue grandiose du Christ qui vient de s’élever au mont des Chérubins ne risque
pas d’arranger les choses. La sculpture se dresse à 27 km de Damas. C’est un
monument de bronze qui représente le Sauveur bénissant et culmine à 32 m en
étant visible depuis le Liban, la Jordanie, la Palestine et Israël. Samir
Al-Gadban, directeur de la fondation Saint-Paul et Saint-Georges qui a pris une
part directe à l’érection de la statue, explique : « Le projet fut initié en
2005 et béni par le Bienheureux Ignace IV, alors patriarche d’Antioche et de
tout l’Orient. La sculpture est l’image de la Parousie. Le Christ bénissant
foule le serpent qui personnifie le mal. A sa droite se tient Adam et Eve et, à
sa gauche, la tête baissée. Plusieurs emplacements étaient proposés pour le
groupe sculptural mais le patriarche d’Antioche avait finalement choisi le mont
des Chérubins. On sait que les Chérubins sont un symbole puisé dans l’Ancien
Testament. Il est utilisé dans la religion chrétienne et n’est pas nié par
l’islam. » Ce projet a pris 8 ans. « C’était une opération extrêmement
compliquée parce que toutes les routes étaient bloquées et il était impossible
d’acheminer le matériel dans la montagne. Une partie du terrain était contrôlée
par les insurgés et une autre par l’armée syrienne. Il fallait obtenir l’accord
de l’ensemble des parties afin qu’elles laissent passer les équipements
techniques. Nous avons finalement obtenu gain de cause et convenu qu’aucun coup
de feu ne serait tiré pendant l’opération de montage. En effet, aucune des
parties n’a tiré pendant les trois jours qu’a duré l’opération.» La
sculpture a reçu le nom de « Je suis venu pour sauver le monde ».
C’est aussi ce que disent les Etats-Unis quand ils interviennent, sur fond de
mélodies guerrières et en brandissant la nouvelle théologie mondialiste, celle
de la Déclaration Universelle des Droits de 1948.
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