C’est bien beau d’enterrer du grand homme, du géant, de la figure tutélaire
comme de la princesse anglaise, mais s’est-on seulement penché une seconde sur
la prostate de Mandela ?
Parce qu’il ne suffit pas dans l’hommage à l’immense, conserver le côté Diana
et omettre l’aspect Barghouti,
souligner le peace and love pour mieux gommer
le combat communiste, encore faut il s’intéresser à l’essentiel, à savoir
l’anecdote, châtrer l’Histoire pour en faire des histoires.
Sanctifier pour mieux taire. Emouvoir pour brouiller. Encenser pour denier le sens.
Car, quand l’Histoire te montre la lune, le journalisme prostatique t’enfonce
le doigt, te fait de l’enterrement entertainment, façon football, et l’état de
la pelouse après le concert de Justin Bieber, et la revue du gratin dans les
gradins, mais pour ce qui est du petit nom complet du FNB stadium de
Johannesburg, soit le First National Bank Stadium, ce qui t’éclaire un chouïa
sur l’état des choses mondialisées, tu repasseras.
Le journalisme prostatique ne fait pas de politique, il fait dans la
coloscopie, et au bal des faux culs, pendant qu’une centaine de chefs d’état
rendent hommage à ce qu’ils ne sont pas, la machine à fabriquer du consentement
canonise aujourd’hui
ce qu’il rangeait au rayon terroriste hier avec cette même propension à
décerveler, à faire du rien de tout.
Non l’expert prostatique ne fait pas de politique, dans les manifs contre la
TVA il compte les drapeaux, à Kiev, il
regarde tomber Lenine sans s’attarder sur
qui l’abat, avant que de couler un bronze à Baroso que ç’est d’une autre
stature. À Caracas, le Jean-Michel Aphatie du toucher rectal te décrit
l’apocalypse collectiviste sans trop noter
la victoire de Maduro aux élections municipales que c’est quand même
ballot.
Et tandis que mister Oblabla entre deux drones, fait dans l’éloge inspiré
d’un homme que son pays balança aux afrikaners et qui en ce jour glorieux entre
par la grande porte comme homme africain universel dans l’histoire,
certains dans les gradins se tapent encore l’incruste sur le paillasson à
regarder dessous des fois qu’il y aurait la clef.
Si pleurnicher faux derche sur une étoile ne rend pas forcément brillant,
célébrer un résistant quand on passe son temps à céder n’octroie pas
spécialement un diplôme de rebelle. On ne peut à la fois couper en deux Léonarda
et appeler à la réconciliation nationale, encourager à brandir de la banane ou
lyncher Kadhafi financeur de l’ANC et opportunément se prosterner devant le
vieux singe sage.
Le journalisme prostatique ne te dira pas non plus que
Lumumba ou Ken Saro-Wiwa eurent pu accéder aux grandes pompes funèbres de
l’internationale tartufe, pour peu qu’ils passent entre les balles occidentales
et les gibets pétroliers, en revanche, ils te feront comprendre qu’un bon
communiste est un communiste mort.
François Hollande était accompagné de Robert Hue.
Le journalisme prostatique se
passera avec soulagement de l’hommage du vice à la vertu, l’apartheid sauce
Netanyahou au vainqueur de l’apartheid, Mandela. Il préférera faire un sujet sur
le prix des billets d’avion pour Soweto et un micro trottoir pour savoir si
Flanby, l’ami Ricoré de Bibi, pu passer le prendre en Air-Sarko à Tel Aviv.
Bref, le journalisme prostatique préfèrera toujours enterrer du Mandela
inoffensif d’aujourd’hui plutôt que du Nelson dangereux de demain.
L’on peut se réjouir que Chavez et Arafat aient échappés à ce barnum
hypocrite tandis que le journalisme prostatique bavant devant la photo de
l’élite pipolisée rêve de coloscopie générale.
rue-affre
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