Le dernier point focal des
bavardages médiatiques...et sa crédibilité
Tremblements
matinaux : le "bonnet d'âne" menace. Entendez : la France va encore perdre des
places au classement PISA, qui mesure les performances des élèves classés par
pays, et dont les résultats devraient être rendus publics dans la matinée. On
entend d'ici la longue lamentation du déclin, sur laquelle chacun greffe ses
propres fantasmes : on vous l'avait bien dit, trop de maths, trop
d'histoire-géo, trop d'orthographe, trop de laxisme, trop de temps libre, trop
d'heures de cours, trop de télévision, trop d'internet, trop d'impôt, trop
d'écotaxe, et on dégringole dans le classement PISA.
Passons
sur le fait qu'un classement par nationalité masque nécessairement les
inégalités à l'intérieur de cette nationalité. Ainsi, la dégringolade française annoncée
tiendrait, nous expliquent les radios du matin, à la baisse de niveau des plus
faibles, que la hausse du niveau de l'élite ne parvient pas à contrebalancer.
Mais il y a plus grave. Si cette enquête, menée
tous les trois ans sur les adolescents de 15 ans, est reconnue comme parfaitement
rigoureuse, en revanche son point faible est précisément...le classement, affecté,
parait-il, d'une marge d'erreur de plus ou moins cinq places. Autant
dire que si l'on apprend que la France a reculé de cinq places au classement,
cela ne signifiera pas grand chose.
Une
marge d'erreur, ça ne vous rappelle rien ? Mais si bien entendu, la sondomanie
politique, et l'hyper-médiatisation absurde de gains ou de pertes d'un ou deux
points, à l'intérieur, donc, de la marge d'erreur. Et si le classement PISA
révélait surtout notre hantise morbide du bonnet d'âne, qui pousse le système
médiatique à se polariser sur des classements sans signification ? Des sondages
de popularité déconnectés de toute traduction électorale, jusqu'aux oracles des
agences de notation sans aucun effet sur les taux d'emprunts des pays qu'elles
affectent (on se souvient des psychodrames à répétition autour de la perte du
triple A français, laquelle perte n'a strictement rien changé au taux auquel la
France emprunte sur les marchés) les journalistes français adorent notations et
classements.
Sans doute PISA, en plongeant dans les spécificités de
l'enseignement français, pourrait-il nous aider à en comprendre les raisons.


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