Gilles Devers
Les
temps sont rudes pour la Gauche sociale : la voilà qui se fait remonter
les bretelles par les nouveaux défenseurs des travailleurs : l’Union
européenne… et la chambre supersociale de la Cour de cassation, dans
son rapport annuel. En cause la perte des congés payés en cas de faute
lourde.
Les
congés payés, c’est l’exemple même du droit acquis. Tu travailles, donc
en fonction du nombre de jours travaillés, tu as droit à des congés
payés. Tu peux demander à les prendre chaque mois, ou tu les regroupe
pour partir faire un grand voyage, genre Thaïlande, puis Prague, puis Ibiza, puis Los Angeles.
Le
problème est que ce droit acquis ne l’est pas… En cas de licenciement
pour faute lourde, c’est-à-dire suite à une faute commise avec intention
de nuire, les congés pays sont perdus (Code du travail, art. L. 3141-26 alinéa 2).
C’est punitif et injuste, car ces droits ont été acquis avant la faute,
et devrait être versée une indemnité correspondant à ces jours perdus.
Bon,
c’est scandaleux mais bien sûr les technocrates de l’ultralibérale
Europe de Bruxelles ne font rien… Ouaip.. sauf que c’est pile
l’inverse.
La directive 2003/88/CE du
Parlement européen et du Conseil du 4 novembre 2003 concernant
certains aspects de l’aménagement du temps de travail ne prévoit pas de
perte des droits à congés payés. Aux termes de l’article 7 alinéa 1, les
États membres doivent prendre les mesures nécessaires pour que « tout
travailleur bénéficie d’un congé annuel payé d’au moins quatre
semaines ». Tout travailleur…
Pas
de problème, ce gouvernement à fibre sociale avancée va zigouiller
l’alinéa 2 de l’article L. 3141-26 du code du travail. Euh, et ben non…
La chambre supersociale de la Cour de cassation déplore cette
remise en cause d’un droit acquis, mais elle explique que, même si elle
adoptait une nouvelle définition, plus restrictive, de la faute lourde,
elle ne pourrait pas respecter le texte à la directive, car la directive
n’étant pas applicable directement en droit interne, elle ne pourrait
pas statuer contre la lettre de la loi.
Le
gardien du temple au ministère de la justice, la direction des affaires
civiles et du sceau, est favorable à cette proposition… mais pas de
chance : la question relève du ministère du travail.
Allez,
soyons patients. La directive date de 2003, et la Cour de cassation
sonne l’alerte en 2014. D’ici une petite dizaine d’années, la réforme
devrait être votée. Qu’est ce qu’on attend pour être heureux ?
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