David Sheen (Muftah )
(Attention : Cet article contient des mots et des images sexuellement explicites)
Alors
que la dernière attaque d’Israël sur Gaza est entrée dans sa troisième
semaine, les forces destructrices déchaînées sur la Bande de Gaza ont
engendré un bilan de morts massif, avec plus de 650 morts palestiniens
(l’article a été écrit le 23 juillet 2014 - NDT), environ 4 200 blessés
–la plupart des civils– et environ une centaine de milliers de
sans-abri. Tandis que Gaza est matraqué, le niveau des appels aux
incitations racistes anti-Palestiniens de personnalités israéliennes
politiques, religieuses et culturelles se poursuit à un degré maximal et
a pris un ton misogyne dangereux.
Promouvoir le viol de Gaza et de ses femmes
Le 21 juillet, les médias israéliens ont rapporté que Dov Lior,
grand rabbin de la colonie de Kiryat Arba en Cisjordanie, a publié un
décret religieux sur les règles d’engagement en temps de guerre, qu’il a
envoyé au ministre de la Défense du pays. L’édit stipule que, selon la
loi religieuse juive, il est permis de bombarder des civils
palestiniens innocents et "d’exterminer l’ennemi."
Alors que Lior est tenu en haute estime, il est également associé à l’"aile conservatrice" du sionisme religieux. En revanche, David Stav,
Grand Rabbin de la ville de Shoham, est considéré comme un chef de file
du courant « libéral » du sionisme religieux. Dans un éditorial publié
le même jour que la nouvelle de l’édit de Lior est sortie, Stav a
caractérisé l’assaut sur Gaza de guerre sainte, qui est mandatée par la Torah elle-même et doit être sans pitié.
Tandis
que ces personnalités religieuses ont appelé à des guerres
d’extermination, certains Israéliens laïques ont suggéré de mener des
attaques de nature plus perverse.
Le lendemain après que Lior et
Stav ont fait les manchettes, des nouvelles sont apparues que le Conseil
de la ville de Or Yehuda, située dans la région côtière d’Israël, a
imprimé et accroché une banderole soutenant les soldats israéliens.
L’affiche comprenait un langage suggérant le viol des femmes
palestiniennes. Le texte de la banderole dit : « Les soldats israéliens,
les résidents de Or Yehuda sont avec vous ! Frappez leur mère et
revenez à la maison en toute sécurité chez votre mère ».

Cette
traduction de l’hébreu « Kansu » comme « pound » [battre, frapper,
cogner - ndt] (ou son synonyme « bang ») signifie littéralement battre,
mais il a aussi un sens familier connotant la pénétration sexuelle. Dans
l’original hébreu, le double-sens est inversé : "Kansu B" a le sens
familier d’attaquer physiquement quelqu’un, mais signifie littéralement
entrer, sexuellement ou autrement - cette connotation sexuelle peut être
trouvée sur plusieurs blogs sur le sexe en langue hébreu.
L’expression
« leur mère », « ima shelahem » en hébreu, a aussi le sens familier de
"avec une grande intensité." L’idiome est précisément développé parce
que, pour beaucoup de gens, témoigner sur l’agression de leur mère est
plus douloureux que de recevoir un coup pour leur propre personne.
Concernant la banderole de la ville, le langage de la violence sexuelle est emprunté afin d’articuler l’assujettissement impitoyable de la population palestinienne de Gaza.
L’intention
du Conseil municipal d’Or Yehuda était de montrer clairement son
soutien à l’armée israélienne avec ce qu’il considérait comme des jeux
de mots intelligents. En choisissant l’expression grossière "Kansu
ba-ima shelahem" - qui signifie « les battre avec une grande intensité »
et aussi « pénétrer leur mère » - le conseil municipal encourageait à
la fois la violence envers les Palestiniennes et exploitait subtilement la culture du viol, qui est très répandue en Israël.
La
bannière à Or Yehuda est apparue quelques jours après qu’une image
composite suggérant des abus sexuels de la bande de Gaza a été largement
partagée par des Israéliens qui utilisent régulièrement l’application
de réseautage social populaire, WhatsApp.
Sur l’image, une femme,
portant la mention « Gaza », est revêtue de la robe musulmane
traditionnelle à hauteur de la taille et presque rien en-dessous, tout
en prenant une pose lascive lançant au spectateur un regard aguicheur.
Il se lit sur le texte hébreu l’accompagnant : « Bibi, fini l’intérieur
cette fois ! Signé, les citoyens en faveur d’un assaut terrestre. » (“Bibi, finish inside this time ! Signed, citizens in favor of a ground assault.”).
Encore une fois, un double sens a été utilisé pour promouvoir la guerre
tout en parlant de viol. En hébreu, le sens familier de "finir"
(“finish” ) est éjaculer.
Si la banderole à Or Yehuda ne procède
qu’à une allusion au viol et si l’image de WhatsApp en joue timidement,
un universitaire israélien de premier plan a ouvertement lancé l’idée
d’utiliser le viol contre les Palestiniennes au tout début du cycle
actuel des hostilités.
Le 1er juillet, juste après que les corps de trois adolescents israéliens qui avaient disparu en Cisjordanie ont été trouvés, le professeur de l’Université Bar Ilan, Dr Mordechai Kedar,
a parlé à la radio israélienne de violer des femmes palestiniennes afin
de dissuader le "terrorisme", disant que savoir simplement qu’Israël
puisse envoyer des agents violer la mère ou la soeur d’un militant
palestinien, en guise de représailles pour ses crimes, pourrait le
dissuader de mener à bien ces actions.
Aucune de ces récentes références au viol ne devrait surprendre après que l’armée israélienne a promu Eyal Qarim
comme le deuxième aumônier le plus puissant dans ses rangs, des années
après qu’il a déclaré que le viol des Palestiniennes était acceptable en
temps de guerre. Le rabbin est revenu sur son ignoble verdict,
seulement après que le célèbre blogueur israélien Yossi Gurvitz a exposé publiquement sa déclaration répugnante en mars 2012.
Le “Slut-Shaming” des femmes juives israéliennes qui soutiennent la Palestine
Le
mois dernier, les femmes palestiniennes n’ont pas été les seules à être
menacées de violences sexuelles par des personnalités publiques
d’Israël. Le même jour où Kedar a donné son odieux entretien, le rabbin
Noam Perel, leader mondial des Bnei Akiva, le plus grand groupe de
jeunes Juifs religieux dans le monde, a posté un message sur Facebook
appelant au meurtre de masse des Palestiniens et à la prise de leurs prépuces comme trophées. Perel n’a subi aucune censure pour ses horribles commentaires.
Comme
dans la plupart des sociétés machistes, ce sont les femmes qui payent
de leur personne la violence sexuelle masculine et les femmes juives
israéliennes n’ont pas été épargnées. Les femmes qui proclament
publiquement leur soutien aux Palestiniens, aux demandeurs d’asile
africains, ou à tout autre groupe non-juif en Israël subissent les
intimidations et les humiliations du « slut-shaming » (littéralement « humiliation des salopes » - NDT) et sont les cibles persistantes des ultra-nationalistes qui les menacent de diverses formes d’agressions sexuelles, y compris le viol collectif.
Les
violences sexuelles contre les femmes juives israéliennes ne sont pas
seulement commises par des voyous chahuteurs de droite. Aujourd’hui est
le dernier jour où Shimon Peres portera le titre de président d’Israël.
Son prédécesseur immédiat, Moshe Katsav,
est actuellement en prison, purgeant une peine pour viol et autres
crimes sexuels. Demain à Jérusalem, Peres sera remplacé par Reuven
Rivlin. Rivlin a largement remporté le poste parce que ses deux
principaux rivaux, Silvan Shalom
et Meir Shitrit, étaient tous deux accusés de manière certaine de
crimes sexuels graves au cours de la campagne de l’élection
présidentielle. De même, l’actuel chef de la police de Jérusalem a été
choisi pour remplacer Nisso Shaham, après qu’il a été inculpé pour avoir commis une série de crimes sexuels.
Les
provocations anti-palestiniennes dans la société israélienne atteignent
des niveaux vraiment terrifiants, elles se sont mêlées avec la
misogynie pour créer un cocktail de haine d’une puissance inconnue.
Peut-être que, comme beaucoup de sionistes le prétendent, tous ces
discours relèvent juste de fanfaronnades et les Israéliens juifs sont
pour la plupart incapables de commettre des viols comme actes de guerre.
Il convient de rappeler, cependant, que ces mêmes personnes ont
présenté des demandes identiques de torture et de meurtre, il y a un
mois encore, quand un groupe de Juifs a enlevé un adolescent
palestinien, Mohammed Abu Khodeir, et l’a forcé à ingurgiter de
l’essence, et l’a immolé par le feu de l’intérieur.
Traduction : Romane
Source : muftah.org

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