
La guerre, on la fait ou on ne la fait
pas. On ne fait pas semblant. Pour avoir ignoré cette simple évidence,
l’Europe est dans le tourbillon, complètement déboussolée, en recherche
de repères qu’elle n’a plus.
La guerre que mènent les Etats-Unis contre la Russie
est une guerre à mort. L’Europe, à la fois enjeu et actrice, ne veut
pas de cette issue mais, victime de ses alliances protectrices et de son
statut historique mais devenu artificiel, est obligée et même sommée de
prendre parti par son Grand Protecteur. Cette guerre n’est pas la
sienne, mais elle est obligée de la faire. Alors elle fait semblant,
alors que les deux protagonistes savent, eux, que l’issue ne peut être
que la défaite totale de l’un ou de l’autre, se traduisant soit par la
soumission complète et entière de la Russie, soit par la perte de toute capacité d’hégémonie des Etats-Unis.
Dans ce combat de titans, un combattant
non décidé, comme l’est l’Europe, est vite submergé. C’est ce qu’on
constate dès la première contre-offensive russe. Pays par pays, l’Union Européenne
manifeste progressivement son hostilité à une guerre qu’elle n’a pas
voulue contre la Russie. Des voix s’élèvent pour rechercher une certaine
forme d’armistice. Ils ne sont, pour l’instant, que 7 à 8 pays à s’être
officiellement exprimés dans ce sens, mais leur nombre grossit de jour
en jour. D’autres pays ne s’expriment pas, mais n’en pensent pas moins.
Et tous ces pays réfractaires représentent certainement la majorité dans
l’UE.
On assiste à quelque chose de curieux au
sein de l’UE, similaire à ce que l’on constate dans tous les pays
européens : la majorité compte pour du beurre. Seule une petite élite
dirige l’ensemble, décide et agit pour tous.
Mais malgré tout, après la mise en place des contre-sanctions de Moscou,
et après le baroud d’honneur humiliant et infructueux auprès des
partenaires russes, les européens s’acheminent vers une recherche
d’armistice. Pour ce coup-là, un constat s’impose : le Grand Protecteur
est aux abonnés absents. Qu’eût-il pu faire, d’ailleurs ? Absorber tous
les invendus européens ? Subventionner ? Impossible, surtout à l’heure
où, par différents traités dont le TAFTA, il cherche à spolier encore
plus ses « amis ». Les européens auraient pourtant pu présenter la note à
l’Oncle Sam, car après tout, c’est pour lui qu’ils ont fait tout ce qui
les a menés dans cette situation. Mais ils n’ont pas osé et ont préféré
chercher à intimider ou amadouer des plus petits qu’eux. Il a dû y
avoir des situations cocasses. Imaginez, par exemple la France, toute honte bue, demandant à Evo Morales d’oublier l’incident de son détournement d’avion et d’accepter de donner un coup de main à une Europe qui l’a traité comme un moins que rien. À mourir de rire.
En cas d’armistice, les pertes resteront
tout de même conséquentes, et certaines irréversibles. Car cette fois,
contrairement à tous les traités de Versailles ou d’ailleurs, où les
partages se font après les hostilités, la redistribution a déjà été
effectuée, et sans eux. Si la Russie reprenait l’importation des
produits qu’elle avait bannis, les européens seront obligés de se mettre
dans la file d’attente de tous ceux qui sont nouvellement arrivés sur
le marché russe avec des accords en béton, accords que les russes ne
remettront jamais en cause.
D’une manière ou d’une autre, l’Europe
payera pour avoir vendu son âme au diable il y a 70 ans et peut-être
même avant. On peut, toutefois, lui reconnaitre des circonstances
atténuantes. Le diable a profité d’une situation de faiblesse extrême
pour la lui acheter à vil prix.
Si l’Armistice survenait aujourd’hui,
l’Europe s’en tirerait à bon compte et aborderait peut-être une nouvelle
ère de prospérité grâce à une nouvelle dynamique mondiale. Dans le cas
contraire, une analogie vient à l’esprit : l’Ukraine. L’Ukraine avait
tous ses intérêts à l’Est et presque aucun à l’Ouest. Mais l’Occident a
obligé l’Ukraine à saborder ses intérêts pour le rallier à son bloc,
créant la sécession de la partie sud-est du pays. Si l’esprit de guerre
persiste en Europe, il y a fort à parier que certains pays ne suivront
plus et pourraient faire sécession, ce qui pourrait conduire à une
guerre « intérieure » du même type que celle qui se déroule au Donbass.
Il faut garder à l’esprit que, comme pour l’Ukraine, aucune dissidence
ne sera tolérée par les Etats-Unis. La seule chance qu’a l’Europe de se
sortir de ce guêpier est de faire bloc au nom des intérêts de ses
citoyens et contre les avis des agents Barroso et consorts.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire