Gilles Devers
Rachida
Dati ministre ? : « Parce que je m'étais dit que Rachida Dati, avec
père et mère algérien et marocain, pour parler de la politique pénale,
ça avait du sens ».
Qui
a fait plus de mal à notre communauté nationale que Sarkozy ? Je dis
bien « communauté », parce que notre nation, au-delà de l’Etat – le
cadre juridique de notre unité – c’est notre histoire et notre vie. Même
si vous n’aimez ni votre voisin, ni votre collègue de travail, ni votre
maire… Même si vous n’y croyez plus… il y a la France. C’est le petit
truc qui vous pince le cœur quand dans un aéroport très lointain vous
découvrez quelques mots de français. Nous avons mille raisons de penser à
la France. Perso, j’en resterai toujours amoureux car de Ronsard à
Eluard, la langue française a illuminé la poésie.
Alors,
notre Sarko ? Plus d’une fois, j’ai lu que la campagne de 2007
resterait un modèle à enseigner dans les écoles politiques. Non. Cette
victoire a été la défaite d’un PS pourri jusqu’à l’os et qui avait rêvé
de se refaire une virginité avec une candidate lunaire, et la défaite de
l’UMP, laissant un Sarko sans scrupule reprendre tous les thèmes FN. En
2007, ce sont les thèmes du FN, le populisme xénophobe et l’arriération
franchouillarde, qui l’ont emporté, en apportant au vote habituel de la
Droite, des gens venus d’un autre monde.
Depuis, nous payons cash…
La vraie faute de Sarko, c’est qu’il a cassé la France, notre pays. La
gochmole, tétanisée par ses ombres, est restée dans le sillon, voulant
nous passionner pour la gestion de la dette ou le coût des 35 heures,
alors qu’il fallait parler du pays, de nos attachements, nos débats, nos
désaccords… Les cosmétiques qui font les marioles dans les ministères –
vous avez vu l’autre dinde de Pellerin qui ne lit pas de livres mais
mendie auprès de Hazanavicius un rôle dans le prochain film d’OSS 117… –
finissent la casse du pays. C’est grave. Nous sommes le pays de toutes
les diversités, et c’est excellent, mais il nous faut des leaders
politiques capables de dessiner un destin.
C’est là qu’on revient à cette phrase accablante de Sarko.
«
Parce que je m'étais dit que Rachida Dati, avec père et mère algérien
et marocain, pour parler des droits fondamentaux et défendre
l’indépendance de Justice, ça avait du sens ».
Admettons
que Sarko ait dit cette phrase… elle aurait été inacceptable. Parce
que cela aurait signifié que la nomination était due à des critères
d’appartenance, et non pas aux compétences.
Par
cette phrase lâchée en cette période de déprime, Sarko, enfin, est
sincère. Enfin. Dati n’a pas été nommée pour ses compétences, mais parce
qu’il fallait une arabe dans le gouvernement. C’est du pur casting
communautarisme. L’une des données du problème est que Hollande a fait
la même chose avec Taubira, nommée elle aussi sur les quotas : femme,
noire, des Antilles. Sapin, Le Drian, Le Foll ou Macron ont été nommés
car ils étaient en situation de prendre du jour au lendemain la tête des
ministères. Qui peut soutenir que Taubira a été nommée pour sa maîtrise
des dossiers ? De fait, sur les dossiers difficiles, elle se fait
laminer, comme sur l’actuel projet de réforme des professions
juridiques, géré de A à Z par Bercy.
Ça,
c’est le Sarko du communautarisme. N’ayant aucune vision du pays, il
jongle avec les communautés comme il jongle avec les courants au sein de
l’UMP
Mais
son vrai propos a été : « Parce que je m'étais dit que Rachida Dati,
avec père et mère algérien et marocain, pour parler de la politique
pénale, ça avait du sens ».
Ça, c’est du Le Pen Jean-Marie de fin de banquet.
D’abord,
ce classique : on parle d’abord de soi, comme me l’expliquait encore
hier mon ami Freud. Quand Sarko parle de la justice, il parle de ce qui
le concerne, c’est-à-dire le rapport à la loi pénale. Pour lui, le
ministère de la justice, c’est le ministère du droit pénal. Avec comme
adminicule, que la justice doit faire peur.
Après,
il y a le racisme congénital. Comme son père et mère sont algérien et
marocain, Dati s’y connait en violation de la loi. Avec des parents du
Maghreb, vous êtes des experts en droit pénal... Et une rescapée de
cette fabrique de voyous pour faire appliquer la loi pénale, ça, ça a de
la gueule… Euh : ça « a du sens ». Pauvre Sarko.
On
va voir ce que la suite va donner. Le problème est que les primaires
ont maintenant pris autant d’importance que la présidentielle elle-même,
car elles arrêtent le menu. Cet adepte du communautarisme et racisme
qui en remettrait une couche, c’est strictement impossible. Alors
faudra-t-il prendre sa carte à l’UMP pour éliminer cet agent nocif ?
C’est une question sérieuse.
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