
Un travail de longue haleine mais permettez moi d’esquisser une introduction…
Pas une semaine ne se passe sans que la liste des politiciens-voleurs pris la main dans le sac ne s’accroisse d’un, deux ou trois noms… La roue de la fortune mal acquise tourne, tourne… et s’arrête, un jour en France, un jour en Italie, un jour au Luxembourg, un jour en Espagne. Jamais, paraît-il, on a autant lutté contre la corruption, et jamais on a vu autant de valeureux combattants mourir dans la tranchée des malversations. Une fois à gauche, une fois à droite… le justicier masqué est bien obligé de répartir ses coups pour éviter qu’on ne l’accuse de partialité. D’ailleurs à quoi bon se priver ! La tête de l’un bascule dans le panier de la guillotine, un autre pantin prend sa place. L’un met son argent à l’abri dans un paradis fiscal ; l’autre engraisse généreusement les membres de sa famille, tel Napoléon charcutant l’Europe pour offrir une saucisse à l’un de ses cousins, ou un jambon de Parme à l’une de ses frangines. L’un pioche allègrement dans la caisse, l’autre se targue de laver plus blanc que blanc jusqu’au jour où l’on s’aperçoit que sa chemise blanche trempe dans le cambouis. Je ne vais pas vous fatiguer en vous énumérant la liste des scandales économico-financiers qui ont marqué les onze premiers mois de l’année 2014 ; le Père Noël, avec sa manie des listes en tout genre, s’en chargera à la fin du mois de décembre.
Soyons clair : mon objectif n’est point de considérer qu’ils sont tous pourris et qu’il est grand temps d’en mettre d’autres à leur place qui – en vertu de je ne sais trop quel miracle – seraient vierges comme la maman du petit Jésus. Ils sont effectivement tous pourris, non pas parce qu’ils appartiennent à tel ou tel parti, mais parce que le mécanisme du jeu auquel ils jouent tous est foncièrement vicié. Notre démocratie est devenue une machine à broyer l’honnêteté et rares sont ceux qui participent à la tombola et échappent à cette entreprise démoniaque. Une partie d’entre eux était déjà corrompue avant même de participer aux épreuves de sélection. D’autres arrivent en déployant avec grandiloquence l’étendard de le la pureté de leurs idées. Mais quelle que soit la grandeur des principes qui guident un individu en quête de pouvoir, de représentativité, d’honneurs, il ne peut résister qu’un temps aux avantages que lui réserve sa fonction. Tôt ou tard, il est happé par l’entonnoir des privilèges, ou bien il a la force de faire un pas de côté. C’est vrai depuis l’origine de l’humanité, depuis que la première tribu qui a délégué son pouvoir à un chef, a oublié de mettre en place les dispositifs de contrôle devant obligatoirement accompagner la mission : rotation des tâches, mandat impératif, limitation en durée de l’exercice d’une fonction…
Un petit exemple pour rester bien terre à terre…Le village décide de
construire une palissade pour se protéger. Je te délègue provisoirement
le droit de contrôler la plantation des pieux et le clouage des
traverses. Le travail effectué, tu en rends compte à ceux qui, comme
moi, t’ont confié la mission. Point final ; on passe à autre chose. En
aucun cas, je ne te donne le droit de décider qui pourra pénétrer ou non
dans l’enceinte ; il n’est pas question non plus que tu instaures un
péage aux entrées, sans décision collective ; l’assemblée ne t’autorise
aucunement à créer une milice pour surveiller les alentours ou à
encaisser des pots de vin de la part de ceux qui voudraient passer les
premiers.
Caricature
? En aucun cas. C’est ainsi que fonctionnent la plupart des
institutions qui nous gouvernent. On élit des représentants sur la base
de promesses qu’ils ne tiendront pas. Une fois installés au gouvernail,
ils élargissent peu à peu leur champ d’intervention et interprètent à
leur manière les règles fondamentales du groupe. On se retrouve ainsi
avec un type, à la tête du gouvernement, qui prône une politique dont
personne ne veut, qui décide un jour de bombarder tel ou tel pays parce
qu’il fait soi disant partie de l’axe du mal ou qui cède au moindre
lobby industriel nos droits les plus fondamentaux. Ce n’est pas
exclusivement la faute du bonhomme. C’est aussi la faute de ceux qui
l’élisent en sachant dès le départ que les règles du jeu sont pipées. Le
jour où je serai ministre des blogs, je ne vois aucune raison de
préférer une assiette en carton à une assiette en porcelaine, un
déplacement en bus plutôt qu’un jet privé… Ne votez jamais pour moi !
Une fois passé le choc émotionnel du début, je vous promets que, si vous
n’y prenez pas garde, je serai aussi pourri que les autres ; peut-être
pire même parce que je prendrai sans doute soin, au départ, de me cacher
derrière un rideau de vœux pieux et de bonnes intentions. Regardez
notre bon vieux Père François : il est pour les barrages, pour le
nucléaire, pour les autoroutes, pour la vente des armes, mais écologiste
en diable, pacifiste comme pas deux (il a même un pote, de l’autre côté
de la flaque, qui a eu le prix Nobel pour ça), et compatissant comme
une compagnie de bénédictins à l’égard des pauvres gens. Il est même
profondément peiné de ne rien pouvoir faire plus pour eux. C’est la
faute à son copain Patron qui ne veut pas.
Depuis
quelques milliers d’années, les plus naïfs d’entre nous considèrent
qu’il suffit de changer les têtes du théâtre de Guignol pour que le
spectacle soit bien meilleur. Ecoutez attentivement le discours de tous
ces braves gens qui veulent nous mitonner un gentil petit gouvernement
sauce frontiste : droite-gauche, tous pourris (ils n’ont pas tort) ; il
suffit de mettre la bande à Marine au sommet du piédestal pour que tous
les maux de la République soient guéris. Ces gens-là sont « vierges » en
politique ; ils ont des idées ; pourquoi ne pas essayer ? Sachez que ce
discours est suffisamment con pour être véritablement dangereux. Ces
gens-là, figurez-vous, on les a déjà vus au pouvoir, un peu de partout
et y’a pas si longtemps que ça dans l’histoire. On a déjà vu ce que
leurs idées politiques avaient de calamiteux et d’ignoble. Il faut faire
attention à ce qui se cache derrière les paillettes et la poudre aux
yeux ! A l’époque, ils ne prenaient pas la peine de se dissimuler sous
une peau d’agneau comme ils le font depuis quelques temps… Le bâton se
cache derrière la carotte, mais ce sont toujours les mêmes qui paieront
la facture… Vous le trouvez vraiment « nouveau » le discours contre les
immigrés, les Juifs, les Arabes, les Chômeurs, les Homosexuels, les
Artistes dégénérés…. tous responsables de la ruine de notre grande
Nation ? Soit vous êtes sourds et aveugles, soit vous êtes frappés par
une grave crise d’amnésie. Autant vous rassurer tout de suite, il n’y a
rien de neuf dans les idées d’une Le Pen, pas plus que dans celles d’un
Sarkozy, d’un Bayrou ou d’un Fabius (je suis fort tenté d’ajouter un
Mélenchon à la liste, mais j’aimerais bien garder quelques lecteurs !).
La pièce qu’ils nous jouent, ils l’ont déjà représentée à de multiples
reprises, avec un autre nom, un autre costume ou un langage un peu moins
bien étudié par leurs cabinets de communication. Arrêtons pour une fois
d’être les couillons de la farce. Il est grand temps de réinventer la
politique et d’en exclure tous les « professionnels » !
Aux
vrais maux, cherchons les vrais remèdes, comme disait mon cousin Hector
qui était rebouteux dans une tribu australe. Le mode de fonctionnement
de nos sociétés nous conduit d’abord à un envasement progressif du
cerveau, jusqu’à ce qu’on se reçoive un bon coup de rame sur le crâne et
qu’on se réveille dans un camp de rééducation parce qu’on n’a pas fait
la bonne croix au bon endroit sur le questionnaire à remplir pour le
ministère du Bien Public. Comme le disait si bien l’illustre Joseph
Déjacque : « à bas les chefs ! ». Que ce soit clair : nous ne voulons
pas de nouveaux chefs… nous voulons un autre modèle de gouvernance. Plus
de patrons, de députés, de ministres, de patrons qui s’engraissent sur
notre dos et se marrent bien quand on dénonce leurs turpitudes. Nous
voulons changer radicalement le mode d’organisation de cette société.
Heureusement que certains se bougent un peu dans notre bas monde et
cherchent d’autres procédures de fonctionnement. Un exemple ? Observez
ce qui se passe avec l’argent dans les S.E.L. La monnaie circule sur des
bases complètement différentes, rendant la spéculation totalement
impossible. Un billet qui ne circule pas et qui ne permet pas de
nouveaux échanges perd progressivement de sa valeur ! Les rapports
économiques sont automatiquement différents.
Certes une assemblée de tous les citoyens ne peut pas tout décider et peut être facilement manipulée par quelques beaux parleurs… Il faut imaginer des dispositifs qui permettent d’éviter la transformation d’une délégation temporaire de pouvoir en une représentation abstraite et incontrôlable. J’accepte l’autorité de mon cordonnier en ce qui concerne la réparation de mes chaussures ; s’il souhaite devenir chef de la fanfare municipale, il faudra qu’il explicite son projet, qu’il témoigne d’un minimum de connaissance de la musique et nous verrons à ce moment-là.
Certes une assemblée de tous les citoyens ne peut pas tout décider et peut être facilement manipulée par quelques beaux parleurs… Il faut imaginer des dispositifs qui permettent d’éviter la transformation d’une délégation temporaire de pouvoir en une représentation abstraite et incontrôlable. J’accepte l’autorité de mon cordonnier en ce qui concerne la réparation de mes chaussures ; s’il souhaite devenir chef de la fanfare municipale, il faudra qu’il explicite son projet, qu’il témoigne d’un minimum de connaissance de la musique et nous verrons à ce moment-là.
L’exemple
précédent vous fait sourire ? N’est-ce pourtant pas ce qui se passe à
l’heure actuelle dans les sphères du pouvoir ? Coco est ministre des
affaires étrangères et s’occupe de la diplomatie… Un petit remaniement
passe par là et il devient apte à s’occuper des finances publiques, des
marins, ou des gros céréaliers… Bien sûr me direz-vous, la fonction
n’est qu’honorifique. Le pouvoir réel se situe dans l’ombre des cabinets
; ce sont les « experts », les « techniciens », les « conseillers » qui
l’exercent. Il est rare que ces postes-là changent de titulaire d’un
remaniement à un autre. Les ministres, vous les avez élus ? Vous
connaissez leur nom à l’avance ? Et les nuées de technocrates qui
prolifèrent dans les salons, vous leur avez donné votre avis ? Vous leur
avez confié une quelconque mission ? Ils appellent cela « processus
démocratique » ? Foutaise ou escroquerie conviendraient mieux. Ils ont
défiguré cette prétendue démocratie dont ils prétendent être la figure
de proue. Plus que jamais ils me dégoûtent. Vous verrez que leur nom à
tous (ou presque – il y a toujours des saints) s’ajoutera un jour ou
l’autre au dictionnaire inachevé des politiciens véreux. D’ici là
joyeuses fêtes, mais dites-vous bien que, pendant ce temps-là, ils font
bombance sur votre future dépouille.
Au fait, le tome 1 de ce dictionnaire, il paraît quand ? Patience, je
viens de commencer et je n’en suis encore qu’à la lettre A.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire