Fin 2010 j’écrivais cela : « Devant l’apathie de nos concitoyens,
les patrons pourraient proposer de revenir à 10 H par jour, 2 semaines
de congés par an et diminuer les salaires de 30% ; ils n’auraient qu’à
dire qu’avec la mondialisation on ne peut pas faire autrement : « la
conjoncture économique nous oblige à prendre des mesures radicales » !
Ils pourraient aussi repousser l’âge de la retraite à 75 ans, supprimer
la sécurité sociale, et nous obliger à faire 8 jours de travail de
solidarité ! »
… Je suis sûr qu’à l’époque, nombreux se sont dit : « n’importe quoi, ça n’arrivera jamais ! » …
alors faites une liste de ce qui ne devait jamais arriver, vous allez
être surpris !
Le Medef, les banquiers, les rentiers, bref, toute la
grande bourgeoisie qui dirige la société et qui n’a jamais accepté la
plus petite avancée sociale, a compris qu’elle peut porter un coup
décisif pour liquider l’héritage de décennies de luttes ouvrières.
L’utopie du patronat n’est pas la même que la nôtre, c’est
sûr, mais la leur gagne du terrain. Une entreprise qui licencie et qui
distribue des supers bonus à ses cadres, c’est la réalité. Une banque au
bord de la faillite, soutenue par de l’argent public et qui donne des
primes exorbitantes à ses tradeurs, ça existe. Des biens publics qui
sont bradés à des copains, c’est vrai. Un président de la république
arrivant au pouvoir en annonçant que les caisses sont vides et qui en
même temps se double son salaire : c’était du domaine de l’impensable,
et pourtant … Et le suivant qui se prétend socialiste et qui fait cadeaux sur cadeaux au patronat, c’est ce qui se passe en ce moment !
Il y a 20 ans dans un conseil d’administration, un
actionnaire a dit : il nous faut une rentabilité à deux chiffres. Tous
ceux qui étaient présents ont dit : ce n’est pas possible, c’est de
l’utopie ! Et bien, les utopistes du capital ont prouvé à leurs
semblables que l’utopie n’était qu’une question de volonté : recul de
l’âge de la retraite pour les salariés, privatisation des entreprises publiques, démantèlement de l’école et de la santé, gel des salaires pour les pauvres et allégements fiscaux pour les plus riches …
Plus leur utopie avance, et plus nos libertés reculent.
Nous sommes capables d’être violents envers quelqu’un qui nous vole
notre voiture, mais nous acceptons que des gens pleins aux as, qui nous
méprisent et nous exploitent, précarisent notre avenir et celui de nos
enfants ! Beaucoup acceptent sans bouger que l’on nous prive de nos
droits, de notre système de santé, simplement parce que certain l’ont
décidé. Leur explication est simple : on ne peut pas faire autrement !.
Rappelons à ceux qui nous
rebattent les oreilles que la financiarisation est source de progrès
favorisant l’investissement, l’emploi et l’innovation, rappelons-leur
qu’avant la dérèglementation financière, sans les tradeurs, les fonds
d’investissement et les rendements à 20%, la croissance était de 5%, le
chômage et la dette nuls ou presque. Rappelez-vous, ce n’est pas si
vieux !!!.
Ce qui était impossible pour eux il y a 30 ans est super facile aujourd’hui.
Grâce aux luttes et aux legs de nos anciens, notre génération a été
pour beaucoup à l’abri du besoin, le monde du travail était soumis à des
règles, la protection sociale développée, les prix encadrés et l’avenir
ouvert.
Nous nous sommes donc laissés endormir. Pendant ce temps le
capital et le grand patronat n’ont jamais cessé de lutter contre cet état
de fait. Nous, nous avons baissé les bras.
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