Nous venons de vivre une scène d’hystérie collective, assez glaçante quand on y réfléchit deux minutes.
Pas
tous mais presque – il faudra faire le pointage – ont bondi sur
l’attentat terroriste, le plan Vigipirate écarlate renforcé, les mesures
à prendre car la guerre djihadiste est à nos portes, l'indispensable
loi sur le renseignement, les intellectuels qu’il faut faire taire... Tous
les experts en détection de poil salafiste nous expliquant les
ramifications de Daesh entre le Koweit, Sousse et Saint-Quentin
Fallavier…
Hollande,
depuis l’étranger, et sans la moindre info valable, annonce un
« attentat terroriste », et se rapatrie d’urgence pour un conseil de
défense. Le FN en transe… les « Républicains » qui n’en peuvent plus et
demandent des actes…
Même
nos braves amis musulmans du coin, sans réfléchir deux minutes, sont
allés se recueillir dans le calme (mais avec les télés) portant la mine
grave des combattants contre la barbarie islamiste…
Pourtant, il y avait d’emblée de quoi être prudent…
Une mort atroce, mais des cibles anonymes, une tentative d’explosion piteusement ratée, une action en solo, pas de revendication, et le type maîtrisé par un sapeur-pompier parce qu'il n'est pas armé...
À trois jours du crime, il ne reste plus grand-chose de l'attentat
terroriste… mais ça ne les empêche pas de parler, comme El-Blancos qui
dimanche soir nous fait le coup de la guerre des civilisations.
Civilisation de la manip’ contre celle de la vraie vie ?
Alors, les faits…
Voici ce qui ressortait de la presse hier soir, donc des infos distillées par les services de police.
Trois axes dans l’enquête : les déclarations du suspect, celles de son entourage, et la perquisition l’appartement.
Yassin
Salhi aurait reconnu avoir assassiné son employeur, dans le contexte
d’un conflit interpersonnel, crispé il y a deux jours après une fausse
manœuvre qui avait détruit du matériel coûteux. Les salariés ont été
témoins de cette altercation. De ce qu’écrit Le Monde, avec des guillemets, il a décapité son employeur avant de « jeter sa tête » contre le grillage pour « frapper les esprits », puis
il a foncé à bord de son véhicule contre un hangar de l’usine Air
Products, rempli de bouteilles de gaz afin de tout faire exploser,… et
donc lui aussi. Un geste aussi violent que désespéré.
Il conteste toute
motivation terroriste, et dénie la moindre portée religieuse à son
geste. On apprend aussi que le couple allait mal, qu’il avait eu une
scène de ménage la veille de l’acte, et que l’épouse parlait de divorce.
La
perquisition a été nulle : pas d’arme, pas de matériel de propagande.
Le processus opératoire est lui aussi très amateur : un couteau, une
arme à feu factice et des cibles de la vie de tous les jours, avec son
patron et l’usine qui est un client régulier. Il y a eu une
préméditation avec une mise en scène horrible et sommaire, mais rien ne
conduit à une piste « terroriste ». Toujours pas de revendication…
Attendons l’exploitation des ordinateurs et téléphones, et l’enquête de
personnalité.
Alors
que dire, au titre d’une analyse objective ? C’est un crime, atroce,
avec la mutilation de la victime, et ensuite une tentative de suicide en
voulant provoquer une gigantesque explosion. Une violence extrême et
soudaine, comme réponse à des faits qui relèvent du quotidien : un clash
avec le patron, et un couple qui bat de l’aile. Une saillie terrible de
violence, qui déferle sur tout. Les cours d’assises jugent de telles
affaires chaque semaine…
Face
à un esprit aussi vulnérable, la mise en scène permanente, jusqu’à
l’intoxication, des crimes de guerre ne peut-elle pas concourir à
enflammer la violence des plus fragiles ? Nous verrons ce qui sortira
de l’enquête...
Les
faits en cause ne sont pas une découverte pour la loi : le Code pénal
les a prévus et sanctionnés de longue date. Rien de neuf. Rien de neuf
non plus avec l’immaturité de notre classe dirigeante, experte pour
parler de ce qu’elle ne sait pas, et affoler la foule en mettant en
lumière ses propres peurs.
Un peu de calme...
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