vendredi 3 juillet 2015

Il faut poursuivre les dirigeants israéliens devant les cours internationales de justice

JPEG - 48.4 koHaneen Zoabi - MEM

La victime honore toujours la vérité tandis que celui qui en est responsable l’élude.

Israël refuse d’accepter, de discuter ou même simplement réfuter les conclusions tirées de l’étude de ses actions. Au lieu de cela, il se met, avec des discours haineux, à maudire et empêcher les délégations des Nations Unies d’entrer dans la Bande de Gaza. En attendant, nous bénissons toute enquête sérieuse concernant ce qui s’est produit et continue à se produire à Gaza, malgré le fait que nous n’ayons pas besoin d’un rapport des Nations Unies pour savoir qu’Israël s’est rendu coupable de crimes de guerre contre notre peuple.
Nous soutenons le rapport malgré le fait que ce n’est pas un acte officiel d’accusation contre Israël ni le résultat de procédures judiciaires. C’est juste un rapport présenté par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies (HRC).
Cependant, de tels rapports peuvent former la base pour le dépôt d’une plainte et la demande d’une enquête par la Cour Pénale Internationale (CPI) à La Haye. Le mépris affiché par Israël pour le rapport des Nations Unies est une raison suffisante pour que les cercles internationaux négligent les propres rapports [israéliens]. Ceux qui rejettent des rapports internationaux en les qualifiant « de rapports tachés de sang » prouvent leur incapacité à traiter objectivement un étude de cette sorte, même s’ils sont la raison d’être de cette même étude.
Nous ne sommes pas concernés par les réactions d’Israël ; nous sommes concernés par notre propre réaction et notre situation en tant que victime, avec un document qui forme une base légale pour poursuivre des tueurs d’enfants.
La réponse palestinienne devrait être que nous faisons bon accueil au rapport et à n’importe quelle recherche sérieuse et indépendante sur les crimes de guerre qui ont été commis. Nous acceptons également la recommandation du rapport d’entamer une démarche devant la CPI pour poursuivre les criminels de guerre, aussi bien que la recommandation des Nations Unies qu’Israël signe le Statut de Rome, d’autant plus que l’Autorité Palestinienne a signé ce document récemment.
Quant à ceux qui en Israël veulent « se consoler » par le soit-disant équilibre entre le coupable et la victime, ils prétendent que ce rapport est plus équilibré que le rapport Goldstone et allèguent que ce sont à la fois Israël et « les groupes armés palestiniens » qui sont des criminels de guerre. Cependant, la lecture du rapport montre que cette affirmation ne tient pas la route, et ceci pour les raisons suivantes.
Il fait référence au fait que le gouvernement israélien est responsable de la situation qui l’a amené à commettre des crimes de guerre, et il indique que ce qui s’est produit est dans le contexte du blocus [sur Gaza]. En effet, il est impossible de comprendre et d’évaluer ce que s’est produit à Gaza si l’on ne tient pas compte du blocus imposé par Israël, et qui est équivalent « à une punition collective » des Palestiniens.
Le rapport a également souligné le refus permanent d’Israël de coopérer avec le Conseil des Droits de l’Homme, allant jusqu’à refuser des laisser-passer à ses délégations pour entrer dans Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem. Les Nations Unies ont également noté que l’Égypte n’a pas permis à ses délégations d’entrer dans Gaza par le poste frontalier de Rafah. Ceci a forcé le HRC à recourir à 280 entrevues directes, 500 témoignages écrits et à l’étude des sites Web Israéliens gouvernementaux. Quant à l’Autorité Palestinienne, le rapport note qu’elle a coopéré avec le HRC.
L’étude met en évidence l’importance du crime en détaillant le niveau des destructions et le nombre de tués. Il attribue à Israël la part du lion des crimes commis, comptabilisant chaque meurtre. le rapport déclare qu’il y a au 2251 Palestiniens tués, dont 551 étaient des enfants, tandis que 11231 Palestiniens étaient blessés, avec parmi eux 3436 enfants. Quatre-cent trente enfants resteront avec des invalidités permanentes. En outre, l’attaque a rendu orphelins 1500 enfants, tuant des familles entières et rasant des quartiers entiers. De plus, 142 familles palestiniennes ont perdu au moins trois membres. Le rapport conclut que « le nombre de vies perdues et de blessés dans Gaza est à briser le coeur. »
Quant à la destruction et à la démolition de l’infrastructure de Gaza, le rapport précise que 18.000 maisons ont été démolies et que les lignes électriques, les circuits d’approvisionnements en eau et le réseau d’eaux usées ont subi le maximum de dommages. En plus de cela, 73 centres médicaux et des dizaines d’ambulances ont été détruits, et un demi-million de Palestiniens, soit 28% de la population de Gaza, a été réduite au statut de nouveaux réfugiés. Le rapport mentionne aussi la destruction par Israël des abris et des établissements des Nations Unies, dont des centres médicaux. Il note aussi qu’Israël a lancé 6.000 frappes aériennes, frappant dans leur grande majorité des zones résidentielles.
En outre, le rapport précise que 73 Israéliens ont été tués et 1600 blessés, dont 270 enfants. La résistance palestinienne a tiré 4881 fusées artisanales et 1753 obus de mortier depuis Gaza.
Tandis que le rapport emploie des expressions telles que « le traumatisme psychologique », « la crainte », « la panique », « le sens de la sécurité », « la vie quotidienne interrompue » et « la vie sous la menace persistante » pour décrire la situation en Israël, il emploie des expressions telles que « la destruction complète », « l’ampleur déchirante de la perte de vies humaines et de blessés », la « crise de sécurité » et « la répétition systématique des violations de Droits de l’Homme » pour décrire la situation dans Gaza.
Le HRC dénonce Israël non seulement pour l’importance et l’ampleur des destructions, mais également pour les tueries délibérées. Par exemple, Israël a délibérément bombardé des bâtiments pendant des repas de rupture du jeûne du mois du Ramadan ou la nuit tandis que chacun était endormi. Israël a bombardé les bâtiments habités tout en sachant qu’il y avait des civils à l’intérieur ; il n’a aucune excuse pour ses crimes de guerre.
La prétention par Israël d’avoir envoyé des avertissements aux habitants pour qu’ils évacuent leurs maisons a été déclarée comme nulle et non avenue par le HRC, qui précise que 44% de la bande de Gaza se compose d’espaces confinés et qu’il n’y a donc aucun lieu « sûr » à proximité pour s’y abriter.
Le rapport insiste sur le fait qu’Israël n’a pas fait tout qu’il pourrait avoir fait pour s’assurer qu’il ne tuait pas de civils et que son « ignorance » concernant ses opérations meurtrières aurait pu avoir été dissipée après quelques jours de bombardements. Cependant, les incursions ont continué de la même manière, ce qui indique qu’il y avait « un schéma pour les incursions », suggérant de ce fait qu’Israël visait à tuer autant de Palestiniens que possible. Il ajoute enfin que la reconstruction n’est pas un substitut ou une alternative à la levée complète et immédiate du siège imposé à Gaza.
Le rapport des Nations Unies présente au niveau international une occasion de juger Israël responsable, et une occasion pour que le peuple de Palestine et les officiels palestiniens exigent qu’Israël signe le Statut de Rome.

Nous devons soumettre ce rapport devant la Cour International de Justice, en étant déterminés à agir ainsi dans l’intérêt des luttes de notre peuple et de l’immuabilité héroïque de Gaza.

* Haneen Zoabi est députée palestinienne israélienne à la Knesset. Elle a été cette année réélue sur la liste Arabe Unie.

Photo : AP - Juillet-août 2014 - Un père amène sa fille, blessée dans un bombardement israélien, de toute urgence à l’hôpital al-Shifah de Gaza. Tuer ou blesser des enfants n’a jamais été un problème pour l’armée d’occupation. 

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