La victime honore toujours la vérité tandis que celui qui en est responsable l’élude.
Israël refuse d’accepter, de discuter ou même simplement réfuter les
conclusions tirées de l’étude de ses actions. Au lieu de cela, il se
met, avec des discours haineux, à maudire et empêcher les délégations
des Nations Unies d’entrer dans la Bande de Gaza. En attendant, nous
bénissons toute enquête sérieuse concernant ce qui s’est produit et
continue à se produire à Gaza, malgré le fait que nous n’ayons pas
besoin d’un rapport des Nations Unies pour savoir qu’Israël s’est rendu
coupable de crimes de guerre contre notre peuple.
Nous soutenons le rapport malgré le fait que ce n’est pas un acte
officiel d’accusation contre Israël ni le résultat de procédures
judiciaires. C’est juste un rapport présenté par le Conseil des Droits
de l’Homme des Nations Unies (HRC).
Cependant, de tels rapports peuvent former la base pour le dépôt
d’une plainte et la demande d’une enquête par la Cour Pénale
Internationale (CPI) à La Haye. Le mépris affiché par Israël pour le
rapport des Nations Unies est une raison suffisante pour que les cercles
internationaux négligent les propres rapports [israéliens]. Ceux qui
rejettent des rapports internationaux en les qualifiant « de rapports
tachés de sang » prouvent leur incapacité à traiter objectivement un
étude de cette sorte, même s’ils sont la raison d’être de cette même
étude.
Nous ne sommes pas concernés par les réactions d’Israël ; nous sommes
concernés par notre propre réaction et notre situation en tant que
victime, avec un document qui forme une base légale pour poursuivre des
tueurs d’enfants.
La réponse palestinienne devrait être que nous faisons bon accueil au
rapport et à n’importe quelle recherche sérieuse et indépendante sur
les crimes de guerre qui ont été commis. Nous acceptons également la
recommandation du rapport d’entamer une démarche devant la CPI pour
poursuivre les criminels de guerre, aussi bien que la recommandation des
Nations Unies qu’Israël signe le Statut de Rome, d’autant plus que
l’Autorité Palestinienne a signé ce document récemment.
Quant à ceux qui en Israël veulent « se consoler » par le soit-disant
équilibre entre le coupable et la victime, ils prétendent que ce
rapport est plus équilibré que le rapport Goldstone
et allèguent que ce sont à la fois Israël et « les groupes armés
palestiniens » qui sont des criminels de guerre. Cependant, la lecture
du rapport montre que cette affirmation ne tient pas la route, et ceci
pour les raisons suivantes.
Il fait référence au fait que le gouvernement israélien est
responsable de la situation qui l’a amené à commettre des crimes de
guerre, et il indique que ce qui s’est produit est dans le contexte du
blocus [sur Gaza]. En effet, il est impossible de comprendre et
d’évaluer ce que s’est produit à Gaza si l’on ne tient pas compte du
blocus imposé par Israël, et qui est équivalent « à une punition
collective » des Palestiniens.
Le rapport a également souligné le refus permanent d’Israël de
coopérer avec le Conseil des Droits de l’Homme, allant jusqu’à refuser
des laisser-passer à ses délégations pour entrer dans Gaza, la
Cisjordanie et Jérusalem. Les Nations Unies ont également noté que
l’Égypte n’a pas permis à ses délégations d’entrer dans Gaza par le
poste frontalier de Rafah. Ceci a forcé le HRC à recourir à 280
entrevues directes, 500 témoignages écrits et à l’étude des sites Web
Israéliens gouvernementaux. Quant à l’Autorité Palestinienne, le rapport
note qu’elle a coopéré avec le HRC.
L’étude met en évidence l’importance du crime en détaillant le niveau
des destructions et le nombre de tués. Il attribue à Israël la part du
lion des crimes commis, comptabilisant chaque meurtre. le rapport
déclare qu’il y a au 2251 Palestiniens tués, dont 551 étaient des
enfants, tandis que 11231 Palestiniens étaient blessés, avec parmi eux
3436 enfants. Quatre-cent trente enfants resteront avec des invalidités
permanentes. En outre, l’attaque a rendu orphelins 1500 enfants, tuant
des familles entières et rasant des quartiers entiers. De plus, 142
familles palestiniennes ont perdu au moins trois membres. Le rapport
conclut que « le nombre de vies perdues et de blessés dans Gaza est à
briser le coeur. »
Quant à la destruction et à la démolition de l’infrastructure de
Gaza, le rapport précise que 18.000 maisons ont été démolies et que les
lignes électriques, les circuits d’approvisionnements en eau et le
réseau d’eaux usées ont subi le maximum de dommages. En plus de cela, 73
centres médicaux et des dizaines d’ambulances ont été détruits, et un
demi-million de Palestiniens, soit 28% de la population de Gaza, a été
réduite au statut de nouveaux réfugiés. Le rapport mentionne aussi la
destruction par Israël des abris et des établissements des Nations
Unies, dont des centres médicaux. Il note aussi qu’Israël a lancé 6.000
frappes aériennes, frappant dans leur grande majorité des zones
résidentielles.
En outre, le rapport précise que 73 Israéliens ont été tués et 1600
blessés, dont 270 enfants. La résistance palestinienne a tiré 4881
fusées artisanales et 1753 obus de mortier depuis Gaza.
Tandis que le rapport emploie des expressions telles que « le
traumatisme psychologique », « la crainte », « la panique », « le sens
de la sécurité », « la vie quotidienne interrompue » et « la vie sous la
menace persistante » pour décrire la situation en Israël, il emploie
des expressions telles que « la destruction complète », « l’ampleur
déchirante de la perte de vies humaines et de blessés », la « crise de
sécurité » et « la répétition systématique des violations de Droits de
l’Homme » pour décrire la situation dans Gaza.
Le HRC dénonce Israël non seulement pour l’importance et l’ampleur
des destructions, mais également pour les tueries délibérées. Par
exemple, Israël a délibérément bombardé des bâtiments pendant des repas
de rupture du jeûne du mois du Ramadan ou la nuit tandis que chacun
était endormi. Israël a bombardé les bâtiments habités tout en sachant
qu’il y avait des civils à l’intérieur ; il n’a aucune excuse pour ses
crimes de guerre.
La prétention par Israël d’avoir envoyé des avertissements aux
habitants pour qu’ils évacuent leurs maisons a été déclarée comme nulle
et non avenue par le HRC, qui précise que 44% de la bande de Gaza se
compose d’espaces confinés et qu’il n’y a donc aucun lieu « sûr » à
proximité pour s’y abriter.
Le rapport insiste sur le fait qu’Israël n’a pas fait tout qu’il
pourrait avoir fait pour s’assurer qu’il ne tuait pas de civils et que
son « ignorance » concernant ses opérations meurtrières aurait pu avoir
été dissipée après quelques jours de bombardements. Cependant, les
incursions ont continué de la même manière, ce qui indique qu’il y avait
« un schéma pour les incursions », suggérant de ce fait qu’Israël
visait à tuer autant de Palestiniens que possible. Il ajoute enfin que
la reconstruction n’est pas un substitut ou une alternative à la levée
complète et immédiate du siège imposé à Gaza.
Le rapport des Nations Unies présente au niveau international une
occasion de juger Israël responsable, et une occasion pour que le peuple
de Palestine et les officiels palestiniens exigent qu’Israël signe le
Statut de Rome.
Nous devons soumettre ce rapport devant la Cour
International de Justice, en étant déterminés à agir ainsi dans
l’intérêt des luttes de notre peuple et de l’immuabilité héroïque de
Gaza.
* Haneen Zoabi est députée palestinienne israélienne à la Knesset. Elle a été cette année réélue sur la liste Arabe Unie.
Photo :
AP - Juillet-août
2014 - Un père amène sa fille, blessée dans un bombardement israélien,
de toute urgence à l’hôpital al-Shifah de Gaza. Tuer ou blesser des
enfants n’a jamais été un problème pour l’armée d’occupation.
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