Ça fait du bien d’écouter les gens qui ont des choses à dire… parce qu’ils savent ce dont il parle. Par exemple António Guterres, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) qui parle des réfugiés.
L’ami António a publié hier un rapport faisant le point sur les six premiers mois en Méditerranée. Retour au réel.
Les chiffres…
Le
nombre de personnes concernées est en très nette augmentation : 137.000
sur ces six mois contre 75.000 sur la même période l’an dernier, soit
une hausse de 83%.
Les années antérieures, les plus gros chiffres ont été enregistrés sur la seconde partie de l’été. En 2014, on était passé de 75.000 à 219.000, et il faut attendre un mouvement de même nature.
L’immense majorité sont des réfugiés
Un
tiers sont des ressortissants syriens. Les deuxième et troisième pays
d'origine sont l'Afghanistan et l'Érythrée. Viennent ensuite la Somalie,
le Nigeria, l'Irak et le Soudan.
Vu la situation dans ces pays, la quasi-totalité doit pouvoir bénéficier du statut de réfugié, au sens du droit international.
L’ami
António souligne pour ceux qui ne veulent pas voir les évidences : « La
grande majorité des 137.000 personnes ayant traversé la mer
Méditerranée vers l'Europe durant les six premiers mois de 2015 fuyaient
la guerre, le conflit ou les persécutions, ce qui fait de la crise
méditerranéenne principalement une crise de réfugiés. Alors que l'Europe
débat de la meilleure façon de gérer la crise qui s'aggrave en
Méditerranée, nous devons être clairs : la plupart des personnes qui
arrivent par la mer en Europe sont des réfugiés »
Quels sont les trajets ?
Pour
ce qui est des arrivées maritimes, l'itinéraire de l'est de la
Méditerranée depuis la Turquie vers la Grèce a désormais dépassé celui
de la Méditerranée centrale, depuis l'Afrique du Nord vers l'Italie :
sur les six premiers mois, 68.000 par la Grèce, et 67.500 par l'Italie. La Turquie
est le pays qui accueille le plus de réfugiés au monde, aux environs de
deux millions de personnes, et une part, lassée par la terrible vie
dans les camps, tente ensuite sa chance vers l’Europe. 70.000 sur deux
millions, une goutte d’eau. La Turquie assume les deux millions, et
l’Europe rejette les 70.000.
La
Grèce est totalement défaillante, offrant moins de 2.000 places
d'accueil. De réfugiés poursuivent alors vers la Serbie, la Hongrie et
la Macédoine, où désormais arrivent chaque jour plus de 1.000 personnes.
Un itinéraire d’enfer, avec ces personnes si vulnérables livrées au pire
mafieux. Mais par chance, il n’y a pas de caméras… C’est le chemin de
la survie pour espérer atteindre l’Allemagne ou l’Europe du Nord.
La responsabilité de l’Europe
Je
cite l’ami António : « L'Europe a une responsabilité claire pour aider
les personnes en quête de protection après qu'elles aient fui la guerre
et la persécution. Renier cette responsabilité menace les fondements
même du système humanitaire que l'Europe a difficilement construit. Les
pays européens doivent assumer leur juste part de la réponse à la crise des réfugiés, sur leur propre territoire et dans d'autres Etats. »
Pour
ce qui est de la France, le choix est fait de renier nos obligations
internationales, nos droits constitutionnels, et le respect des droits
fondamentaux de la personne. C’est aussi nier l’autorité du Haut Comité
pour les Réfugiés. J’espère que les assos qui travaillent auprès de ces
personnes préparent un gigantesque recours en responsabilité. Pour le
premier argument de la requête, il suffira de reprendre ce qu’écrit : « L'Europe a une responsabilité claire… ».
Très
bien. Pour le reste, nous attendrons le prochain discours d’un
encravaté moyen sur les « valeurs de la République », pour lui dire en
toute amitié : « Ton discours, tu peux te le caler dans le train ».
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