vendredi 3 juillet 2015

Méditerranée : Les migrants… sont des réfugiés

camps-de-refugie-syriens-2.jpgGilles Devers

Ça fait du bien d’écouter les gens qui ont des choses à dire… parce qu’ils savent ce dont il parle. Par exemple António Guterres, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) qui parle des réfugiés.
L’ami António a publié hier un rapport faisant le point sur les six premiers mois en Méditerranée. Retour au réel.
Les chiffres…
Le nombre de personnes concernées est en très nette augmentation : 137.000 sur ces six mois contre 75.000 sur la même période l’an dernier, soit une hausse de 83%.
Les années antérieures, les plus gros chiffres ont été enregistrés sur la seconde partie de l’été. En 2014, on était passé de 75.000 à 219.000, et il faut attendre un mouvement de même nature.
L’immense majorité sont des réfugiés
Un tiers sont des ressortissants syriens. Les deuxième et troisième pays d'origine sont l'Afghanistan et l'Érythrée. Viennent ensuite la Somalie, le Nigeria, l'Irak et le Soudan.
Vu la situation dans ces pays, la quasi-totalité doit pouvoir bénéficier du statut de réfugié, au sens du droit international.
L’ami António souligne pour ceux qui ne veulent pas voir les évidences : « La grande majorité des 137.000 personnes ayant traversé la mer Méditerranée vers l'Europe durant les six premiers mois de 2015 fuyaient la guerre, le conflit ou les persécutions, ce qui fait de la crise méditerranéenne principalement une crise de réfugiés. Alors que l'Europe débat de la meilleure façon de gérer la crise qui s'aggrave en Méditerranée, nous devons être clairs : la plupart des personnes qui arrivent par la mer en Europe sont des réfugiés »
Quels sont les trajets ?
Pour ce qui est des arrivées maritimes, l'itinéraire de l'est de la Méditerranée depuis la Turquie vers la Grèce a désormais dépassé celui de la Méditerranée centrale, depuis l'Afrique du Nord vers l'Italie : sur les six premiers mois, 68.000 par la Grèce, et 67.500 par l'Italie. La Turquie est le pays qui accueille le plus de réfugiés au monde, aux environs de deux millions de personnes, et une part, lassée par la terrible vie dans les camps, tente ensuite sa chance vers l’Europe. 70.000 sur deux millions, une goutte d’eau. La Turquie assume les deux millions, et l’Europe rejette les 70.000.  
La Grèce est totalement défaillante, offrant moins de 2.000 places d'accueil. De réfugiés poursuivent alors vers la Serbie, la Hongrie et la Macédoine, où désormais arrivent chaque jour plus de 1.000 personnes. Un itinéraire d’enfer, avec ces personnes si vulnérables livrées au pire mafieux. Mais par chance, il n’y a pas de caméras… C’est le chemin de la survie pour espérer atteindre l’Allemagne ou l’Europe du Nord.
La responsabilité de l’Europe
Je cite l’ami António : « L'Europe a une responsabilité claire pour aider les personnes en quête de protection après qu'elles aient fui la guerre et la persécution. Renier cette responsabilité menace les fondements même du système humanitaire que l'Europe a difficilement construit. Les pays européens doivent assumer leur juste part de la réponse à la crise des réfugiés, sur leur propre territoire et dans d'autres Etats. »
Pour ce qui est de la France, le choix est fait de renier nos obligations internationales, nos droits constitutionnels, et le respect des droits fondamentaux de la personne. C’est aussi nier l’autorité du Haut Comité pour les Réfugiés. J’espère que les assos qui travaillent auprès de ces personnes préparent un gigantesque recours en responsabilité. Pour le premier argument de la requête, il suffira de reprendre ce qu’écrit : « L'Europe a une responsabilité claire… ».
Très bien. Pour le reste, nous attendrons le prochain discours d’un encravaté moyen sur les « valeurs de la République », pour lui dire en toute amitié : « Ton discours, tu peux te le caler dans le train ». 

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