Il y a bien longtemps que personne ne peut plus croire, de
bonne foi, que les Etats-Unis soient réellement l'arbitre impartial
qu'ils prétendent être entre Israël et les Palestiniens.
L'importance
stratégique et économique d'Israël pour l'empire américain, ainsi que
l'influence d'un lobby riche, puissant et incroyablement actif à tous
les niveaux du pouvoir étatsunien ne pouvait laisser aucune illusion à
cet égard.
Mais c'est plus grave encore qu'on ne pouvait l'imaginer. On apprend
en effet que le secrétaire d’Etat (le ministre des Affaires étrangères) John Kerry a été propriétaire d’actions de Noble Energy pour une valeur d’un million de dollars, et ce jusqu'en 2013. Noble Energy est une firme américaine basée au Texas, impliquée dans la spoliation par Israël d'énormes réserves de gaz naturel sous-marines, au large des côtes de Gaza. Des milliards de dollars sont en jeu.
La question de la propriété des gisements de gaz naturel sous les
eaux de la Méditerranée est politiquement très sensible en Israël. Noble Energy et Delek se partageaient le monopole du champ gazier baptisé Leviathan, qui devrait être réparti entre Israël, l'Egypte et la Jordanie, sans oublier la Palestine (avec qui personne, bien entendu, n'a envie de partager).
En Israël, des voix se sont élevées pour réclamer la nationalisation
d'une grande partie des réserves de gaz naturel, et l'autorité
anti-trust a exigé que le groupe soit scindé. Le commissaire de
l’Autorité antitrust David Gilo a annulé le 23 décembre 2014 le partenariat permettant à Noble et à Delek de développer les sites Leviathan et Tamar,
suite à des objections sur le prix auquel les entreprises se
préparent à vendre du gaz à l’économie israélienne. Le gouvernement
Netanyahou a manoeuvré pour contourner n'autorité anti-trust, afin de
faire passer un compromis avec les propriétaires des champs de gaz
naturel Leviathan et Tamar. En mai, Gilo
a démissionné en signe de protestation après l’initiative du
gouvernement laissant le conglomérat américain et son partenaire
israélien seuls opérateurs des deux gisements de gaz offshore.
Tout cela a donné lieu à de nombreuses tractations politiques, auxquelles John Kerry
a été mêlé en sa qualité de Secrétaire d'Etat U.S., puisqu'il aurait
contribué à mettre sur pied, en septembre 2014, une entente entre le
gouvernement jordanien et les propriétaires israéliens du champ de gaz Leviathan. En décembre, il a poussé le Premier ministre israélien à signer des accords d’approvisionnement énergétique impliquant Noble, après l’échec de l’accord avec la Jordanie.
En 2013, Israël a décidé d’exporter 40 % des découvertes de gaz
qu'Israël s'approprie, pour passer de simple importateur d’énergie à
acteur mondial majeur dans le marché du gaz, sans évidemment tenir aucun
compte des droits des Palestiniens.
On l'aura compris, le Secrétaire d'Etat Kerry, ayant
placé une partie de sa fortune en actions d'une société U.S. associée à
un partenaire israélien, en situation de duopole, était tout sauf un
arbitre désintéressé et loyal quand il intervenait, tantôt ouvertement
tantôt en sous-main, pour favoriser cette société et les intérêts
stratégiques d'Israël et (éventuellement) des Etats-Unis.
Pour la Palestine
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