
Abordant
l’affaire de Madame Jacqueline Sauvage, je dois être encore plus
prudent que d’habitude car cette femme sexagénaire, condamnée à 10 ans
de prison, purge sa peine, et je sais à quel point la détention est une
épreuve… Mais si je peux parler de cette affaire, c’est parce qu’elle
est médiatisée sans aucune retenue par la famille.
Le
blog parle très peu des procès en cours d’assises, car vu de
l’extérieur, nous disposons d’éléments beaucoup trop partiels pour faire
une analyse. Cela étant, dans cette affaire devenue hyper médiatique,
plusieurs points interrogent d’emblée un cerveau raisonnable.
D’abord, la mise en scène de Hollande se transformant en Saint-Louis sous son chêne,
et qui prend l’air grave pour annoncer qu’il va peut-être inverser les
verdicts concordants de deux cour d’assises. Brrr... Le tout dans une
campagne médiatique et politique invraisemblable. Les concerts de
courges et de cornichons, on connait, mais quand les solistes sont
Hidalgo, NKM et Cohn-Bendit, ça craint.
Ensuite,
l’invraisemblance de cette affaire telle qu’elle est racontée par la
presse : une femme violentée par son mari pendant 47 ans – l’enfer
pendant 47 ans ! – trois filles victimes d’inceste, un fils qui se
suicide dans ce contexte, le lendemain une nouvelle scène de violence
contre la femme, qui tire en réplique pour se protéger… Et malgré cela,
deux cours d’assises qui prononcent un verdict de 10 ans de réclusion
pour meurtre. Bizarre, car si des décisions de justice peut souvent être
critiquables, elles sont rarement débiles.
J’ai donc un peu creusé, et les surprises n’ont pas manqué.
1/
Après le verdict en appel, il n’y a pas eu de pourvoi en cassation,
lequel peut être une ouverture vers la Cour européenne des droits de
l’homme. Surprenante attitude de celui qui proclame son innocence mais
n’exerce pas les voies de recours.
2/ Service de routine devant les juges et grand bazar devant les médias, c’est un usage tribal qui devient tendance – Kerviel number one – mais qui ne risque pas de m’émouvoir.
3/
La justice c’est le contradictoire, c’est-à-dire la capacité de dégager
deux thèses en opposition avant de trancher. Or, j’ai fait le test via
internet, et toutes les publications sont à sens unique. Extrêmement
difficile de trouver un point de vue soutenant la thèse opposée...
c’est-à-dire celle qui a été retenue par la justice à deux reprises. Ce
en rappelant qu’en cour d’assises, les jurés sont majoritaires, et les
petits délires sur l’appareil judiciaire peuvent aller faire coucouch’
panier, papates en rond.
4/
On parle de 47 ans de violences, et je m’attends donc à trouver de
sérieuses références sur les plaintes qui ont été posées et les
condamnations prononcées contre le mari. Sauf que je ne trouve rien...
et même pas l’engagement d’une procédure de divorce. Ce qui devrait au
minimum amener notre brave presse à se poser des questions…
5/
Les trois filles victimes d’actes incestueux… filles qui sont majeures
depuis 20 à 30 ans… mais qui n'ont jamais posé plainte. Rien n’est
impossible, mais là encore ça pose question…
6/
Et la légitime défense ! De tout ce que j’ai lu, je comprends la scène
de cette manière. Le type rentre chez lui. Il n’est pas content parce
que le repas n’est pas prêt, frappe sa femme au visage, et va
s’installer plus loin pour boire un whisky. Toute violence est
inadmissible, c’est un principe sacré, mais chaque chose se mesure, et
il s’agissait de violences légères avec de trois jours d’incapacité. La
femme quitte la pièce où elle était, monte à l’étage chercher un fusil,
place les balles, redescend et tire trois balles dans le dos de son
mari, pendant que celui-ci buvait tranquillement son whisky. Alors ça,
chères amies, chers amis, si vous voulez me dire que c’est une scène de
légitime défense, et bien il va falloir solidement argumenter. Parce que
si c’est le cas, la vie en société va vraiment devenir compliquée.
Bref,
j’en étais à conclure à une saumâtre soupe médiatique contre une
justice qui a cherché honnêtement à remplir sa mission, mais je restais
insatisfait car il y avait tout de même peu d’éléments
circonstanciels dans la presse.
Mais là j’ai trouvé une très intéressante tribune de ma consœur Maître Florence Rault, dans Le Figaro,
qui connaît le dossier, et donne de nombreux éléments confortant ce qui
ne résultait que de mon intuition. Elle s’exprime sous son nom et parle
de faits très circonstanciés, ce qui signifie qu’elle en assume la
responsabilité et cela donne crédit à son texte.
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