À partir du lundi 1er février, des pastilles d’iode seront distribuées à
quelques millions de personnes par les municipalités et les pharmacies
situées dans un rayon de dix kilomètres autour des centrales nucléaires.
Il y en aura pour le tout le monde. La dernière distribution a été
organisée en 2009. Premier problème : le temps de péremption de ces
pastilles destinées à éviter certains effets dus à un rejet de
radioactivité liés à un incident ou à un accident est de cinq ou six
ans. Manque donc un an. Seconde difficulté : au bout d’un certain temps –
deux à trois ans établissent les enquêtes –, les familles ne savent
plus où sont rangées ces sacrées pilules. Comme d’ailleurs les mairies
qui doivent en conserver un stock important dans des cartons dont tout
le monde oublie rapidement où ils ont été entassés et dans quelles
conditions de température et d’hygrométrie.
Dans le fond, si l’on peut dire, ce n’est pas vraiment grave, car ce «
médicament » vise simplement à éviter la fixation de l’iode radioactif,
rejeté lors d’un accident, sur la glande thyroïde. Pas plus. Rien ne
peut éviter la contamination par tous les autres effluents radioactifs
rejetés (plutonium, par exemple). Mais il y a plus étonnant encore : sur
les affichettes et les modes d’emploi qui accompagnent les pastilles on
peut lire qu’elles doivent être prises « deux heures avant l’exposition »
et que leur effet ne dure que six heures. Ce qui implique d’abord que
les habitants touchés connaissent à l’avance l’heure de l’accident et
qu’ensuite ils se débrouillent. Le plus ridicule, c’est qu’une autre
instruction, émanant des autorités, précise qu’il ne faut surtout pas
prendre la pastille avant d’en avoir reçu l’ordre par les responsables
de la préfecture ou par la salle de crise de l’IRSN (Institut de
Radioprotections et de Sureté Nucléaire) située à Fontenay-aux-Roses et
qui a pour tâche de suivre en direct tous les développements des
accidents nucléaires.
Quand on les interroge, les ingénieurs de cet organisme ne cachent
pas qu’ils sont tout à fait sceptiques sur l’utilité de l’iode. Tout
comme ils sont pour l’instant incapables de dire si, en cas d’accident,
il est préférable de s’enfermer dans une maison calfeutrée ou de s’en
aller le plus vite et le plus loin possible. Les deux thèses
s’affrontent depuis longtemps. D’autant plus que les habitants devant
être informés d’un accident pas la sirène de la centrale (un code que
99% des personnes ignorent), il n’est pas vraiment certain qu’elle soit
entendue dans un rayon de dix kilomètres.
Les mouvements écologiques et les associations environnementales
ajoutent que si l’accident se produit quand il fait du vent, la zone
irradiée dépassera en quelques minutes largement les dix kilomètres, au
moins dans une direction, comme l’ont prouvé les exemples de Tchernobyl
et de Fukushima.
La distribution de la pastille ne serait donc guère autre chose
qu’une (très coûteuse) opération de communication destinée à faire
avaler la pilule nucléaire aux Français concernés.
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