samedi 12 mars 2016

Pitié pour Seux, contraint de se raccrocher aux dentelles

Résultat de recherche d'images pour "logo arret sur images"Daniel Schneidermann             

Au secours ! Ayez pitié d'eux ! Fournissez-leur des arguments, d'urgence ! N'importe lesquels, mais des arguments.
 
Dans la débâcle des éléments de langage (soulignée ici hier) (1) des défenseurs du projet de loi El Khomri, les voici contraints de se saisir précipitamment de tout ce qui passe à portée. Infortuné Dominique Seux, acculé ce matin à se raccrocher aux dentelles (2) de La Perla. Je précise.*
Les dentelles de La Perla sont cousues dans une dentellerie calaisienne, Desseilles, l'une des dernières en France à posséder ce savoir-faire. Et cette dentellerie est menacée de fermeture. Pourquoi ? La faute à "la justice" dit Seux, (on y est), cette justice "ubuesque" qui vient de condamner l'entreprise à réintégrer, et indemniser, neuf salariés protégés abusivement licenciés. Qu'importe si en l'occurence, il s'agit d'un jugement du tribunal administratif, (3) et non pas des prudhommes (lesquels n'ont pas encore fixé les indemnités à accorder aux réintégrés). On ne va pas s'arrêter à ces détails.
 
Vous ne connaissez pas encore la dentellerie Desseilles ? 
 
Vous allez la connaître. Voici quelques jours, c'est le 20 Heures de Pujadas, qui nous la faisait visiter, également sur le thème des conséquences néfastes des décisions ubuesques des prudhommes, reportage décortiqué ici par acrimed (4). Le reportage de France 2 (comme cet autre du Monde (5), par exemple) ne donnait la parole qu'à la direction, et à des salariés hostiles à la réintégration des licenciés (à la différence par exemple de ce reportage de Libé (6), qui a réussi à faire parler des responsables de la CFDT). Mais Acrimed, facétieux, a retrouvé un reportage du 13 Heures de TF1 du 26 février 2015 (7). Bien avant, donc, la décision fatidique du tribunal administratif de Lille. Et déjà Desseilles, menacée de fermeture, avait lancé à l'époque un appel aux dons, relayé avec émotion par Pernaut, au nom du patrimoine en  danger.
 
Le "cas Desseilles" est manifestement complexe, et l'histoire de cette déconfiture reste à écrire (au moins dans Les Echos, voir ci-dessous).
 
Mais cela n'a nullement arrêté Dominique Seux, qui conclut ainsi sa chronique matinale : "Je ne sais pas si les dirigeants ont mal géré ou gèrent mal Desseilles. Peut-être que oui, ou peut-être que non. Je ne sais pas si l'activité de dentellerie est viable. Mais qu'on le regrette ou pas, cela ne change rien". Dominique Seux est directeur délégué de la rédaction des Echos. Je ne connais pas à l'unité près l'effectif de la rédaction des Echos, mais sans doute le quotidien de Bernard Arnault dispose-t-il au moins d'un reporter spécialisé, qui pourrait se rendre d'urgence à Calais (localité accessible par la gare du Nord, laquelle est elle-même accessible par la ligne 4 du métro parisien) et enquêter sur les causes profondes des déboires de la dentellerie Desseilles. Après quoi, Dominique Seux pourrait enfin gratifier les auditeurs de France Inter d'une chronique informée.
 
Quels qu'en soient les résultats, on s'engage à y accorder ici toute la place nécessaire.
 

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