Un
agent de la CIA planqué en consul qui livre un militant démocratique à
un régime pourri et sanguinaire. Un complot, un vrai, et c’est comme ça
qu’a été arrêté Nelson Mandela. Désolé pour ceux qui croient que la CIA est une sorte de centre social et philosophique.
En
1962, l’apartheid vivait sa vie heureuse en Afrique du Sud, et le monde
occidental – le monde des valeurs –soutenait ce bon régime qui
combattait les antiracistes du Congrès national africain, l’ANC.
Nelson
Mandela, 44 ans, était leur leader, très précisément le dirigeant de la
branche militaire de l’ANC. Car la lutte pour les droits de l’homme
peut passer par la lutte armée. Mandela expliquait que c’est
l’oppresseur, par ses méthodes, qui désigne les armes
que doit utiliser la résistance. Relaxé en 1961 lors d’un long procès
médiatisé, Mandela avait ensuite choisi la clandestinité, sous le nom de
David Motsamayi, exerçant comme chauffeur d’un éthiopien blanc. Leader redouté d’une lutte implacable, il s’était mis à l’abri.
Tout a basculé le 5 août 1962, quand Mandela a été arrêté à un barrage de la police, près de Durban. Direction la prison, pour en sortir vingt-huit ans plus tard.
Une dénonciation ? Oui… mais de qui ? Qui avait bien pu le livrer aux patrons de l’apartheid ?
Tout le monde pensait que c’était une réalisation des Etats-Unis (Amérique du Nord, territoire indien occupé), qui étaient le soutien number one du régime d’apartheid, par haine du communisme et amour de l’uranium.
Alors qui ?
L’info vient du réalisateur britannique John Irvin, via une interview au Sunday Times. John Irvin, dans le cadre de la préparation d’un film Mandela's gun – la vie de Mandela armé – avait reçu les confidences l’ex-vice-consul à Durban, Donald Rickard, peu avant sa mort. Un agent de la CIA planqué en vice-consul, qui a reconnu être l’auteur de la dénonciation.
« J’ai
découvert quand il venait à Durban, et comment il venait... C’est à
partir de là que j’ai été impliqué et que Mandela a été attrapé », a
confié Rickard. Il explique que, pour ses patrons, « Mandela était le
plus dangereux des communistes hors URSS ». Dès lors, pas de scrupule
pour le livrer aux chiens : « Il aurait pu déclencher une guerre en
Afrique du Sud. Les Etats-Unis y auraient été impliqués contre leur gré
et les choses auraient pu tourner au désastre. Nous dansions au bord du
gouffre et il fallait que ça cesse, et donc que Mandela soit arrêté.
J'ai mis un terme à cela ».
L’interview
est d’autant plus intéressante qu’elle confirme des soupçons. En 1978, à
la fin de sa mission en Afrique du Sud, le mec avait raconté à des
proches sa fierté d’avoir fait tomber Mandela. En 1990, juste après la
libération de Mandela, l'agence Cox News avait rapporté le propos du patron de la CIA à Pretoria, Paul Eckel
: « Nous avons livré Mandela à la branche sécurité sud-africaine. Nous
leur avons donné tous les détails : comment il serait habillé, l’heure
de la journée, où il serait exactement. Ils l’ont ramassé. C’est un de
nos plus beaux coups ».
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