mercredi 11 mai 2016

C’est le printemps... !

Jean Ortiz     

À défaut du contraire, amenons la campagne à la ville. Vieille aspiration de l’humanité. Renverser la perspective... en attendant de « campagniser » ville et campagne. Tout cela pour dire qu’en période de batterie à plat, on tente de la recharger comme l’on peut.

« Sí, se puede ». Une alliance « Podemos »-« Izquierda Unida » se profile. C’est le printemps. « La révolution partira d’une roseraie ou ne sera pas ». Je répète : « la révolution partira d’une roseraie... »
C’est le printemps. Le printemps parce qu’il a fait hiver. Drôle de printemps, comme préparé clandestinement et qui sort soudain d’un long non-hiver. Le printemps habituellement saison des promesses -menteur !- et des éclosions, des explosions juvéniles, populaires, des foules en colère, justement pour promesses non tenues.
Au printemps, tout paraît possible (banalité). Au festival des « primaires », on s’y bouscule. Vieilles et jeunes charrues. Tremplins. Fausses notes. Tango des égos. « Adios primarias, compañeras de mi vida... ». Gardel, lui, chaque jour chante mieux... Chante, « viejo », il reste tant à chanter.
J’écris sur le printemps. Actuel, et la « primavera » possible. En occitan le printemps c’est « la prima »... à prononcer « primo », un « o » intermédiaire entre le « o » et le « a ». Bienvenu le cousinage des langues ! En espagnol, « la prima », c’est la cousine... Les miennes portent des prénoms espagnols religieux : María Jesús, María del Señor, María de la Contracepción... Et pourtant...
Atterrissage chez les Vitaux. Vieille ferme familiale retapée pour relever de l’impôt sur les petites fortunes. Le paysan d’en face, bruxellisé, couvre sa terre de saloperies. Il la bourre. Il paraît même que les experts de l’UE poussent à semer du blé en hiver pour le mêler à la terre printanière des labours, ainsi overdisée d’azote. Du blé en herbe. Chez le voisin, les abeilles s’affolent sur les fleurs de cerisiers et de pommiers que le vent enivre. Neige de printemps.
Mon clos fleuri s’enracine dans la Guerre d’Espagne, encore et toujours. La plupart des rosiers furent arrachés au jardin pentu du « padre », à Labastide, et déportés à Pau. En ce pont christique et en « sol » majeur, candidat à rien, j’en profite pour me livrer à un Etat des lieux floraux de mon patio :

Etat des lieux floraux :
pensées : déclinantes
tulipes : fanées
primevères : décadentes
bruyères : sur le déclin
iris : finissants... seuls les petits iris de Hollande sont en fleur. Ils y croient, les crétins !
myosotis : orphelins de Mouloudji et de roses en fleurs.

Dans le langage des fleurs, « myosotis » signifie « ne m’oubliez pas ». Rassurez-vous, on ne vous oubliera pas.
Poursuivons le bilan globalement patafloral
muguet : tire sa révérence
jacinthes : de moins en moins clochues
dahlias : potentiels
œillets et rudbeckias attendent d’attendre
les rodos, commencent à éclater
les genêts, les « gallombas », en jaunissent d’aise
les photinias rougissent timidement. Ce n’est qu’un début...
les bruyères marquent une pause,
les érigérons rappellent les pâquerettes.
Tout sauf les pâquerettes ! Elles occupent beaucoup de place...
Les roses, elles, boutonnent,
et déboutonnent les vanités.
Dans quelques jours, elles règneront,
éphémères, sur mon patio « guerrillero »
jusqu’aux premières gelées.
« La rose et le réséda ».

humanite.fr

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