À défaut du contraire, amenons la campagne à la ville. Vieille aspiration
de l’humanité. Renverser la perspective... en attendant de
« campagniser » ville et campagne. Tout cela pour dire qu’en période de
batterie à plat, on tente de la recharger comme l’on peut.
« Sí,
se puede ». Une alliance « Podemos »-« Izquierda Unida » se profile.
C’est le printemps. « La révolution partira d’une roseraie ou ne sera
pas ». Je répète : « la révolution partira d’une roseraie... »
C’est
le printemps. Le printemps parce qu’il a fait hiver. Drôle de
printemps, comme préparé clandestinement et qui sort soudain d’un long
non-hiver. Le printemps habituellement saison des promesses -menteur !-
et des éclosions, des explosions juvéniles, populaires, des foules en
colère, justement pour promesses non tenues.
Au printemps, tout
paraît possible (banalité). Au festival des « primaires », on s’y
bouscule. Vieilles et jeunes charrues. Tremplins. Fausses notes. Tango
des égos. « Adios primarias, compañeras de mi vida... ». Gardel, lui,
chaque jour chante mieux... Chante, « viejo », il reste tant à chanter.
J’écris
sur le printemps. Actuel, et la « primavera » possible. En occitan le
printemps c’est « la prima »... à prononcer « primo », un « o »
intermédiaire entre le « o » et le « a ». Bienvenu le cousinage des
langues ! En espagnol, « la prima », c’est la cousine... Les miennes
portent des prénoms espagnols religieux : María Jesús, María del Señor,
María de la Contracepción... Et pourtant...
Atterrissage chez les
Vitaux. Vieille ferme familiale retapée pour relever de l’impôt sur les
petites fortunes. Le paysan d’en face, bruxellisé, couvre sa terre de
saloperies. Il la bourre. Il paraît même que les experts de l’UE
poussent à semer du blé en hiver pour le mêler à la terre printanière
des labours, ainsi overdisée d’azote. Du blé en herbe. Chez le voisin,
les abeilles s’affolent sur les fleurs de cerisiers et de pommiers que
le vent enivre. Neige de printemps.
Mon clos fleuri s’enracine
dans la Guerre d’Espagne, encore et toujours. La plupart des rosiers
furent arrachés au jardin pentu du « padre », à Labastide, et déportés à
Pau. En ce pont christique et en « sol » majeur, candidat à rien, j’en
profite pour me livrer à un Etat des lieux floraux de mon patio :
Etat des lieux floraux :
pensées : déclinantes
tulipes : fanées
primevères : décadentes
bruyères : sur le déclin
iris : finissants... seuls les petits iris de Hollande sont en fleur. Ils y croient, les crétins !
myosotis : orphelins de Mouloudji et de roses en fleurs.
Dans le langage des fleurs, « myosotis » signifie « ne m’oubliez pas ». Rassurez-vous, on ne vous oubliera pas.
Poursuivons le bilan globalement patafloral
muguet : tire sa révérence
jacinthes : de moins en moins clochues
dahlias : potentiels
œillets et rudbeckias attendent d’attendre
les rodos, commencent à éclater
les genêts, les « gallombas », en jaunissent d’aise
les photinias rougissent timidement. Ce n’est qu’un début...
les bruyères marquent une pause,
les érigérons rappellent les pâquerettes.
Tout sauf les pâquerettes ! Elles occupent beaucoup de place...
Les roses, elles, boutonnent,
et déboutonnent les vanités.
Dans quelques jours, elles règneront,
éphémères, sur mon patio « guerrillero »
jusqu’aux premières gelées.
« La rose et le réséda ».
humanite.fr
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