mardi 24 mai 2016

Conférence de Paris : une sinistre comédie

Ramona Wadi
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La France s’en est tenue à la rhétorique habituelle concernant la prochaine conférence, laquelle est maintenant au service des intérêts israéliens en faisant le jeu du discours adopté par Daesh et en le liant sans scrupule à la Palestine.
Jouant pleinement son rôle dans l’initiative diplomatique dont le véritable but est de porter atteinte aux intérêts palestiniens, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a prononcé un discours à l’aéroport Ben Gourion après sa visite au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et à l’ex-président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Il a déclaré : « Il est clair pour nous - et je dis cela à Netanyahu, que nous ne pouvons pas remplir le rôle des deux côtés. Ils devront mener des négociations directes, mais parce que le processus est bloqué, ils ont besoin d’une aide extérieure ».
Ayrault a également ajouté : « La France n’a aucun intérêt [dans cette affaire], mais est profondément préoccupée que si nous ne voulons pas laisser les idées de l’État islamique [Daesh] prospérer dans cette région, nous devons faire quelque chose ».
Les rôles, les attentes politiques et les acquiescements sont clairement inscrits d’avance. Comme on pouvait s’y attendre, l’Autorité palestinienne a adopté sa position habituelle de lèche-bottes, avec son ministre des Affaires étrangères Riad al-Maliki mettant la Palestine en retrait dans ses commentaires pour mettre plutôt l’accent sur la France.
Il a déclaré « Nous souhaitons le succès de l’initiative française, parce qu’elle est la seule qui existe aujourd’hui et parce qu’elle pourrait éventuellement à ce stade conduire à donner au processus politique une bonne poussée vers l’avant ».
De toute évidence, l’imagination politique de l’Autorité palestinienne est limitée à étendre le processus de colonisation par une soumission et une collaboration délibérées, plutôt que de soutenir d’autres actions sur le terrain, y compris la légitime résistance armée.
Le Hamas a fait connaître une position claire à l’égard de la comédie proposée, en soulignant ses ambiguïtés et en présentant une argumentation solide sur ce qui constitue une légitimité digne de ce nom.
L’organisation a dénoncé l’erreur d’opter pour des propositions internationales qui ont toujours eu pour but d’exercer des pressions sur la population colonisée en échange d’une légitimité internationale qui, dans le cas de la Palestine, est soumise au bon vouloir des projets coloniaux et impérialistes.
La référence de la France à Daesh rappelle les remarques de Netanyahu assimilant de façon malhonnête la résistance du Hamas avec le réseau terroriste qui a fait usage de la violence en profitant des suites du Printemps arabe.
La commodité de la métaphore de « la guerre contre le terrorisme » appliquée à la Palestine est dangereuse. Si Abbas est prêt à tolérer ce mélange des genres, l’AP est alors coupable de laisser un nouveau discours obscurcir l’histoire et la mémoire palestiniennes.
Il est en effet envisageable, malheureusement, qu’une telle distorsion soit encouragée par l’Autorité palestinienne afin de sauvegarder son existence corrompue.
En fin de compte, la manipulation française de l’histoire et des événements a permis de mettre en évidence un fait qui ne cesse de se répéter : le refus de Netanyahu de négocier est toujours juxtaposée à la soumission de l’AP.
JPEG - 5.1 koLes Palestiniens ont des alternatives valables. Ceux-ci, cependant, sont moquées, diabolisés et rejetées par la dite communauté internationale qui préfère Abbas et son esprit de compromission. Il n’est pas étonnant que la France ait affirmé son refus de « remplir le rôle des deux côtés ».

Étant donné les circonstances et les acteurs politiques impliqués, elle pourra continuer à jouer son rôle d’imposteur, de faux allié de la Palestine, tout en favorisant au mieux le projet israélien de colonisation.

* Ramona Wadi est écrivain et journaliste freelance.

Photo : EPA - Hollande sur la photo et qui ne représente bientôt plus que lui-même - ici en pleine démonstration de connivence avec le criminel de guerre Netanyahu - 

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