Robert Sae
Puisque les pays européens se posent en modèles achevés de la démocratie
et que l’on y vote depuis plusieurs siècles, l’observation de leur
réalité portera des éléments de réponse à notre question.
Arrêtons-nous
sur deux situations récentes.
a) Lors des dernières élections présidentielles en France, le
« socialiste » François Hollande a été élu en jurant que « lui »
président lutterait contre l’austérité et contre « la finance ».
Aujourd’hui, le premier ministre qu’il a désigné, c’est Emmanuel Valls,
celui qui, en 2011, avait récolté 5,63 % des suffrages aux primaires du
Parti socialiste en proposant des options libérales. Le ministre de
l’économie choisi par le même François Hollande, c’est Emmanuel Macron
qui a été banquier d’affaires chez Rothschild & Cie. Sous
l’impulsion de ces deux personnages, le gouvernement impose au peuple
Français une politique allant plus loin encore que celle du honni
Nicolas Sarkozy en matière de destruction des droits sociaux et de
soumission au grand capital. Le récent exemple de la Loi Khomri est tout
à fait significatif. Ce projet de loi est rejeté par 75 % des Français,
une pétition de 1,3 millions de signataires demande son retrait, des
centaines de milliers de gens manifestent dans toutes les villes pour
exprimer leur opposition. La majorité des parlementaires élus par le
peuple s’y oppose. Par l’artifice d’un article anti-démocratique de la
Constitution, le 49-3, cette loi est adoptée !
b) Le premier ministre du Royaume Uni Britannique annonce la tenue d’un
référendum qui permettra aux électeurs d’exprimer leur volonté que
leur pays reste ou non au sein de l’Union Européenne. On assiste à une
ingérence massive de chefs d’Etats étrangers, à un indécent chantage
économique d’institutions internationales (FMI, etc.) destinés à
empêcher leur libre choix.
Non ! Les élections ne sont absolument pas une garantie de démocratie.
Le système électoral qui prévaut a été conçu et organisé par la
bourgeoisie de telle manière que les classes dominantes soient assurées
de garder le contrôle du pouvoir.
Tout est prévu pour que les électeurs
ne puissent inquiéter le système
les barrières érigées pour empêcher l’accès à l’instruction et à l’éducation,
le contrôle des médias, la désinformation massive et les manipulations,
les chantages économiques ou autres permis par la précarisation des conditions de vie
l’usage de la puissance financière et logistique (*1)
Des dispositions limitant objectivement l’accès à la candidature et parfois même -c’est le cas aux USA- la possibilité de voter. (Système de parrainage, cautions financières, etc.)
la promotion des candidats pro-système et la « gestion » des élus une fois en poste. (Activation des lobbies, corruption, etc.)
le contrôle des médias, la désinformation massive et les manipulations,
les chantages économiques ou autres permis par la précarisation des conditions de vie
l’usage de la puissance financière et logistique (*1)
Des dispositions limitant objectivement l’accès à la candidature et parfois même -c’est le cas aux USA- la possibilité de voter. (Système de parrainage, cautions financières, etc.)
la promotion des candidats pro-système et la « gestion » des élus une fois en poste. (Activation des lobbies, corruption, etc.)
Là, nous avons parlé des élections dans les pays occidentaux dits
« démocratiques ». La situation est encore plus ubuesque dans les pays
dominés. (*2) Pour se draper de la légitimité électorale, des
dictateurs parmi les plus répressifs et les plus corrompus peuvent
compter sur l’appui direct de pays impérialistes dans les domaines de la
propagande, du renseignement et de la logistique. Une fois « élus »,
ils peuvent s’enorgueillir des messages de félicitation de la soi-disant
« communauté internationale » qui fait superbement fi du bourrage des
urnes, de l’emprisonnement de candidats rivaux et de la dispersion
violente des meetings de l’opposition. Parfois même, les impérialistes
organisent directement les élections pour installer leurs comparses aux
commandes après une intervention militaire.
Quand, à force d’opiniâtreté les forces populaires remportent des
victoires électorales, la bourgeoisie n’a aucun scrupule à recourir à
des méthodes maffieuses et à des procédés totalitaristes pour piétiner
la souveraineté des peuples. Cela est parfaitement illustré par les
manœuvres de l’Union Européenne pour écraser le peuple grec après le
référendum de 2015 ou par les putschs institutionnels à répétition en
Amérique du centre et du Sud.
Le constat que nous faisons à travers cet article ne vise évidemment pas
à remettre en cause le principe des élections. Notre intention est de
montrer que celles-ci ne seront jamais un gage de démocratie dans le
cadre du système capitaliste.
Notes
(*1) Il faut signaler ici la grande hypocrisie des lois qui prétendent
moraliser la vie politique, qui n’empêchent ni les dépassements
astronomiques des plafonds établis pour les dépenses liées aux
élections, ni les malversations, mais qui permettent aux censeurs de
rejeter des comptes de campagne et de rendre inéligible un candidat qui
aurait omis de déclarer une dépense de 250 euros !!!
(*2) À cet égard, les dispositions spécifiques prises par la France
pour manipuler le scrutin à l’occasion des consultations électorales à
Mayotte ont été particulièrement ahurissantes.
bellaciao.org
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