mardi 31 mai 2016

Les Africains de Verdun

XVM8bceec4a-d1a6-11e5-94d7-a0c4d4d5eef2.jpgGilles Devers

La France impérialiste de 1914 était structurellement raciste, n’ayant aboli l’esclavage en 1848 que pour sauver les maîtres d’une déroute annoncée, et pour en faire un argument destiné au grand enjeu : la colonisation de l’Afrique et de l’Asie.

Le drapeau bleu-blanc-rouge flottait sur Dakar et Saïgon, c’était la France, et la France est un bienfait de civilisation.
Quand se sont profilées les grandes batailles de la première guerre mondiale, les salopards qui gouvernaient sont allés chercher de futurs morts et de futurs mutilés en Afrique et en Asie, embarqués direct pour le front, pour défendre la France des droits de l’homme. 700 000 hommes des colonies. C’est moins que Merkel a accueilli de réfugiés cette année, mais pour l’époque, c’était bien davantage. Donc de quoi fermer le sifflet de ces avachis de lepénistes.
- Qu’ils rentrent chez eux !
- Euh, chérie, c’est nous qui avons débarqué chez eux, et c’est après c’est nous qui les avons recrutés pour venir mourir en France.
Pour la grande offensive de Douaumont, c’est le 1er bataillon somali qui a été désigné pour la première vague, avec mission de neutraliser les nids de mitrailleuses. La Somalie et Douaumont, une évidence... Une hécatombe. Le quart des effectifs est mort en quelques heures.
Combien de morts africains lors cette guerre ? On s’accorde sur le chiffre de 70.000. 70.000 soldats immigrés et sans papiers, sur les 300.000 morts côté français. Le quart. Pour les survivants, des mois et des mois sans aucun contact avec les familles.
Pourtant, l’Ossuaire de Douaumont, construit en 1932, ne mentionne aucun nom africain ou asiatique.  En 1926, l’Etat avait financé l’édification de la Grande Mosquée de Paris, comme une forme de compensation, alors... Lors des discours d’ouverture, les lascars vantaient « La France, puissance musulmane ».
La grande promesse pour le recrutement, c’était – en 1918 encore – l’octroi de la nationalité française, après la fin des hostilités. Une parole reniée, de la parole pourrie. Pourri aussi le régime des pensions, avec ces anciens combattants africains compensés par une aumône qui ne permettait même pas de nourrir la famille.
La pourriture a gagné le camp allemand, avec la légende des Africains sanguinaires, qui justifiera le racisme viscéral de nazis, et leurs exactions contre les Africains, en 1940. Lisez ce que Jean Moulin explique du massacre du 26eme régiment sénégalais

Merci l’Afrique, on te doit tant. Mais qu’attends-tu pour te faire entendre, pour aider la France à extirper son racisme ? 


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