mercredi 25 mai 2016

L’extrême-droite incapable de gagner une élection sérieuse

autriche,fnGilles Devers

Alexander Van der Bellen, le prof écolo, a été élu président de la République d'Autriche. Une fois de plus, l’extrême-droite montre son incapacité à gagner une élection sérieuse. Ce qui n’empêche pas les leaders d’opinion mainstream de nous gaver : « Tu vois, Marine peut gagner en 2017, alors il faut gentiment écouter ce qu’on te dit, et voter pour moi ». Laissez-moi rire.

Le seul point commun, entre la France et l’Autriche, mais l’Italie et la Grèce ont connu des phénomènes proches, c’est l’épuisement des partis classiques de gouvernement de droite de gauche, qui laisse de l’espace plus à droite et plus à gauche. Au premier tour, le 22 avril, les candidats du parti de droite, l'ÖVP et du parti socialiste, le SPÖ, avaient été éliminés, ce qui a fait d’autant plus mal que les deux partis forment un gouvernement de coalition. Eux qui se partagent le pouvoir depuis 1945... Air connu : « Il faut que ça change, alors votez pour nous qui avons conduit le pays dans l’impasse, mais qui sommes de grands experts ». Bref, pour l’avenir de la France, il faut donner les clés à ceux qui ont fichu le bazar : Juppé, Sarko ou Hollande, et la soi-disant nouvelle garde reproduit fidèlement le modèle.
Pour le reste, il faut être très prudent sur les comparaisons.
En Autriche, la fonction du président de la République n’est pas qu’honorifique mais presque. Le pouvoir effectif est exercé par le chancelier, et son gouvernement repose sur une majorité parlementaire. Aussi, la dramaturgie sur le vote qui allait changer l’Autriche était juste ridicule. Du fait des mauvais score du premier tour, le chancelier socialiste, Werner Faymann, avait démissionné pour être aussitôt remplacé par un autre socialiste, Christian Kern, qui a maintenu la coalition droite/gauche… Business as usual…
Ensuite, le FPÖ, parti du perdant Norbert Hofer, est de droite extrême, oui, mais à l’autrichienne. Rien à voir avec frapadingues du FN, et leur programme hallu. Le FPÖ est un parti populiste, mais assez civil. Rappelons que de 2000 à 2006, il était au gouvernement dans une coalition avec la droite pépère. Eh oui… Actuellement, une des régions autrichiennes, le Burgenland, est dirigée par une coalition passée entre les socialistes et le FPÖ. Eh oui…. D’ailleurs, Norbert Hofer a fait campagne sur un ton prudent et mesurée, qui le place à gauche de bien de leaders des Rep. Eh oui...
Enfin, Alexander Van der Bellen n’est pas à proprement parler une lame électorale. Jugé trop mollasson, il n’avait pas le soutien des Verts, et il s’était présenté en candidat indépendant ! Et c’est lui qui l’emporte…
Et l’extrême droite perd, plafonnant à 49,7%, loin des scores promis par les instituts de sondage. Le terrain leur est propice comme jamais, avec une économie qui patauge, une Europe illisible et la question des réfugiés. Et même avec une telle configuration, ils montrent ce qu’ils sont : incapables.
Il faut donc revenir aux réalités : l’extrême-droite ne peut pas gagner une élection sérieuse car elle veut l’emporter seule, sans coalition, et avec pour seul projet stigmatisation des étrangers et des plus faibles. Nos sociétés instruites font joujou avec l’extrême droite, mais n’envisagent pas de confier le pouvoir à des personnes incapables de l’assumer. Qu’on arrête donc de nous faire flipper avec ces loosers. Occupons nous des choses sérieuses. 

En France ? Après l’échec des régionales, le reflux FN se confirme dans chaque législative partielle. À Strasbourg ce dimanche, la candidate FN, Andrea Didelot, a fait 10,44 %, soit à peine mieux que les 9,40 % obtenus il y a quatre ans… mais avec 78 % d’abstention, et donc un nombre d’électeurs en chute libre : 2,28 % des électeurs inscrits. Wahou, un grand souffle populaire… Le FN n’est qu’un épouvantail à moineaux.


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