Alexander Van der Bellen,
le prof écolo, a été élu président de la République d'Autriche. Une
fois de plus, l’extrême-droite montre son incapacité à gagner une
élection sérieuse. Ce qui n’empêche pas les leaders d’opinion mainstream de
nous gaver : « Tu vois, Marine peut gagner en 2017, alors il faut
gentiment écouter ce qu’on te dit, et voter pour moi ». Laissez-moi
rire.
Le
seul point commun, entre la France et l’Autriche, mais l’Italie et la
Grèce ont connu des phénomènes proches, c’est l’épuisement des partis
classiques de gouvernement de droite de gauche, qui laisse de l’espace
plus à droite et plus à gauche. Au premier tour, le 22 avril, les
candidats du parti de droite, l'ÖVP et du parti socialiste, le SPÖ,
avaient été éliminés, ce qui a fait d’autant plus mal que les deux
partis forment un gouvernement de coalition. Eux qui se partagent le
pouvoir depuis 1945... Air connu : « Il faut que ça change, alors votez
pour nous qui avons conduit le pays dans l’impasse, mais qui sommes de
grands experts ». Bref, pour l’avenir de la France, il faut donner les
clés à ceux qui ont fichu le bazar : Juppé, Sarko ou Hollande, et la
soi-disant nouvelle garde reproduit fidèlement le modèle.
Pour le reste, il faut être très prudent sur les comparaisons.
En
Autriche, la fonction du président de la République n’est pas
qu’honorifique mais presque. Le pouvoir effectif est exercé par le
chancelier, et son gouvernement repose sur une majorité parlementaire.
Aussi, la dramaturgie sur le vote qui allait changer l’Autriche était
juste ridicule. Du fait des mauvais score du premier tour, le chancelier
socialiste, Werner Faymann, avait démissionné pour être aussitôt
remplacé par un autre socialiste, Christian Kern, qui a maintenu la
coalition droite/gauche… Business as usual…
Ensuite,
le FPÖ, parti du perdant Norbert Hofer, est de droite extrême, oui,
mais à l’autrichienne. Rien à voir avec frapadingues du FN, et leur
programme hallu. Le FPÖ est un parti populiste, mais assez civil.
Rappelons que de 2000 à 2006, il était au gouvernement dans une
coalition avec la droite pépère. Eh oui… Actuellement, une des régions
autrichiennes, le Burgenland, est dirigée par une coalition passée entre
les socialistes et le FPÖ. Eh oui…. D’ailleurs, Norbert Hofer a fait
campagne sur un ton prudent et mesurée, qui le place à gauche de bien de
leaders des Rep. Eh oui...
Enfin,
Alexander Van der Bellen n’est pas à proprement parler une lame
électorale. Jugé trop mollasson, il n’avait pas le soutien des Verts, et
il s’était présenté en candidat indépendant ! Et c’est lui qui
l’emporte…
Et
l’extrême droite perd, plafonnant à 49,7%, loin des scores promis par
les instituts de sondage. Le terrain leur est propice comme jamais, avec
une économie qui patauge, une Europe illisible et la question des
réfugiés. Et même avec une telle configuration, ils montrent ce qu’ils
sont : incapables.
Il
faut donc revenir aux réalités : l’extrême-droite ne peut pas gagner
une élection sérieuse car elle veut l’emporter seule, sans coalition, et
avec pour seul projet stigmatisation des étrangers et des plus faibles.
Nos sociétés instruites font joujou avec l’extrême droite, mais
n’envisagent pas de confier le pouvoir à des personnes incapables de
l’assumer. Qu’on arrête donc de nous faire flipper avec ces loosers. Occupons nous des choses sérieuses.
En
France ? Après l’échec des régionales, le reflux FN se confirme dans
chaque législative partielle. À Strasbourg ce dimanche, la candidate FN,
Andrea
Didelot, a fait 10,44 %, soit à peine mieux que les 9,40 % obtenus il y
a quatre ans… mais avec 78 % d’abstention, et donc un nombre
d’électeurs en chute libre : 2,28 % des électeurs inscrits. Wahou, un grand souffle populaire… Le FN n’est qu’un épouvantail à moineaux.
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