Les
violences ont repris en Syrie. Il est patent que les civils en seront
encore, plus souvent qu’à leur tour, les victimes. Mais,
entendons-nous ! À lire les commentaires des uns et des autres, nous
avons la forte impression que l’on ne parle pas de la même chose.
On
se perd ainsi en conjectures sur les tenants de cette guerre venue
d’ailleurs, quand on tente de trier le faux du vrai. En fait ce qui se
passe en Syrie dépasse l’entendement. À l’inverse de ce que les
commanditaires des rebelles essayent de faire accroire, il ne s’agit
nullement d’une guerre civile, telle qu’elle se déroule de par le monde.
En
Syrie, il s’agit de quelque chose de tout à fait inédit, quelque chose
que l’on n’a jamais connu auparavant, lorsque des puissances [membres du
Conseil de sécurité] font alliance avec le terrorisme. Pourquoi ? Pour
faire tomber un chef d’Etat qui leur déplait ou qu’ils ne sont pas
parvenus à plier à leurs normes. Et ce sont ces puissances qui, depuis
cinq ans, avaient comme leitmotiv le départ du président syrien Bachar
Al Assad. Ce dernier est-il un monstre ? Pas plus, semble-t-il, que ceux
qui veulent sa peau, comme George W. Bush, hier, Obama, Hollande et
Cameron aujourd’hui. Peut-on supposer un moment que le chef de l’Etat
syrien exigerait de ses pairs occidentaux de partir ? C’est inimaginable
et l’idée n’a sans doute jamais effleuré l’esprit du président
alaouite. Aussi, il faut donc se garder des approximations et des propos
outranciers.
En Syrie, c’est une armée étrangère, composée de
près de 80 000 jihadistes (selon les chiffres du Pentagone) qui combat
le régime syrien avec l’appui de puissances occidentales et des
monarchies du Golfe. Ainsi, François Hollande (le président français
dont l’impopularité, descendue aux abysses, jusqu’à remettre en cause sa
légitimité) parle haut et fort « enjoignant » son homologue syrien de
partir. Or, la France a été parmi ceux qui ont mis de l’huile sur le feu
en donnant une visibilité politique à des apatrides syriens [vivant
depuis des décennies en France et aux Etats-Unis, sans attache avec leur
pays d’origine] et aidant par tous les moyens, la pseudo-armée syrienne
libre (ALS, formée de déserteurs et de mercenaires, de fait où est-elle
donc passée ?). La Syrie nous a montré combien les réflexes impériaux
restent vifs, et combien certains pays, singulièrement la France, sont
nostalgiques de la période des « mandats ». De fait, un président
français à la retraite, oublié depuis des lustres, Valérie Giscard
d’Estaing, en remettait une couche l’an dernier dans un entretien au
quotidien Le Parisien. Il proposait rien moins que la
« pacification » de la Syrie et un « mandat » de l’ONU sur ce pays
indiquant « Il faut (...) pacifier la Syrie, ce que les Syriens ne
peuvent assurer (...). Je m’interroge sur la possibilité de créer un
mandat de l’ONU sur la Syrie, pour une durée de cinq ans (...) avec des
forces militaires professionnelles venant des membres permanents du
Conseil de sécurité ». Quand M. Giscard d’Estaing parle des membres
« permanents » il pense à son pays (la France), aux Etats-Unis et à la
Grande-Bretagne. Ceux-là même qui sont derrière l’effusion de sang en
Syrie. Or, ceux-là qui vaticinent sur le sort de la Syrie, font
l’impasse sur ce que le peuple syrien a enduré et endure. Il n’était pas
question de démocratie, de liberté et autres fadaises [ils sont prêts à
travailler avec les autres membres du régime de Damas] mais bien de se
débarrasser d’un homme, devenu une monomanie, qui gêne leur mainmise sur
la région.
Il fallait écouter ce que disent les minorités
syriennes, notamment les chrétiens [sur lesquelles des larmes de
crocodile sont tombées] qui n’ont cessé de dire que ce sont les rebelles
(cette opposition dite « modérée ») qui les assassinent, de la même
manière que le font les terroristes de Daesh, d’Al Nosra (qui fait du
« bon boulot » dixit Laurent Fabius) et autres Ahrar el-Cham, Jaich
el-islam. Un nouveau syllogisme a ainsi été créé qui a fait de gens
armés une « opposition modérée », juste parce qu’elle combat Al Assad.
Une question se pose, dès lors, comment qualifier les jihadistes
français et belges – qui ont fait le coup de feu en Syrie – qui ont
terrorisé récemment la France et la Belgique et menacent d’autres pays
européens ? Contrairement à la Syrie où ce sont des étrangers qui
attaquent le régime, en France et en Belgique, ce sont des Français et
des Belges qui ont été derrière les drames de novembre et de mars
derniers. Faut-il donner à ces terroristes la qualité d’« opposition
modérée » ?
Alors de quoi parle-t-on, quand ce sont des grandes
puissances qui ont inoculé le virus du terroriste qu’ils
instrumentalisent à outrance ?
lexpressiondz.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire