mardi 7 juin 2016

Fête du slip au sommet

Olivier Cabanel        

« Passées les bornes, y a plus de limites », disait Alphonse Allais... et depuis l’affaire Cahuzac qui mentait les yeux dans les yeux, jusqu’à l’affaire Baupin qui jure n’avoir commis aucun délit d’harcèlement sexuel, en passant par Macron pris la main dans le sac pour mésestimation de patrimoine, les casseroles font de plus en plus de bruit, sans pour autant émouvoir l’exécutif.

« Je ne suis pas le DSK des verts » affirme, contre toute attente, Denis Baupin, alors que les plaintes pour harcèlement sexuel se multiplient, et que les langues se délient. lien
Reprenant le chemin utilisé par Cahuzac, Baupin se retranche dans un déni total... (lien) et face aux 8 femmes qui l’accusaient début mai de harcèlement, d’agression sexuelle, se sont ajoutés 5 nouveaux témoignages. lien
Au-delà de ces dérapages bien peu citoyens, il en existe d’autres, financiers ceux-là, d’autant plus faciles que nos chers élus ont toutes les armes pour se les autoriser, ne serait-ce que par l’utilisation de l’IRFM (indemnité représentative de frais de mandat), somme attribuée à tous les députés, et à tous les sénateurs, en plus des frais déjà pris en charge par les assemblées parlementaires (salaire des collaborateurs, frais de voyage, de téléphone, de courrier, de location de bureaux...)
Il s’agit d’une somme rondelette de  6000 euros mensuels et si elle ne peut être utilisée pour financer une campagne électorale, elle permet de prendre en charge des « frais de communication », ce qui rend fragile la frontière entre campagne électorale et communication.
Cette IRFM peut aussi arroser associations, club sportifs, de quoi s’assurer de larges soutiens au moment des élections.
Les contrôles qui permettraient éventuellement de sanctionner un élu qui aurait utilisé cet argent sans rapport avec leur activité d’élu, sont très souples, et il suffit que celui-ci déclare sur l’honneur avoir respecté les règles définies par le Bureau, pour se mettre à l’abri de toute mauvaise surprise.
De plus, comme cette IRFM échappe à l’impôt, l’administration fiscale n’a pas droit de regard sur l’utilisation de cet argent.
Cette manne bienvenue peut aussi financer l’acquisition d’un bien immobilier, à condition que ce soit les enfants de l’élu qui soient les propriétaires officiels, ce qui permettra au dit élu de rembourser les loyers, ou le prêt.
Il suffit aussi d’assurer qu’il s’agit d’une permanence, en évoquant un studio de travail, et personne ne viendra vérifier si vous l’occupez réellement...
Vous pouvez aussi vous offrir une week end de charme, en précisant qu’il s’agit d’un week-end de travail avec votre collaboratrice.
Allons plus loin, rien ne vous empêche d’engager un membre de votre famille, en tant que collaboratrice/teur...d’inviter toute la famille dans un restaurant de luxe pour votre anniversaire, réglant la note avec cette providentielle IRFM.
Ils n'hésitent pas à utiliser cette généreuse indemnité pour payer les frais de formation de vos collaborateurs lors d’un séminaire gourmand dans un magnifique relais-château.
Et si par malheur un malotru l'accuse de mal utiliser l’argent de l’état, il n'hésitera pas à le traiter publiquement de populiste... voire de poujadiste.
Rien d’étonnant dès lors que ce soit créée l’APDD (association pour une démocratie directe) laquelle a publié un joli PDF humoristique pour dénoncer ce scandale bien français. lien
L’association affirme aussi que 80 parlementaires se partagent en toute impunité 1,5 million d’euros d’indemnités illégales supplémentaires. lien
À la tête de l’état, on affirme « faire des économies  » allant jusqu’à les chiffrer à hauteur de 7,3 milliards, sauf que pour la Cour des Comptes, les comptes ne sont pas bons.
Calculette à la main, elle a revu le chiffre à la baisse, affirmant qu’elles se limitent à 1,7 milliard. lien
Quant à Emmanuel Macron, il vient d’être montré du doigt par le fisc qui lui reproche d’avoir sous-évalué le montant de son patrimoine, afin d’échapper à l’impôt sur la fortune.
Bien mauvaise affaire pour le ministre en passe de devenir le chouchou de quelques français, d’autant que quelques jours auparavant, il avait gentiment provoqué des grévistes en tee-shirt, en leur conseillant de travailler s’ils voulaient se payer un costume aussi bien taillé que le sien.
Lui qui venait de lancer son mouvement « en marche », se retrouve boitillant avec un joli caillou dans la chaussure.
Comme l’écrit le Canard Enchaîné dans son numéro du 1 juin 2016, «  il en ressort que son patrimoine net s’élève à 230 000 €, alors qu’au court des 2 dernières années il a gagné chez Rothschild, environ 2 millions. Où est passé l’argent ? Dépensé ? Voilà un homme qui fait beaucoup pour la relance de la consommation...  ».
Les vérifications fiscales de son patrimoine ont finalement prouvé qu’il dépassait le seuil des 1,3 millions d’euro, ce qui va l'obliger d’être assujetti à l’ISF, et de payer des majorations concernant ses déclarations pour 2013 et 2014lien
Faut-il faire un rapprochement avec la déclaration du ministre qui prônait, il y a peu, la suppression de cet impôt sur la fortune, reprenant ainsi le cheval de bataille du patron du Medef ? lien
Cette situation est d’autant plus étonnante qu’en 2014, le magazine « Challenge » s’étonnait de sa déclaration de patrimoine incomplète, ne mentionnant pas, par exemple, une résidence secondaire au Touquet, sur la Côte d’Opale, affirmant contradictoirement que la déclaration très détaillée de ses revenus, « avait le mérite de la clarté  ». lien
Pendant ce temps, les noms d’oiseau volent...et Gattaz n’a pas hésité à traiter le patron de la CGT, et les grévistes, de voyous... mais qui sont les véritables voyous ?
Gattaz et Macron ont donc décidé de lancer la « haine de classe » comme l’écrit Antoine Léaument dans son blog, le premier qualifiant de terroristes les grévistes, évoquant une minorité qui prend en otage la république, alors que lui ne représente, avec son syndicat que de 3 à 10% des entreprises, le second se flattant de pouvoir se payer un costard « en travaillant » soupçonnant clairement les travailleurs en tee-shirt d’avoir un poil dans la main. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « Voyou n’est pas le masculin de voyelle  ». 

L’image illustrant l’article vient de ripostelaique.com

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