Vous avez sans doute entendu parler de la première estimation des
dégâts par les compagnies d’assurance qui nous expliquent qu’il y en a
pour au moins 600 millions d’euros.
Cette estimation est une vaste foutaise et le montant sera non
seulement beaucoup plus important, mais surtout devrait être très
important, et toute la nuance est dans le « devrait » !!
Avant que je vous dise comment vous allez vous défendre face à une
compagnie d’assurance, comment vous allez monter votre dossier
d’indemnisation, il va falloir que vous compreniez comment une compagnie
d’assurance gagne de l’argent, et je m’en vais vous affranchir de votre
dernière once de naïveté concernant votre assureur qui vous veut du
bien… En disant cela, je ne parle pas de votre agent général, celui qui
vous connaît, qui est aussi votre copain et en qui vous avez confiance
(et vous avez raison, raison pour laquelle il n’a presque aucun pouvoir
sur les dossiers de sinistres).
Non, votre compagnie ne vous veut pas du bien !
Votre compagnie d’assurance n’est pas plus gentille qu’elle n’est
méchante, elle poursuit juste sa logique commerciale de compagnie
d’assurance, le marketing se chargeant de vous faire croire le
contraire.
Quel est le modèle économique d’une compagnie d’assurance ? Elle
encaisse des primes de ses assurés et elle rembourse les sinistres en se
débrouillant pour qu’ils lui coûtent moins cher que les primes
encaissées !
En clair, le bénéfice d’une compagnie d’assurance, c’est la différence
entre les primes encaissées et les sinistres, indemnisations versées
plus les frais de structure.
Bref, pour augmenter leur rentabilité, les compagnies n’ont pas des
millions de solutions. Soit elles augmentent leurs tarifs (mais il y a
pas mal de concurrence), soit elles essaient de rembourser le moins
possible lors des sinistres, ce qui est évidemment globalement le cas.
Tout sera donc bon ou presque pour faire en sorte de ne pas payer plein
de choses qui auraient dû l’être.
La preuve par France 2 qui suit des « assureurs ».
Je regardais le JT de France 2 du samedi soir 4 juin 2016 (histoire
que vous puissiez le retrouver) et là… je suis tombé de ma chaise. Un
assureur qui visitait la maison encore sous l’eau d’un de ses assurés,
explique, pas gêné directement devant le pauvre gus qui n’a rien compris
(on appelle ça un sinistré) et enregistré pour la postérité par les
caméras de la 2, qu’il allait falloir attendre que ça sèche et qu’il y
aurait pour un mois à tout casser de travaux, un petit coup de peinture
et zou… ça repart…
Alors que pas du tout, mais alors pas du tout, du tout et du tout…
Une isolation qui a pris l’eau, on ne la laisse pas sécher… Elle est
morte et n’offre plus aucune résistance thermique, il faut donc désosser
toute la maison, et refaire toute l’isolation par exemple. C’est la
même chose pour l’installation électrique évidemment. Je ne vous parle
pas des planchers qui vont exploser, des plâtres qui vont sauter, et des
peintures à refaire.
Mais ce n’est pas tout… Toute cette eau est très sale, voire même
très polluée. Il va donc falloir au préalable nettoyer et désinfecter la
maison. Ces frais sont généralement pris en compte par presque tous les
contrats d’assurance… mais on vous laissera bien évidemment jouer de la
raclette vous-même et si vos amis bien intentionnés pouvaient venir
vous filer un coup de main, ce sera toujours autant d’argent
d’économisé… pour votre compagnie d’assurance.
Je vais donc vous expliquer ici ce que l’on ne vous dira jamais pour
préparer et monter votre dossier d’indemnisation de telle sorte à ce que
la compagnie paye ce qu’elle doit payer, à savoir ce que le contrat
prévoit comme couverture.
Disons-le. Si vous avez un mauvais contrat qui ne couvre rien, il n’y
a aucun miracle à attendre ; mais si votre contrat standard est
convenable, alors cela va tout changer, mais alors tout.
Allons-y pour les 6 règles d’or pour être bien indemnisé !
(Attention, les fraudes à l’assurance sont un délit assez gravement puni
d’ailleurs.)
Règle n°1 : tout est dans le contrat !
Tout est dans votre contrat. D’accord, vos papiers sont sans doute
sous l’eau mais sur Internet, vous allez pouvoir retrouver vos
conditions générales et particulières. Lisez-les !! C’est le moment !
Car tout est dedans, et cela va vous donner plein d’idées de dépenses
qui sont couvertes et qui doivent vous êtres remboursées ou prises en
charge.
Vous pouvez par exemple avoir droit à un hébergement temporaire pour
toute la durée du sinistre. C’est mieux que de squatter chez les copains
pendant les 8 prochains mois car évidemment, vous ne serez pas les
seuls à avoir des travaux à faire et l’offre d’artisans reste la même.
Vous pouvez faire prendre en charge tous les frais de nettoyage et de
désinfection… C’est très important car les microbes et autres bactéries
peuvent vous rendre malade 5 ans après…
Vous pouvez évidemment demander une avance, mais c’est rarement une
bonne chose à faire ou un vrai cadeau puisque bien souvent, cela permet à
la compagnie de… réduire l’indemnisation globale !
Bref, lisez votre contrat pour savoir ce qui est assuré, ce qui est exclu, ce qui est couvert et ce qui ne l’est pas.
Règle n°2 : ne soyez pas pressé…
Je sais, vous voulez rentrer chez vous, retrouver votre environnement
et vite oublier ce qu’il s’est passé. Normal, mais c’est l’erreur
fatale de base dont profitent toutes les compagnies.
Si vous voulez vite rentrer chez vous, cela n’est pas compatible avec
le temps nécessaire à une remise en état parfait de votre domicile,
parfait signifiant dans l’état « avant sinistre », ni mieux, ni moins
bien !
Donc il va falloir prendre votre mal en patience et accepter de ne
pas remettre les pieds chez vous pendant au moins les… 12 prochains
mois. Je sais, à la télé, on ne vous le dira jamais comme ça.
Pourquoi ? Parce qu’il va falloir que vous attendiez que l’expert
passe, et en ce qui me concerne, si je fais marcher l’assurance, ce
n’est pas pour vider la boue moi-même…. Et tout ce processus va
évidemment prendre beaucoup de temps, mais c’est à la compagnie
d’assurance de remettre votre maison en l’état, pas à vous-même et c’est
de sa responsabilité pas de la vôtre.
Soyons très clairs : si vous voulez être chez vous la semaine
prochaine, alors, vous serez très mal indemnisé avec toutes les
conséquences pour vous plus tard… et croyez-moi, vous allez le payer
très cher.
Règle n°3 : faites « attester » vos dégâts…
Donc normalement, vous venez de relire votre contrat, vous êtes
hébergé par de la famille ou des amis, et vous ne nettoyez rien. Je dis
bien RIEN (sauf cas particulier dans votre contrat et obligations de
prendre des mesures pour éviter une aggravation du sinistre d’où le fait
de lire votre contrat justement pour en respecter l’esprit et la
lettre).
En revanche, vous prenez rendez-vous immédiatement avec un huissier
de justice. Faites autant de photos que vous voulez… mais cela ne vous
servira pas. Tout le monde s’en fiche, la seule chose faisant foi devant
un tribunal, c’est un constat d’huissier. Il vous en coûtera entre 250
et 700 euros en fonction du temps passé et du nombre de photos annexées
au constat.
Avec un tel document, personne ne pourra vous opposer la non-réalité des dégâts que vous avez eus. Personne.
Si vous allez en justice, cela va s’avérer redoutable, mais généralement, cela permet de trouver un accord en votre faveur avec la compagnie avant même d’y aller tant ils savent que leurs chances de vous couillonner fondent comme neige au soleil avec un tel papier.
Si vous allez en justice, cela va s’avérer redoutable, mais généralement, cela permet de trouver un accord en votre faveur avec la compagnie avant même d’y aller tant ils savent que leurs chances de vous couillonner fondent comme neige au soleil avec un tel papier.
Règle n°4 : listez vos pertes…
Ensuite, et cela va prendre beaucoup de temps, il va falloir lister
l’ensemble de vos pertes. Je dis bien tout, de la petite cuillère à la
petite culotte, vous devez tout lister en passant évidemment par le
mobilier et le bâtiment en lui-même.
Sachez que bien souvent les « extérieurs » au sens large sont exclus sauf cas particuliers.
Tout lister va vous prendre beaucoup de temps, donc encore une fois,
ne soyez pas pressé, le temps est votre pire ennemi, bien plus que ne
l’est la compagnie d’assurance qui en profite.
Règle n°5 : chiffrez…
Une fois que vous avez listé, alors vous pouvez commencer à chiffrer.
Ne vous fiez pas aux estimations des compagnies… c’est comme une
négociation au souk. Le vendeur me dit 1 000 dirhams… je lui dis 1 ! On
finira à 100…
Pour chiffrer, il va falloir que vous fassiez passer tous les corps
d’état. Laissez faire les artisans, ils ne sont pas mauvais pour
chiffrer les dégâts et sont plus objectifs que les compagnies vu que
c’est eux qui doivent faire le boulot et qu’en plus les prix vont
fortement monter en raison de la demande qui va exploser dans les
secteurs sinistrés.
Chiffrez tout dans un document où vous aller également inscrire la
désignation précise du bien, sa date d’achat, sa vétusté, sa valeur
d’usage également et son prix d’acquisition sans oublier idéalement son
prix de remplacement à l’identique. Cela va vous prendre du temps,
croyez-moi… Ce document porte le nom « d’état des pertes ».
Tout cela aussi va vous prendre du temps, donc reportez-vous à la règle 2… ne soyez pas pressé !!
Règle n°6 : désignez immédiatement un expert d’assuré !
Si vous êtes malade, vous allez chez le médecin.
Si vous avez à faire face à un procès… vous allez chez un avocat.
Si vous avez un problème de fuite, vous appelez un plombier.
Si vous avez à faire face à un procès… vous allez chez un avocat.
Si vous avez un problème de fuite, vous appelez un plombier.
Bref, si vous avez un problème d’assurance (et croyez-moi, si le
sinistre est important, vous allez en avoir un), je vous conseille
d’aller voir un expert d’assuré et vite.
Souvent, une partie de ses honoraires (libres et négociables) sont
pris en compte dans… les remboursements de la compagnie. Eh oui (donc
encore une fois, lisez votre contrat) !
Cet expert d’assuré va s’occuper de tout ou presque concernant votre
dossier, il va vous permettre d’obtenir la meilleure indemnisation
possible et il obligera la compagnie par sa simple présence à respecter
le contrat.
Si vous perdez 10 000 euros, cela ne sert pas à grand-chose, mais si vous avez pour 100 000 euros de dégâts, cela changera tout.
N’oubliez pas que le principe de l’expertise à « dire d’expert »,
c’est d’être juridiquement « contradictoire ». Le problème c’est que
vous n’y connaissez rien bien évidemment et que l’expert (mandaté pour
payer le moins possible, c’est pas votre copain) va vous la faire à
l’envers et vous couillonner dans les grandes largeurs et hauteurs car
vous êtes incapable de lui apporter la bonne « contradiction ». Donc,
faites-vous aider d’un professionnel !!
Attention aux experts d’assurés… il y a de tout. Des bons… et des mauvais !
Suivez ces 6 règles et tout se passera pour le mieux
Suivez ces 6 règles et votre indemnisation se passera bien et ce,
quel que soit le sinistre auquel vous êtes confronté (catastrophe
naturelle, incendies, etc.).
Souvent, ce qui est frappant, c’est que quand les gens perdent tout,
il y a une forme de découragement et de tristesse post-catastrophe qui
en font des victimes passives. Si effectivement aucune perte affective
ne pourra jamais être remboursée car ce n’est pas une question d’argent
(je pense à ses photos de famille par exemple que le courant emporte et
effaçant la mémoire et les souvenirs précieux), il faut au contraire
tout faire pour qu’à un drame affectif ne vienne pas se rajouter un
drame financier.
Montez bien votre dossier, faites les choses dans l’ordre, prenez
conseil auprès de professionnels, faites passer un huissier, prenez des
photos et laissez la compagnie d’assurance prendre elle-même ses propres
responsabilités et enfin, ne soyez pas pressé : cela va être long, très
long et c’est en prenant votre mal en patience que vous aurez la
meilleure indemnisation.
Mieux vaut prévenir que guérir…
Enfin, et accessoirement, désormais toutes les zones à risque sont
fichées, qu’il s’agisse de risques de crues, ou industriels, naturels,
chimiques ou géologiques. Bref, consultez les bases de données avant
d’acheter un bien immobilier, le notaire vous en parlera, prenez au
sérieux ses remarques et, éventuellement, passez votre chemin car le
meilleur moyen de ne pas avoir de sinistre, c’est encore de s’en garder
en évitant certaines zones. Pour toutes celles et ceux pour qui c’est
trop tard parce que c’est comme ça et que c’est rarement aussi simple
dans la vie, vous avez les 6 règles précédentes à suivre qui, je
l’espère, vous aideront un peu dans ces moments difficiles.
N’hésitez pas à faire suivre cet article ou à le reprendre sur vos sites et blogs respectifs !
« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction
en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à
sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat
s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans
concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous
pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne
sur www.insolentiae.com. »
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