Ni l’Euro de foot, ni les manipulations polico-médiatiques contre le
mouvement social ne doivent nous détourner des impératifs citoyens
d’aller jusqu’au bout pour obtenir le retrait de la loi Travail et de
soutenir celles et ceux qui luttent courageusement pour tous les autres.
Sept propositions d’actions simples et efficaces dans ce billet. Dont
le partage d’une vidéo, à diffuser largement.
Après le « bashing » anti-social et anti-syndical du gouvernement, du
MEDEF et des médias, une communication de masse s’est emparée de l’Euro
de foot pour en faire l’étouffoir du mouvement social : le sport le
plus lié au capitalisme financier et à la société du spectacle est cet
opium du peuple dont Valls et Hollande espèrent qu’il leur permettra
d’imposer, in fine, la loi Travail. Cette immense diversion
appelle une réponse proportionnée à la violence des attaques contre la
démocratie sociale et nos droits fondamentaux, dont le droit de grève
est l’un des plus précieux. Cette réponse doit être plurielle dans ses
formes, massive dans sa mise en œuvre, déterminée dans la définition de
son but : le retrait sans condition de la loi travail, qui n’est ni amendable, ni négociable. Plus que jamais il faut aller jusqu’au bout.
Parmi la série des 7 propositions qui suivent, les 5 premières sont
des actions accessibles à chacune et chacun, qui ne coûteront que peu de
temps, et en feront certainement gagner beaucoup. Les deux dernières
impliquent un engagement physique, sans lequel aucune lutte sociale ne
peut être gagnée.
Parce que l’engagement d’intellectuels qui se battent pour la vérité et la liberté est aujourd’hui vital à notre démocratie attaquée de toutes parts, écoutons Serge Halimi. Devant l’intersyndicale du Havre, le 3 juin dernier, le directeur du Monde diplomatique
a prononcé un discours important. Il mérite d’être entendu et largement
diffusé. En 13 minutes, avec des mots justes et des idées fortes,
l’auteur des Nouveaux chiens de garde a exprimé tout ce que nous
devons savoir sur la loi Travail et son monde. « Les résistances ne
cessent pas », nous dit-il. Merci Serge Halimi ! Pour ne pas oublier ce
qui est en jeu avec cette loi inique, pour informer inlassablement le
plus grand nombre, regardons, partageons largement et recommandons cette vidéo ICI !
2. PARTICIPER
Parce qu’ils se battent pour tous les citoyens et l’intérêt général,
parce qu’ils le font avec courage et détermination, parce qu’ils
méritent notre solidarité financière, soutenons les grévistes en participant au pot commun.
Modeste ou généreux, votre don les aidera à tenir dans la durée,
motivera d’autres salariés à entrer dans la grève et compensera les
pertes de salaire qu’ils subiront. Cet appel s’adresse à tous les
citoyens, mais en particulier à tous les fonctionnaires opposés à la loi
Travail qui ne sont pas en grève et qui savent pourtant qu’ils subiront
le mêmes régressions sociales que les salariés du privé.
3. VOTER
Parce que nous sommes majoritaires à refuser la loi Travail, parce que nous avons été plus de 1,3 millions à signer la pétition Loi travail : non, merci !, parce que nous devons être encore plus nombreux à exprimer notre refus, participons à la votation citoyenne initiée par CGT,
FO, FSU, SOLIDAIRES, UNEF, UNL et FIDL. Nous ferons ainsi la
démonstration, contre ceux qui mentent et manipulent, que nous sommes le
nombre et que le gouvernement est illégitime à décider contre le
peuple.
4. BOYCOTTER
Parce que les médias mainstream insultent les grévistes,
manipulent l’opinion, truquent les sondages, dénaturent les débats,
abîment le pluralisme et constituent autant d’armes de destruction
massive de l’intelligence citoyenne, initions une campagne de boycott
des chaines de télévision, des radios et des journaux qui se comportent
comme des relais idéologiques serviles et mensongers du gouvernement !
Ils soutiennent la loi Travail sur ordre des patrons propriétaires de
ces médias, lesquels font partie des dix premières fortunes de France.
Mode opératoire : zapper les chaines idéologiques, soutenir la presse
indépendante, préférer l’audiovisuel public (France Culture, France
Inter, France 24, France 3…), ou même éteindre son téléviseur. Oui,
éteindre son téléviseur, c’est faire un geste d’écologie sociale et
politique et c’est aujourd’hui une mesure de salubrité mentale contre un
abrutissement généralisé.
5. CONVAINCRE
Parce qu’une chaine citoyenne des luttes est plus forte que la lutte
capitaliste des chaines, parce que l’intelligence et la solidarité sont
plus contagieuses que la bêtise et l’égoïsme, persuadons 5 personnes autour de nous de mettre en œuvre les actions ici décrites.
Convaincre 5 personnes qui en convaincront à leur tour 5 autres.
Construire partout des réseaux de solidarité est le levier le plus fort
pour gagner la bataille contre la loi Travail, une réforme synonyme de
destruction des conquêtes sociales.
6. MANIFESTER
Parce que la rue appartient au peuple et que manifester est un droit qui ne souffre aucun état d’urgence et aucune exception, faisons
de la manifestation nationale du 14 juin une démonstration de force du
mouvement social contre la loi Travail et son monde. A celles et ceux qui sont trompés par la fabrique de la violence
dont le premier responsable est le gouvernement, il faut dire de ne pas
avoir peur de manifester, car des citoyens qui craignent l’exercice
d’une liberté fondamentale empruntent le chemin de la servitude
volontaire.
7. SOUTENIR LES ROUGES EN SOUTENANT OU NON LES BLEUS
Parce que notre gouvernement, dans un prurit de dérive dictatoriale,
a tenté de bannir des stades toute possibilité d’expression politique,
parce que les salariés en lutte ne doivent pas être sommés de choisir
entre la grève ou le foot, parce que les stades peuvent devenir des
agoras de citoyens, saisissons-nous de l’Euro comme d’un amplificateur
de mobilisation. Antoine Perraud
nourrissait récemment un vœu que nous devrions partager : « Et si des
supporters devenus citoyens se saisissaient de l’occasion en or
qu’offrent de telles foules rassemblées ? La (géo)politique en sortirait
transformée… ». L’insurrection ne viendra peut-être pas du stade, mais
que ce lieu devienne un espace de réappropriation de la chose publique
est un espoir auquel il faut donner corps. Alors, tractons devant les stades, déployons pancartes, ballons et banderoles en leur sein, sur travée et gradins ! LOI TRAVAIL NON ! LES BLEUS AVEC LES ROUGES ! Commentaires ici ouverts aux slogans et montages les plus inventifs!
Parlant de la naissance du politique dans la Grèce antique, une
Grèce aujourd’hui détruite par la volonté d’une Commission européenne
non élue, Hannah Arendt nous rappelait que « le langage et l'action »
étaient considérés dans la démocratie athénienne « comme
choses égales et simultanées ». « Cela signifiait, poursuivait-elle, non
seulement que l'action politique, dans la mesure où elle ne participe
pas de la violence, s'exerce généralement au moyen du langage, mais de
façon plus fondamentale, que les mots justes trouvés au bon moment sont de l'action »
(1).
Sachons agir avec des mots justes pour défendre une cause juste.
Les mots sont l’arme la plus noble des citoyens éclairés et des
résistances vraies.
Notes
(1) Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Pocket, p. 63. Je recommande en particulier la lecture des chapitres 3 ("Le travail") et 5 ("L'action") de ce livre important.
PS : L'efficacité de ce billet qui propose des actions concrètes étant subordonnée à sa diffusion, merci de le relayer, si du moins vous en soutenez les propositions.
mediapart.fr
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