La salle du tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis)
était trop petite lundi matin pour accueillir les nombreux citoyens et
élus venus assister au ridicule procès intenté par le gouvernement à la
mairie de Stains, coupable de réclamer la libération du dirigeant
palestinien Marwan Barghouti, emprisonné par Israël depuis près de 15
ans.
Il s’agissait d’une audience dite « au fond », puisqu’il y a quelques
mois, statuant en « référé » (terme théoriquement réservé aux
situations d’urgence, ce qui ne manque pas de sel, quand on sait que la
banderole de soutien à Barghouti était déployée sur le fronton de la
mairie depuis 2009), le tribunal avait ordonné le retrait provisoire de
l’étendard.
Le lobby israélien en France est bien entendu à la manoeuvre, et il
est même allé jusqu’à porter parallèlement plainte, au pénal, contre le
maire de Stains Azzedine Taïbi, pour « apologie du terrorisme ». On
apprenait, cependant, au début de l’audience devant le tribunal
administratif, que cette provocation du mal nommé « Bureau National de
Vigilance contre l’Antisémitisme » (BNVCA) venait d’être classée sans
suite, ce qui ne met d’ailleurs pas ses auteurs à l’abri de poursuites
pour dénonciation calomnieuse.
Sans surprise, le « rapporteur public » (nouvelle appellation du
« commissaire du gouvernement » qui en dit long sur l’indépendance de
la juridiction administrative en France), ne trouvait rien à redire à la
demande du préfet de retrait définitif de la banderole.
Le magistrat a été peu disert sur le premier argument invoqué par le
préfet, à savoir le « risque de trouble à l’ordre public » que
susciterait la banderole. Et pour cause : celle-ci n’avait jamais
suscité de récriminations localement, pas plus que l’élection de Marwan
Baghouti comme citoyen d’honneur de la ville depuis 2009, jusqu’à ce que
le BNVCA (rejoint à l’audience par une autre officine sioniste,
l’association « Avocats sans Frontières » de Goldnadel) passe commande
au préfet en 2015.
Du coup, son deuxième argument, déjà filandreux, à savoir le
« manque d’intérêt local » présumé de la banderole tombait à l’eau,
constata avec ironie le défenseur de la mairie de Stains, M° Roland
Weyl, puisqu’aussi bien, la délibération et bonne et due forme ayant
fait de Marwan Barghouti un citoyen d’honneur de la ville avant le
déploiement de la banderole conférait précisément à celle-ci un intérêt
pour la vie citoyenne de la commune.
Enfin, M° Weyl balayait aisément le troisième et dernier « argument »
du rapporteur public, relatif à l’obligation de « neutralité » à
laquelle seraient tenues les municipalités, en montrant combien une
telle notion était subjective, et qu’en réalité, le gouvernement faisait
là un procès de nature politique, cherchant à faire taire toute
critique des agissements de l’Etat d’Israël.
Mise en délibérée, la décision du Tribunal Administratif de Montreuil sera rendue sous quinzaine.
Azzedine Taïbi fit ensuite, devant le bâtiment, un compte-rendu de
l’audience pour tous ceux, plus d’une centaine (habitants de Stains,
militants de la solidarité avec la Palestine, élus notamment du PCF) qui
n’avaient pu assister aux débats dans la salle.
On ne sait ce que sera
la décision des juges, mais une chose est certaine : notre détermination
à soutenir les droits du peuple palestinien et à ne pas nous laisser
intimider par les menaces gouvernementales est sortie intacte à l’issue
de cette matinée.
CAPJPO-EuroPalestine
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