Selon “Le Monde”, des
correcteurs de l’épreuve d’histoire du baccalauréat se sont émus d’avoir
été invités par l’inspection générale à faire remonter les propos
radicaux repérés dans les copies des candidats.
C’est une consigne qui passe mal. Selon le
Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU),
l’inspection générale d’histoire-géographie (IGHG) a demandé aux
correcteurs de l’épreuve d’histoire de l’édition 2016 du baccalauréat de
“faire remonter les propos antisémites, racistes et jihadistes trouvés
dans les copies” des candidats. Le syndicat majoritaire des professeurs
du secondaire s’en est ému sur Twitter le 22 juin, rappelant dans la foulée que
“les enseignants sont des fonctionnaires responsables et compétents qui
n’ont pas besoin d’appel à la délation pour accomplir leur travail”,
rapporte Le Monde ce mercredi 6 juillet.
Cette année, les candidats ont dû mobiliser leurs connaissances sur des sujets sensibles comme le
Proche et le Moyen-Orient depuis la fin de la Seconde guerre mondiale
(S), l’histoire et les mémoires de la Seconde guerre mondiale et de la
guerre d’Algérie ou l’Affaire Dreyfus (ES et L). Contacté par le
quotidien du soir, l’entourage de la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, dément
cependant toute consigne écrite et fait valoir que des inspecteurs
pédagogiques auraient “peut-être péché par excès de zèle, faisant preuve
de maladresse dans leurs conseils” afin de faciliter la tâche des
enseignants.
Briser l’anonymat du candidat
Plusieurs témoignages recueillis par Le Monde confirment
pourtant l’existence d’une telle consigne. Une correctrice aguerrie
affirme ainsi qu’il a été demandé aux enseignants lors d’une réunion de
“scanner la portion des copies contenant les propos en question et de
l’envoyer à l’inspecteur pédagogique régional avec le numéro d’anonymat
du candidat”. Une consigne qui a donné lieu a “très peu de réactions
parmi les collègues, assommés”, regrette-t-elle.
Une autre s’épanche sur le contenu d’un échange explicite avec un chargé de mission. “Quand j’ai demandé s’il s’agissait de détecter des jeunes en voie de radicalisation,
sa réponse a été positive. Il nous a conseillé de revenir à la réunion
suivante avec les copies pouvant poser problème”, raconte-t-elle.
Les correcteurs interrogés par le journaliste du Monde
assurent que les propos radicaux sont rares dans les copies des
candidats mais qu’ils peuvent être un peu plus présents en fonction des
académies. “On peut être confrontés à un argumentaire xénophobe, un
propos hostile aux juifs ou aux immigrés, mais aussi antiaméricains,
anti-Europe”, explique une enseignante de l’académie de Créteil. Ces
dérapages sont généralement sanctionnés par une note basse pour traitement hors-sujet.
“Ce n’est pas à nous d’alimenter les fichiers “S””
Tous prônent une réponse éducative avec
l’élève, sa famille et le chef d’établissement pour faire face à ces
situations lorsqu’elles surviennent en classe, avant d’aboutir à un
signalement le cas échéant. Dans le cadre du bac, “c’est plus délicat” car “il est impossible d’instaurer un dialogue”,
regrette une correctrice.
Mais “ce n’est pas à nous d’alimenter les
fichiers “S”, oppose une enseignante, qui assure que des consignes
proches auraient aussi été adressées à des correcteurs de l’épreuve
d’écriture personnelle au BTS.
Source : RTL, 06/07/2016
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