Entre les économies et la vente des sacs réutilisables, les grandes
surfaces s'offrent des millions d'euros de chiffre d'affaires
Les grandes surfaces se gardent bien de crier trop fort contre la
suppression légale (article 75 de la loi de transition énergétique)
depuis le premier juillet, des sacs de caisse ou des sachets, dits à
usage unique, de moins de 50 microns d’épaisseur destinés à emballer les
fruits et légumes avant la pesée. Après avoir protesté depuis des
années, en concertation avec les fabricants de ces sacs qui parsèment
les rues et la nature, elles se sont rendu compte que l’interdiction
(déjà souvent observée depuis des mois) constituait une excellente
affaire, même si tel n’était pas l’objectif du législateur. De plus, les
sacs étant importés à plus de 80 % des pays du Sud, leur disparition,
contrairement à ce qui a été claironné, n’aura pas d’incidence sur
l’emploi.
D’après la revue Linéaires,
le magazine qui commente chaque semaine l’actualité du libre-service et
n’a pas pour habitude de critiquer le secteur qui la fait vivre, non
seulement la suppression des sacs permet aux enseignes de réaliser une
économie annuelle de plusieurs centaines de millions d’euros, mais la
vente aux clients de sacs réutilisables a représenté un chiffre
d’affaires de 177 millions d'euros en 2014, rien que pour l’enseigne
Leclerc. Ce qui situe actuellement le chiffre d’affaires du sac
renouvelable, écologiquement correct, payant et souvent voué à la
disparition chez le client, à plus de 500 millions d’euros pour toutes
les enseignes réunies.
Chiffre qui va grimper rapidement. Ce qui explique, par exemple, la
publicité mensongère qui paraît depuis trois jours dans la presse
écrite, publicité dans laquelle Leclerc
se vante d’appliquer la réglementation depuis 1996 et promeut ses sacs
payants à usages multiples, transformant la clientèle en messager
publicitaire.
La grande distribution a rapidement compris comment transformer en
bonne affaire les récriminations de la clientèle réticente à se passer
des sacs gratuits. D’autant plus que les clients, qui oublient souvent
de rapporter les sacs réutilisables, finissent par les transformer en
sacs-poubelle bien que les ayant payés entre 3 et 7 centimes à la caisse
selon les marques. Un prix « indolore » mais qui rapporte pour un objet
dont la biodégradabilité reste d’ailleurs problématique. Tout comme
leur origine puisqu'ils sont majoritairement fabriqués à partir de maïs
et de pomme de terre, ce qui représente un indéniable détournement de
produits alimentaires.
En attendant que la majorité de consommateurs se munisse de ses
propres sacs ou cabas, ce qui est loin d’être gagné tant sont fortes les
mauvaises habitudes créés depuis des années par les super ou
hypermarchés, la grande distribution va maintenant pleurer sur l’usage
obligatoire de sacs en papier ; en expliquant qu’elle devra «
probablement » répercuter le coût de leur usage sur les prix des
aliments frais.
Il y a pourtant longtemps que les magasins spécialisés
dans le bio ont instauré leur usage sans être conduits à la faillite…
politis.fr
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