En réponse aux sanctions de l’UE, le gouvernement
russe a décidé le 29 juin de prolonger l’embargo sur les produits
alimentaires jusqu’à la fin de 2017.
Les embargos respectifs de l’UE et de la Russie ne sont pas prêts
d’être levés. Après que les ambassadeurs européens se sont mis d’accord
la semaine dernière pour prolonger les sanctions contre la Russie
jusqu’en janvier 2017, Moscou a rétorqué en reconduisant également les
siennes jusqu’en 2017.
L’UE avait imposé des sanctions économiques à la Russie dans les
domaines bancaire, du pétrole et de la défense en réaction à l’annexion
de la Crimée en 2014 et au soutien qu’elle a apporté aux séparatistes
ukrainiens. La Russie a rétorqué en imposant un embargo sur un nombre
important de produits alimentaires européens importés sur son marché.
Le commerce entre la Russie et l’UE a donc ralenti, avec une
diminution de plus de 162 milliards d’euros entre 2013 et 2015.
Parallèlement au ralentissement de la demande chinoise, l’embargo de la
Russie a provoqué des pressions énormes sur le marché agricole européen,
déjà en difficulté.
Personne n’y gagne
La guerre du commerce UE-Russie a eu des effets sévères sur
l’économie russe, avec une augmentation des prix sur les denrées
alimentaires et une baisse de la qualité.
Toutefois, les Russes ne sont pas les seuls à en souffrir.
L’association agricole paneuropéenne Copa-Cogeca a en effet affirmé que
les agriculteurs et les coopératives agricoles européens ont perdu leur
principal marché d’exportation, d’une valeur de 4,6 milliards d’euros,
du jour au lendemain.
Les secteurs les plus touchés par l’embargo russe sont ceux du lait,
du porc et des fruits et légumes. Les prix de la viande de porc sont
inférieurs à ceux fixés il y a 11 ans et le prix du lait a baissé de
40 % en deux ans.
Entre temps, les ambassadeurs européens se sont mis d’accord la
semaine dernière pour prolonger les sanctions contre la Russie jusqu’en
janvier 2017, dans la mesure où il n’y a pas eu de progrès dans le
processus de pacification pour mettre fin à la guerre dans l’Est de
l’Ukraine.
Cependant, les agriculteurs européens insistent pour que la
Commission débloque la situation, en pénétrant de nouveaux marchés, ou
carrément en mettant fin à l’enlisement des relations EU-Russie.
Réouverture du marché russe
« Pour atténuer les effets de l’embargo, nous sommons la Commission
de redoubler d’efforts pour ouvrir de nouveaux marchés d’exportations et
encourager les mesures de développement », a expliqué Pekka Pesonen, le
secrétaire général de Copa-Cogeca.
« Nous l’appelons également à favoriser une réouverture du marché
russe », ajoute-t-il. « L’embargo a été un coup dur pour notre secteur.
Les prix ont chuté et une amélioration n’est pas encore visible. »
La Commission a voulu pallier ces problèmes de flux de trésorerie en
septembre 2015 et adopté un paquet d’aide d’une valeur de 500 millions
d’euros pour les agriculteurs européens.
« En outre, nous demandons aux États membres de s’assurer que les
aides accordées en septembre sont versées et qu’un nouveau paquet est
introduit aussi tôt que possible », a souligné Pekka Personen.
Divisions au sein de l’UE
Les sanctions contre Moscou ont entrainé les réactions fortes à l’intérieur du bloc.
Les ministres des affaires étrangères allemand et autrichien ont
estimé que les sanctions devraient être allégées graduellement, à mesure
de la progression vers une paix véritable. Ils souhaitent donc que la
levée des sanctions ne soit plus uniquement liée au respect de toutes
les conditions de Minsk.
Le ministre des affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a
également désapprouvé la prolongation automatique des sanctions. « Nous
ne sommes pas satisfaits du renouvellement automatique des sanctions,
mais il y a un réel débat », a-t-il récemment expliqué.
Le ministre du développement agricole grec, Evangelos Apostolou avait maintenu dans une interview accordée à EurActiv
que toute tentative pour résoudre le problème serait « complètement
légitime et nécessaire ». L’embargo russe sur les produits agricoles
européens a provoqué des problèmes colossaux dans les exportations
agricoles grecques.
« En 2013, les produits que la Russie a interdits représentaient 74 %
du total de nos exportations de produits agricoles vers la Russie, qui
était la première destination des exportations de kiwi, de pèches, de
fraises, de cerises, de nectarines et de bar », a-t-il dit à EurActiv.
Selon les données Eurostat de 2015, la production de pêche en Espagne
(34,4 %), en Italie (32,9 %) et en Grèce (23,2 %) représente au total
90 % de la production dans l’UE.
euractiv.fr
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