dimanche 3 juillet 2016

La Russie prolonge l’embargo sur les denrées alimentaires européennes

Sarantis Michalopoulos          


En réponse aux sanctions de l’UE, le gouvernement russe a décidé le 29 juin de prolonger l’embargo sur les produits alimentaires jusqu’à la fin de 2017.

Les embargos respectifs de l’UE et de la Russie ne sont pas prêts d’être levés. Après que les ambassadeurs européens se sont mis d’accord la semaine dernière pour prolonger les sanctions contre la Russie jusqu’en janvier 2017, Moscou a rétorqué en reconduisant également les siennes jusqu’en 2017.
L’UE avait imposé des sanctions économiques à la Russie dans les domaines bancaire, du pétrole et de la défense en réaction à  l’annexion de la Crimée en 2014 et au soutien qu’elle a apporté aux séparatistes ukrainiens. La Russie a rétorqué en imposant un embargo sur un nombre important de produits alimentaires européens importés sur son marché.
Le commerce entre la Russie et l’UE a donc ralenti, avec une diminution de plus de 162 milliards d’euros entre 2013 et 2015. Parallèlement au ralentissement de la demande chinoise, l’embargo de la Russie a provoqué des pressions énormes sur le marché agricole européen, déjà en difficulté.

Personne n’y gagne

La guerre du commerce UE-Russie a eu des effets sévères sur l’économie russe, avec une augmentation des prix sur les denrées alimentaires et une baisse de la qualité.
Toutefois, les Russes ne sont pas les seuls à en souffrir. L’association agricole paneuropéenne Copa-Cogeca a en effet affirmé que les agriculteurs et les coopératives agricoles européens ont perdu leur principal marché d’exportation, d’une valeur de 4,6 milliards d’euros, du jour au lendemain.
Les secteurs les plus touchés par l’embargo russe sont ceux du lait, du porc et des fruits et légumes. Les prix de la viande de porc sont inférieurs à ceux fixés il y a 11 ans et le prix du lait a baissé de 40 % en deux ans.
Entre temps, les ambassadeurs européens se sont mis d’accord la semaine dernière pour prolonger les sanctions contre la Russie jusqu’en janvier 2017, dans la mesure où il n’y a pas eu de progrès dans le processus de pacification pour mettre fin à la guerre dans l’Est de l’Ukraine.

Cependant, les agriculteurs européens insistent pour que la Commission débloque la situation, en pénétrant de nouveaux marchés, ou carrément en mettant fin à l’enlisement des relations EU-Russie.

Réouverture du marché russe

« Pour atténuer les effets de l’embargo, nous sommons la Commission de redoubler d’efforts pour ouvrir de nouveaux marchés d’exportations et encourager les mesures de développement », a expliqué Pekka Pesonen, le secrétaire général de Copa-Cogeca.
« Nous l’appelons également à favoriser une réouverture du marché russe », ajoute-t-il. « L’embargo a été un coup dur pour notre secteur. Les prix ont chuté et une amélioration n’est pas encore visible. »
La Commission a voulu pallier ces problèmes de flux de trésorerie en septembre 2015 et adopté un paquet d’aide d’une valeur de 500 millions d’euros pour les agriculteurs européens.
« En outre, nous demandons aux États membres de s’assurer que les aides accordées en septembre sont versées et qu’un nouveau paquet est introduit aussi tôt que possible », a souligné Pekka Personen.

Divisions au sein de l’UE

Les sanctions contre Moscou ont entrainé les réactions fortes à l’intérieur du bloc.
Les ministres des affaires étrangères allemand et autrichien ont estimé que les sanctions devraient être allégées graduellement, à mesure de la progression vers une paix véritable. Ils souhaitent donc que la levée des sanctions ne soit plus uniquement liée au respect de toutes les conditions de Minsk.
Le ministre des affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a également désapprouvé la prolongation automatique des sanctions. « Nous ne sommes pas satisfaits du renouvellement automatique des sanctions, mais il y a un réel débat », a-t-il récemment expliqué.

Le ministre du développement agricole grec, Evangelos Apostolou avait maintenu dans une interview accordée à EurActiv que toute tentative pour résoudre le problème serait « complètement légitime et nécessaire ». L’embargo russe sur les produits agricoles européens a provoqué des problèmes colossaux dans les exportations agricoles grecques.
« En 2013, les produits que la Russie a interdits représentaient 74 % du total de nos exportations de produits agricoles vers la Russie, qui était la première destination des exportations de kiwi, de pèches, de fraises, de cerises, de nectarines et de bar », a-t-il dit à EurActiv.

Selon les données Eurostat de 2015, la production de pêche en Espagne (34,4 %), en Italie (32,9 %) et en Grèce (23,2 %) représente au total 90 % de la production dans l’UE.

euractiv.fr

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