Si j’avais un char, ça changerait ma vi-e J’irais m’ promener su’ l’ bord d’ la Gaspésie Si j’avais un char, ça changerait ma vie J’aurais l’ nez dehors et toi aussi ma jolie
Chanson de Steven Faulkner
***
Si Henry Ford était encore de ce monde,
il aurait obtenu une trentaine de doctorats. On peut arrêter un bandit,
mais pas une usine à fabriquer des voitures. On ne lâche pas le magot.
Et c’est à ce point sophistiqué qu’on peut maintenant s’asseoir dedans
et de profiter de toutes les commodités. En améliorant un peu
ce produit d’une civilisation en bouchon de circulation, on finira par
ne plus avoir les moyens de s’acheter une maison. Une voiture, oui. On
en fait des performantes qui bouffent de moins en moins d’essence. Le
ridicule ne tue pas… Si elles bouffent moins d’essence, elles bouffent
tellement d’espace qu’elle finit par se déplacer à la vitesse d’un
cheval. Mais elle ne fournit pas de compost ni de viande. Toutefois,
elle participe à l’industrie de l’asphaltage qui contribue à détruire
une colonne de jardins pour y planter du bitume. L’auto a faim : elle
dévore des centaines de kilomètres, maintenant par nécessité de travail.
L’auto sert également à se déplacer d’un rang social à un autre. Plus
elle est belle et performante, plus vous avez par graffiti, inscrit
votre rang social. Pour déceler un pauvre, louchez la rouille au bas des
portes….
***
En 1957, j’avais dix ans. On partait du
petit village de Sully pour se rendre à Rivière-du-Loup par une route
gravelée qui soulevait tellement de poussière qu’il aurait fallu des
masques pour se protéger. On avait du sable dans les dents.
On allait pique niquer au bord du Fleuve
Saint-Laurent. Air salin, faux amérindiens, air climatisé, et boissons
qui faisaient ronfler. De temps en temps, on rencontrait une voiture. On
était si contents qu’on s’arrêtait pour parler aux conducteurs.
Maintenant, en ville, on s’arrête pour lui donner un coup de poing. Et
l’autre conducteur aussi…
La voiture ne veut tellement pas mourir
qu’on veut maintenant la fabriquer avec des moteurs électriques. Ce qui
ne règle en rien son appétit pour d’asphalte. En un sens, c’est vert.
Mais dans l’autre, il faudra tellement d’électricité pour faire téter ces
machines qu’on ne nous dit pas où nous la prendrons. Quant aux
batteries, oups ! On ne saura qu’en faire. À moins qu’un ingénieur trouve
le moyen de fabriquer des maisons avec des batteries éteintes.
Il faut aimer les gens qui recyclent.
Notre industrie de recyclage des matières bio compostables a coûté 28$
millions de dollars pour produire du biogaz. Elle cueille les déchets de
table – certains doivent être gardés au congélateur – pour produire un
gaz qui fera rouler 600 camions.
La seule chose qui fonctionne dans ce
grand projet est que les investisseurs sont, pour la plupart, des
subventions de l’État. Étant donné qu’il n’y a pas suffisamment de
matières recyclables, on … les brûle. 28$ millions pour faire rouler
600 camions… Sans compter ceux qui vont livrer le biogaz.
Le génie dans tout ça c’est que si vos
carottes, vos choux, votre viande, vos pelures de légumes, vos sandwich,
ne vous mènent nulle part, c’est qu’il ne sert à rien d’imiter un génie
d’il y a un siècle. Rouler électrique ou rouler à carottes tient de
l’arnaque du concepteur avaleur de subventions. Nous sommes le gros
pique-nique de ces ingénieurs qu’il faudrait flanquer dans les bacs
bruns de recyclage. Et le brûler…
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