Bien que terrée tranquillement à l’abri de mon hortensia –en
prévision des fortes chaleurs de l’été – la nouvelle est parvenue
jusqu’à moi, ma maîtresse ayant trouvé de bon goût venir déposer un
Canard au bord de ma marre : le coiffeur du Président se ferait payer
9 895 euros par mois pour le résultat que chacun sait.
J’ai commencé par penser, avec indulgence, qu’il s’agissait d’un
salaire brut (il en va bien ainsi), et que la précaution d’un socialiste
conduisait sagement à majorer le salaire net de ses serviteurs de 20%,
connaissant les charges accablantes qu’un socialisme de combat fait
peser sur le petit peuple.
J’ai encore trouvé d’autres excuses au Président, considérant qu’un
socialisme, qui n’en n’a plus que les apparences, pouvait aisément
justifier la rentabilité d’un tel investissement, mis à profit de les
sauver.
J’ai même pensé qu’il n’était pas illégitime que le mérite soit
correctement récompensé, tant il est vrai qu’il doit être plus difficile
de couper les cheveux à un chauve qu’à un rasta.
Et puis je me suis ravisé, en songeant qu’une secrétaire comptable en
CDD dans la fonction publique, embauchée 10 mois l’an – pour ne pas
payer les vacances – gagnait en une année à peu près le même salaire que
ces émoluments mensuels, en tremblant comme une feuille morte à l’idée
que la Cour des comptes vienne un jour lui chercher querelle – elle
dit : « qu’elle vienne nous couper les cheveux en quatre » – pour
l’achat d’une agrafeuse imputé au compte de la masse salariale.
La tortue gracile
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