samedi 2 juillet 2016

Vers un royaume désuni ?

Olivier Cabanel             

La sortie du Royaume-Uni de l’univers européen pourrait bien avoir pas mal d’effets induits, effets qui demandent à être confirmés, chute de la livre, et crise financière...mais ce n’est pas tout.

On se souvient en effet que l’Écosse était largement favorable à l’idée européenne, et pourrait la rejoindre provocant un schisme au sein du Royaume-Uni...
L’Écosse avait tenté il y a peu de prendre son indépendance, et avait échoué de justesse.
Le non l’avait emporté à 55% contre 45 pour le oui, mais la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne change la donne, et par la voix de son premier ministre, Nicola Sturgeon, considérant que ses concitoyens avaient majoritairement voté pour rester au sein de l’Union européenne, vient de faire savoir que la possibilité d’un second référendum était désormais « sur la table »... lien
Idem pour l’Irlande du nord, tentée elle aussi de prendre son indépendance afin de rejoindre l’Union Européenne...lien
En effet, le Sinn Féin, le parti républicain irlandais appelle à un référendum pour une Irlande unifiée, tournant éventuellement le dos à la Grande Bretagne. lien
Des bouleversements nouveaux sont donc en train de naître, mais ils ne touchent pas que le Royaume-Uni, car si certains veulent rentrer, d’autres veulent sortir...
La Finlande, dès 2012, avait fait savoir les velléités qui étaient les siennes de quitter la zone euro, et la décision officielle tardant, plus de 50 000 citoyens ont signé une pétition forçant les députés à débattre de l’éventualité d’un référendum pour que le pays abandonne l’euro. lien
Pour confirmer cet état d’esprit, Jutta Urpilainen, ministre finlandaises des finances jusqu’en 2014 avait déclaré : « la Finlande ne s’accrochera pas à l’euro à n’importe quel prix, et nous sommes prêts à tous les scénarios, y compris à abandonner la monnaie unique européenne  ». lien
Quant aux Pays-Bas, s’il faut en croire un tweet de Geert Wilders, chef du parti populiste de droite, en tête des sondages pour le poste de 1er ministre : « Hourra pour les Britanniques ! Maintenant c’est à nous ».
La Suède n’est pas loin de penser la même chose...elle a déjà refusé l’euro comme monnaie, et avec le départ du Royaume-Uni, elle perd un allié de poids... le Danemark, de son coté, fait la grimace, ayant compris qu’il n’aura pas la Grande Bretagne pour protéger ses intérêts, d’autant qu’il avait voté à 53% contre le renforcement d’une coopération en matière de police et de sécurité, avec l’Union Européenne.
Chez nous, on sait que 53% de nos concitoyens souhaitent être consultés par voie référendaire sur le maintien du pays dans l’Union.
De leur coté les Tchèques s’interrogent, et le 1er ministre avait déclaré : « si la Grande Bretagne quitte l’UE, un débat sur le retrait de la République Tchèque sera à attendre dans quelques années  ».
Les Hongrois, on le sait, n’approuvent pas la politique migratoire de l’UE, et ont promis un référendum sur le sujet, quand à la Pologne, la décision dépendra du sort réservé aux 100 000 immigrés polonais vivant sur le sol du Royaume-Uni. lien
L’Europe est-elle donc en train de couler ?
Sur le fond, l’Europe a beaucoup à se faire pardonner, car cette Europe n’est pas celle voulue par les citoyens, ceux-ci la jugeant trop inféodée aux puissances financières, et prenant rarement des mesures sociales fortes...
Elle a aussi beaucoup à se faire reprocher, notamment en matière d’environnement, inféodée qu’elle est aussi aux puissants lobbys nucléaires, pharmaceutiques, industriels...lien


Quid des hésitations européennes sur l’utilisation du dangereux « round-up » de Monsanto ? lien
Quid du TAFTA, ce traité que l’Amérique tente d’imposer à l’Europe qui permettrait de faire juger les états qui refuseraient certaines pratiques douteuses concernant la santé, l’agriculture... ? lien
L’une des critiques les plus récurrentes concerne le pouvoir excessif donné à la commission européenne, parasitée par des lobbyistes de tout poil, entrant dans les bureaux des députés comme on entre dans un moulin, et pesant sur les décisions finales par des moyens fatalement peu démocratiques. lien
S’il faut en croire le CEO (Corporate Europe Observatory), ils sont près de 30 000 lobbyistes officiant discrètement auprès des institutions européennes, et si certains sont comptabilisés dans un « registre de transparence », d’autres ne le sont pas : « une centaine de gros poissons comme Adidas, Apple, Disney, Heineken ou Porsche snobent ce registre alors qu’ils arpentent les couloirs des institutions européennes  ». lien
Les critiques s’amoncellent aussi contre le Parlement européen, dotée d’un mécanisme institutionnel trop complexe, et perdant petit à petit son pouvoir, ne disposant même pas de l’initiative législative, étant aussi exclu du vote des textes concernant le budget, son rôle étant éclipsé par le Conseil des ministres de l’Union Européenne...
Le pouvoir des technocrates européens est visible.
De plus, pour tous les sujets complexes, le vote se fait à l’unanimité, ce qui multiplie les blocages.
La commission Européenne dispose, quand à elle, d’un pouvoir exécutif considérable, et au dessus de tout cet édifice, il y a le Conseil Européen, regroupant les chefs d’état de tous les pays concernés, lequel a pour mission de donner les grandes directions de son développement. lien
Heureusement, l’Europe n’est pas toujours a coté de la plaque, comme par exemple pour NDDL, puisqu’elle réclame depuis 2 ans une évaluation environnementale, demandant la suspension des travaux tant que la France n’a pas engagé cette évaluation. lien
Personne n’a oublié en France, la manœuvre honteuse du gouvernement Sarkösi, contournant à Versailles, avec la complicité socialiste, la décision du peuple, lequel avait, par voie de référendum, refusé le projet de constitution européenne (lien) même si Alain Juppé prétend ingénument que le référendum de 2005 n’a pas été ignoré.
Il affirme : « le NON français au projet de constitution européenne a été entendu »...sauf que 2 ans plus tard, la quasi-totalité des dispositions de ce texte étaient reprises par le Traité de Lisbonne, ratifiées, sans référendum. lien
Une nouvelle maladie, éventuellement bienvenue pour certain, est donc en train d’apparaitre : « la référendite »...
Quant aux eurosceptiques français, ils contestent l’Europe pour des raisons souvent différentes, voire antagonistes...
Alors qu’à l’extrême droite il s’agit de se terrer derrière ses frontières, à l’extrême gauche, on ne veut pas de cette Europe des banquiers et on a la volonté de promouvoir une Europe sociale et environnementaliste, réellement démocratique.
Sur le thème « l’Europe, on la change ou on la quitte  », Jean-Luc Mélenchon résume assez bien la position de cette gauche. lien
Certains sont allés beaucoup plus loin affirmant la volonté allemande d’humilier la Grèce, en leur évitant le Grexit, afin que ça serve d’avertissement aux « pays cigales », mais aussi surtout celle de détruire le modèle social français. lien
Au-delà de tout ça, il faut rappeler la belle polémique lancée il y a une année par Xavier Moreau, rédacteur chez « réalpolitik TV », ce dernier déclarant, preuves à l’appui, (documents déclassifiés en 2014) que la construction européenne a été voulue par les Etats-Unis, rappelant que le « père fondateur » Robert Schuman, avait été un agent de la CIA (lien), que Jean Monnet était aussi un agent des Etats-Unis, (dixit Marie-France Garaud, (lien) rappelant aussi que le premier président de la commission européenne, Walter Einstein, était auparavant un juriste nazi, et c’est à ce même personnage qu’Adolph Hitler avait demandé, au mois de juin 1938, de préparer le projet de construction européenne, projet vendu aux français sous l’occupation, dont on voit ici l’affiche. vidéo

Comme dit mon vieil ami africain : « le chien a beau avoir 4 pattes, il ne peut emprunter 2 chemins à la fois ».

agoravox.fr

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