Au moment où l’industrie laitière connait quelques problèmes,
des filières qui pourraient sauver la mise sont encore très méconnues.
Lors de la fabrication du fromage, il reste un produit dont les
fromagers ne savent souvent que faire, à tel point que des entreprises
venaient proposer leurs services pour les en débarrasser, le petit lait.
Il faut remonter à l’ancienne Égypte pour découvrir
les premières traces archéologiques de la fabrication du fromage, et il
est probable que c’est la découverte de lait caillé dans l’estomac d’un
animal qui a conduit les fromagers à ajouter de la présure au lait pour
le faire cailler, afin d’en faire un fromage. lien
Or, lorsque la prise se fait, une partie du lait, appelée le
lactosérum, dit aussi « petit lait », s’évacue des faisselles, et les
utilisations de ce dérivé laiteux sont relativement restreintes.
Pourtant ce petit lait a de nombreuses propriétés, vu qu’il contient de nombreuses vitamines, des minéraux, du calcium...
Nos grands parents s’en servaient pour nourrir les cochons, mais aujourd’hui, d’autres solutions ont vu le jour.
Certains le boivent, sous forme de cocktails originaux, mélangés à
des jus de fruits, même si l’expression « boire du petit lait » a une
autre origine, d’autres s’en servent pour faire des crêpes, d’autres,
parfois corses, adeptes de solutions économiques autant qu’écologiques,
l’utilisent pour nettoyer leurs ustensiles. lien
Mais il peut aussi être intégré à une purée, ou servir à faire des
brioches, des pains, remplaçant ainsi la levure et le lait permettant
ainsi de fabriquer des pâtisseries d’une belle couleur dorée.
Toutes ces utilisations sont bien sûr intéressantes, mais les
fromageries n’ont généralement pas d’autres solutions que de s’en
débarrasser, vu la quantité de petit lait produit, même si certaines le
revendent à Lactalys qui le transforme en « poudre de lait » en échange de quelques centimes. lien
L’appellation « poudre de lait » n’a évidemment rien à voir avec celle de « lait en poudre ». lien
C’est lors du tournage d’un documentaire, dans lequel j’officiais en temps qu’intervieweur, que je me suis retrouvé à l’Abbaye de Tamié,
laquelle, par moines interposés, produit le fromage du même nom, et que
j’ai découvert comment les moines cisterciens avaient contourné la
difficulté, et tourné à leur avantage l'utilisation de tout ce petit
lait souvent perdu.
Par les années passées, une entreprise venait les en débarrasser, et
leur donnait quelques sous par-dessus le marché, jusqu’au jour ou elle
n’a plus voulu payer et leur a demandé de l’argent pour les en
débarrasser.
C’est alors que, dans les années 2000, les moines
ont eu la lumineuse idée de transformer ce lactosérum en énergie, en le
mettant dans un méthanisateur, lequel s’est mis à produire de
l’électricité et de la chaleur, faisant réaliser à l’abbaye
d’importantes économies.
Depuis cette innovation a fait des petits, et le célèbre Beaufort, ce grand fromage savoyard, a suivi le même chemin, à une échelle beaucoup plus importante.
L’usine Valbio a couté 13 millions d’euros, permettant d’employer 10 personnes, produisant chaleur et électricité.
Couvrant une surface de 800 m², située à Albertville, elle récupère le petit lait de 600 producteurs locaux, et traite les 100 000 litres de petit lait généré, lequel produit 3 millions de kWh annuellement, ainsi que de la chaleur, répondant aux besoins de 1500 foyers.
Le procédé est assez simple : des bactéries vont se nourrir du sucre
et des sels minéraux composant le petit lait, et ainsi générer du biogaz
par fermentation, qui sera utilisé pour produire eau chaude et
électricité. lien
Depuis, une dizaine d’autres installations ont vu le jour, telle celle du Lot, de la fromagerie Baechler, situé dans la commune du Temple-sur-Lot, qui traite 5 millions de litres de lait par an, dont 4,25 millions de litres de petit lait et qui avec ses 2 digesteurs produit 200 000 m3 de biogaz qui au final se transformeront en 1 200 000 kWh/an. lien
Des progrès donc, et pourtant il reste beaucoup à faire, car dans le pays aux 1200 variétés de fromages, selon le CNIEL, (centre national interprofessionnel de l’économie laitière) les fromageries se comptent par milliers. lien
Pour fabriquer tous ces fromages, le ministère de l’agriculture a recensé pas moins de 3500 établissements de transformation de lait et produits laitiers, qui sont potentiellement autant de source de production énergétique...lien
Quand l’on songe que notre pays collecte annuellement 24,6 milliards de litres de lait, soit quasi autant de petit lait, une simple règle de trois, permet d’affirmer qu’il pourrait être transformé en quasi 30 milliards de kWh/an, ce qui est loin d’être négligeable quand l’on sait que notre pays consomme annuellement 475,4 TWh. lien
Entre les éoliennes qui prennent de l’ampleur, le photovoltaïque qui
augmente son rendement, la technique qui progresse dans le domaine des
batteries, notamment avec le VOSS, et toutes les autres
énergies propres, on a de la peine à comprendre pourquoi ce
gouvernement, et ceux qui les ont précédé, continuent à s’enfoncer dans
une logique d’électricité nucléaire de plus en plus chère, et de plus en
plus dangereuse.
Comme dit mon vieil ami africain : « l’oiseau né en cage pense que voler est une maladie ».
agoravox.fr
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