« Un
milliard d’euros de bénéfices, l’hépatite C on en vit très bien »,
« Bien placé, un cancer peut rapporter jusqu’à 120 000 euros », « Une
leucémie, c’est en moyenne 20 000 % de marge brute », ou encore « Le
mélanome, c’est quoi exactement ? C’est quatre milliards de chiffre
d’affaires »...
Les affiches chocs de la campagne de Médecins du monde ont été interdites de métro « devant les risques de réaction négative » de l’industrie pharmaceutique. Alors une pétition prend le relais pour dénoncer « les marges colossales et révoltantes sur les traitements des malades » et poser une question simple à la ministre : « Quand il s’agit de santé, est-ce au marché de faire la loi, ou est-ce à l’État ? »
Car,
en France, les prix des médicaments ne sont pas libres, ils sont le
fruit d’une très opaque négociation entre le gouvernement et l’industrie
pharmaceutique à travers un Comité économique des produits de santé
(CEPS). Alors qu’une équipe de chercheurs de Liverpool a estimé que le
coût de production du nouvel anti-viral actif contre l’hépatite C, le
Sofosbuvir, ne s’élevait qu’à une centaine d’euros pour les trois mois
de traitement nécessaires, le laboratoire Gilead a obtenu un prix de
revente de 41 000 euros, soit 400 fois plus ! 200 000 malades en
auraient besoin... mais seulement 30 000 sont sous traitement.
Sans bénéfice thérapeutique... mais avec des bénéfices financiers !
Depuis
plusieurs années, le prix des médicaments est en constante
augmentation : le Keytruda contre le mélanome est vendu plus de
100 000 euros par patientE, le Glivec pour soigner la leucémie
40 000 euros par an et par patientE. En une quinzaine d’années, le prix
moyen des traitements de cancérologie a bondi de 10 000 à plus de
120 000 euros par patientE et par an. Une explosion qui n’est pas
justifiée par le coût de la recherche et développement... qui a diminué
et qui souvent bénéficie des crédits de la recherche publique ! Une
explosion qui n’est pas justifiée par une spectaculaire amélioration de
l’efficacité des molécules... puisque selon Médecins du monde, depuis
les 20 dernières années, 74 % des médicaments mis sur le marché
n’apportent que peu de bénéfices thérapeutiques....
Médecins du
monde demande aux autorités de refuser de s’aligner sur les exigences de
prix des firmes pharmaceutiques, de rendre le système d’arbitrage des
prix plus démocratique et transparent, en y associant de façon
structurelle des représentants des patients et des professionnels.
L’association demande aussi de ne plus accepter les extensions de durée
des brevets que la rapidité du développement des nouvelles
thérapeutiques ne justifie pas, et enfin d’autoriser, comme cela existe
déjà pour les traitements du sida et des infections opportunistes,
l’utilisation de licences obligatoires pour les pays en développement,
qui leur permettent la production et l’utilisation de génériques avant
même que les brevets ne tombent dans le domaine public.
En effet, la
licence d’office peut être utilisée lorsqu’un médicament est mis à la
disposition du public « à des prix anormalement élevés, ou lorsque
le brevet est exploité dans des conditions contraires à l’intérêt de la
santé publique », comme le souligne l’article L613-16 du Code de la propriété intellectuelle.
npa2009.org
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