Élire l’Arabie saoudite au Conseil des droits de l’homme, c’est comme
nommer un pédophile directeur d’école. Mais ça y est, c’est fait.
Cette
monarchie est esclavagiste et corrompue. Pudibonde et obscène, elle se
prosterne devant le dieu-dollar et vomit tout ce qui n’est pas
wahhabite. Elle diffuse à l’échelle planétaire une idéologie débile et
sectaire. Elle invoque le Créateur à chaque virement bancaire, mais elle
décapite comme d’autres font un barbecue. Seulement voilà, elle a
beaucoup d’amis. Et ils trouvent qu’elle a un excellent pedigree pour se
voir confier la promotion des droits de l’homme. Remarquez, on a
échappé au pire. On a failli lui confier les droits de la femme.
Voilà
donc l’Arabie saoudite chargée, avec notre bénédiction, de soutenir les
droits de l’homme comme la corde soutient le pendu. Car les Occidentaux
ont voté comme un seul homme pour la candidature de Riyad. Avec une
bienveillance de marchands de canons soucieux de la réputation du
client, ils ont arrosé d’eau bénite cette fosse à purin. Vus de Paris,
les dix milliards de contrats d’armements valent bien cette petite
mascarade dont personne ne parlera plus dans 48 heures. On leur a vendu
des armes, distribué des médailles, bradé l’honneur national. Tant qu’on
y est, on peut aussi leur permettre de parader au sein de ce conseil
qui, de toutes façons, ne sert à rien. Puisqu’ils y tiennent !
On
pourrait craindre, bien sûr, que l’ONU y perde de sa crédibilité.
L’organisation internationale s’en remettra-t-elle ? En réalité, aucun
risque. L’ONU est une avaleuse de couleuvres professionnelles. Elle
n’est pas à un paradoxe près. Elle tente de donner une apparence de
réalité à cette fiction qu’est la communauté internationale, mais
personne n’est dupe. Le Conseil des droits de l’homme a des attributions
ronflantes, mais ce machin onusien est devenu la « bonne-à-tout faire »
des ploutocrates. L’arène internationale est un champ de forces où les
alliances se font et se défont. Richissime, la monarchie wahhabite a des
moyens de persuasion que n’a pas le Burkina Faso.
Que cette
élection au CDH (28 octobre) ait eu lieu trois semaines après le
massacre perpétré à Sanaa par l’aviation saoudienne (8 octobre) ne
manque pas de sel. Quel symbole ! L’admission en grande pompe au Conseil
des droits de l’homme, c’est la prime à l’assassin. On a heureusement
échappé au Prix Nobel de Laurent Fabius, l’apologiste alcoolique des
psychopathes d’Al-Nosra. On a frôlé celui des Casques blancs
« auto-reverse », brancardiers le jour et tortionnaires la nuit. Mais
c’était plus fort que tout. On n’a pas pu éviter l’élection des coupeurs
de tête saoudiens au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
On
aurait dû surtout demander ce qu’il en pense au peuple yéménite. Il
subit tous les jours des bombardements qui ont fait 10 000 morts et
provoqué une crise humanitaire sans précédent. Mais on s’est bien gardé
de lui demander son avis, à ce peuple arabe martyr, avant de coller ce
nouveau fion de hamster au revers du veston wahhabite. Car les droits de
l’homme, en fait, c’est bon pour justifier les bombardements, pas pour
les interdire. Sauf s’ils sont russes. Et même lorsqu’il n’y a pas de
bombardement ! Explication.
Comme par hasard, deux jours avant le
scrutin onusien, une école a été attaquée à Idlib (Syrie). Selon l’ONU,
il y a eu 28 morts dont 22 enfants. L’ONU n’a accusé personne, faute de
preuves. Mais les officines de propagande et les médias occidentaux ont
accusé la Russie. Niant toute implication, le ministère russe de la
Défense a fourni les preuves qu’il n’y avait pas eu de bombardement
aérien. Aucune importance !
L’essentiel, c’est le vacarme organisé
contre Moscou avant l’élection des membres du conseil des droits de
l’homme. Résultat : la Russie a obtenu moins de voix que la Croatie.
Contrairement à l’Arabie saoudite, elle ne fait plus partie du CDH.
Mission accomplie.
Photo : Le prince Nawaf Faisal Fahd Abdulaziz,
d’Arabie, avec le secrétaire général des Nations-Unies Ban Ki-Moon. New
York , 6 juin 2013 [AFP]
asi.ch
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