vendredi 4 novembre 2016

Le village du whisky

Olivier Cabanel              

L’alcool mène à tout et en Écosse, et quelques éco-citoyens non dépourvu d’imagination, ont conçu un village bâti en fûts de whisky.

C’est dans le nord de l’Écosse qu’un certain Roger Douda a le premier, imaginé construire une maison à partir de fûts de whisky provenant d’une distillerie voisine, il y a 30 ans.
Au départ, ce défenseur de l’environnement voulait construire avec ces planches récupérées, un centre scolaire, ce qui n’emballait pas tout le monde, les parents trouvant gênant d’éduquer leur progéniture dans des fûts de whisky.
Du coup est née l’idée d’un quartier conçu pour abriter 500 résidents, dans la commune de Findhorn. lien
Findhorn, c’est une étrange aventure, celle de militants déterminés qui ont permis la naissance de cette communauté, laquelle à l’avantage d’être le village qui a la plus faible empreinte écologique de tout le monde industriel. vidéo
Naturellement, toute l’énergie nécessaire à ce village est propre et renouvelable, et Findhorn annonçait le début d’une série de ces communes, voire de ces villes, qui de Totness à Feldheim, en passant par Ungersheim, jouent délibérément la carte de la transition écologique.
Dans cette commune Alsacienne, on prépare en vrai grandeur la transition, sans pétrole, ni charbon, ni nucléaire et les 2200 habitants du village mettent déjà en pratique une autre agriculture, d’autres moyens de transport, et d’autres moyens de construire. lien
La volonté de recycler tous les matériaux inimaginables ne se limite pas aux fûts de whisky, et ne semble pas connaitre de limites, si l’on veut bien creuser un peu le sujet.
Restons donc dans l’alcool pour découvrir le Greenstone.
C’est à Las Vegas qu’il faut se rendre pour découvrir le plus grand bâtiment réalisé avec 100% de matériaux recyclés.
Un entrepreneur local, Scott McCombs, a eu l’idée originale de récupérer 500 000 bouteilles, provenant des différents hôtels et casinos de la ville, les a fait broyer, puis mélangé aux cendres provenant des centrales à charbon de la ville afin d’ériger les murs de ce bâtiment de 10 000 m², représentant un volume total de 350 000 m3.
Qui connait le colombien Oscar Mendez, qui avec son nom sonnant « buena vista social club  », est en réalité un entrepreneur spécialisé dans le recyclage ?
Au bout de 12 ans de recherche, il a mis au point d’étranges briques qui, à la façon des légos, s’assemblent harmonieusement et qui ne sont que des déchets plastiques compressés.
Ses briques permettent de construire en 5 jours un logement de 40 m², alternative intelligente, pas chère, et durable, propre à remplacer tous les bidonvilles du monde, toutes les villages de réfugiés, d’autant qu’elles sont faciles à mettre en œuvre, à monter, ou démonter au besoin, et que leur vie est de l’ordre de la moitié d’un millénaire. lien
Au-delà des fûts de whisky, on pourrait aussi évoquer ce silo abandonné devenu habitation, ce qui rentre dans la catégorie du surcyclage, domaine dans lequel il y a l’embarras du choix.
De l’église transformée en bar,
ou en librairie,
 à l’avion devenant école maternelle,
 en passant par la prison transformée en hôtel de luxe, il y a l’embarras du choix.
Comment ne pas être surpris en découvrant un ancien silo à grains transformé en appartement.
De fil en aiguille, voici aussi venu le temps des earthship, littéralement bateau terrestre, qui entend réconcilier la haute technologie et la récupération.
Il s’agit de réaliser du durable et de l’économique, avec le moindre impact sur la nature, en recyclant vieux pneus, canettes, bouteilles etc. lien
On peut sur ce principe réaliser la couverture d’un toit en utilisant des morceaux de pneus, comme on peut le découvrir sur cette vidéo
Pas surprenant dès lors qu’une compagnie, Euroshield en l’occurrence, propose des tuiles imitant le bardeau de cèdre, et réalisée avec des morceaux de pneus (lien) mais rien n’empêche celui qui se sent une âme de bricoleur de réaliser lui-même sa toiture en « morceaux de pneus », lesquels une fois découpés peuvent être collés au chalumeau, comme du roofing.
Ces mêmes pneus peuvent tout aussi bien servir à réaliser une fondation. vidéo.
Quittons les pneus pour les bouteilles.
Plutôt que de s’en débarrasser dans les containers prévus généralement, elles peuvent avoir de nombreuses utilisations.
Pourquoi ne pas réaliser cette serre en bouteille de plastique, pour laquelle il ne faut que 140 tiges de bambou, 41 chevrons, 4 sac (ciment (ou chaux) sable et gravier) prêts à l’emploi, et 1500 bouteilles de plastique ? Explication ici.
Évidemment, le plastique pose un problème de vieillissement, ou en tout cas de ternissement, même si l’on sait qu’il ne sera complètement dégradé qu’au bout de 4 ou 500 ans, (lien) et on pourrait lui préférer le verre, d’autant que celles-ci peuvent être intégrées à un mur afin de créer d’originaux vitraux, et pas seulement.
Sur ce lien, découvrez 30 façons de réutiliser des bouteilles pour en faire des œuvres d’art, ou tout simplement des objets utiles.
Du porte manteau,
au lustre,
l’ustensile de cuisine,
 les solutions ne manquent pas.
Et quid des palettes en bois, dont beaucoup d’entreprises se débarrassent, et qui selon un calcul portant sur celles des USA, pourraient servir à construire des habitations pour 33 millions de sans abris dans le Monde ?
Pour moins de 400€, vous pourrez construire en quelques jours une petite maison en palettes de bois, en se basant sur la proposition d’un plan.
Il est naturellement indispensable d’éviter les palettes traitées, et de choisir les plus robustes, souvent celles qui ont servi au transport des briques, parpaings, sac de ciment, ou de chaux.
Il est facile d’identifier les palettes traitées, généralement au methyl bromyde, sachant que ce produit est totalement interdit depuis mars 2010. lien
Dans l’esprit du recyclage, on trouve bien sur celui de la récupération, et il n’est pas inutile de savoir qu’il existe sur le net un site de don.
En effet, ceux qui n’ont plus l’utilité de tel ou tel matériau peuvent décider d’en faire don à qui voudra. lien
Ce n’est pas anodin quand l’on songe que 33% des déchets de construction sont réutilisables, alors que seulement 7% de ceux-ci sont utilisés.
Prenons l’exemple de l’isolant en ouate de cellulose, fabriqué principalement a partir de journaux recyclés, et qui sont habituellement destinés à l’incinération...ou celui des granulés de liège, qui sont produits à partir de bouchons de liège broyés, collectés dans près de 700 centres de récolte.
Le réemploi est donc aussi une partie de la solution, surtout si l’on songe qu’on y trouve aussi bien des briques, du carrelage, des tuiles, des châssis, des portes, des baignoires etc... Lesquels peuvent être récupérés à moindre cout, quand ce n’est pas totalement gratuit, il suffit pour cela de s’adresser directement aux entreprises de démolition. lien
Ces dernières, la plupart du temps, se débarrasseront gratuitement de ces matériaux, d’autant que vous leur évitez des frais de transport...
Quelques conseils judicieux sur ce lien.

Décidément le recyclage, le réemploi, ont de beaux jours devant eux, et sont partie intégrante de la transition écologique...car comme dit mon vieil ami africain : « celui qui essaye de rentrer dans le moule ressemble à une tarte ».

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