Le
7 mai, notre sympathique pays aura un nouveau président de la
République, avec les honneurs et les pouvoirs que lui réserve la
constitution. Mais que pèsera-t-il réellement ? En quoi pourra-t-il
parler au nom du pays ?
Je précise tout de suite que cela ne m’angoisse en rien.
Nous
sommes tranquilles, d’abord, parce que, quelle que soit sa critique de
la France, notre immense amie l’Allemagne veille sur notre destin. Avec
l’océan d’incertitudes du Brexit, elle ne peut imaginer une crise avec
la France. L’économie française est asphyxiée par le poids de sa dette –
le fruit de l’impôt sur le revenu ne suffit plus à payer les intérêts –
et l’Allemagne va veiller à ce que la France garde son crédit auprès
des grandes banques. Donc, keep coool… Pour le reste, Mamie Angela est
notre excellente présidente. Elle est bien partie pour être réélue,
notamment car le pays adhère à sa politique d’accueil des migrants. Ce
d’autant plus que l’élection, éventuelle, de son adversaire Martin Schulz ne change pas la donne sur ce point. Nous sommes donc tranquilles.
Tranquilles
aussi parce que la société française, à l’opposé de sa classe
dirigeante, est magnifique. Vous pouvez frapper à n’importe quel niveau,
chez les jeunes ou chez les vieux, dans le public ou dans le privé,
dans les emplois du terrain ou chez les cadres, au nord, au sud, à
l’est, ou à l’ouest, vous trouvez partout des gens instruits, positifs,
créatifs, solidaires. La première force de la France, c’est sa société.
Donc,
chères amies, chers amis, il y a aucune raison d’être pessimiste.
Simplement, nous devons apprendre à être partie prenante d’une société
dans laquelle le pouvoir politique n’existe plus.
À quatre semaines du premier tour de la présidentielle, le spectacle est incroyable.
La
droite est en apesanteur. Fillon s'est aussitôt enfermé après sa
victoire, pour soigner l'appareil des Républicains. Un discours
marquant, et rien de plus, sauf des efforts pour arrondir ce qui l’avait
fait gagner, notamment les coupes dans la Sécurité sociale. Depuis
l’enquête sur la SARL Fillon, il n’a rien à dire, si ce n’est le
complot. Alors que tout le monde sait que la semaine sera cruciale, il
est parti pépère quatre jours à La Réunion, sans le moindre plan de
communication. Tous les élus savent qu’avec Fillon c’est cuit, mais il
n’y a personne de crédible pour s'imposer comme plan B. Il reviendra au
parquet, dans quelques jours, d’établir le calendrier de la droite.
À
l’extrême droite, Marine, gérante de la SARL Le Pen, veille à défendre
son fonds de commerce. Sans alliance électorale, avec ses trois
immuables leaders qui squattent les plateaux-télés, son programme
moyenâgeux et les pathétiques histoires avec son papa, elle reste une
mauvaise blague.
Macron
plane dans les sondages,… ce qui est le plus mauvais des présages. Il
n’a toujours présenté ni programme, ni équipe. Avec l’élection de Hamon,
il rêvait d’un raz-de-marée de parlementaires pour le rejoindre, mais
c’est zéro, et il peut très bien s’écrouler. Les sondages qui donnent la
victoire… S’il a cinq minutes de dispo, Macron pourrait téléphoner à
Clinton, qui a une certaine expérience du sujet.
Hamon,
en toute discrétion, a fait une bien belle opération, mais depuis qu’il
a gagné la primaire, il n’a plus aucune existence publique auprès de
l’électorat. Un homme parle au peuple ? Non, retrouvant ses habitudes de
20 ans, il s'est aussitôt consacré aux arcanes du Parti socialiste avec
calculette et arrangements. Certes, l’élimination programmée de Fillon
fait son jeu, et du point de vue de la cuisine électorale, Hamon a
raison de se concentrer sur les logiques d’appareil. Mais il va
construire quoi de durable avec ça ?
Mélenchon ? L'insoumis révolutionnaire ? Ah bon, j’ai dû manquer quelques épisodes...
Dans
ce tableau triste à pleurer, pour reprendre la chanson de Léo Ferré,
que reste-t-il qui tienne debout ? La société vit sa vie sans la
politique, qu’elle regarde comme un feuilleton. Elle a éliminé Sarko,
Juppé, Hollande, El Blanco… Bientôt Fillon...
Nous
avons sous les yeux le spectacle de l’écroulement de la vie politique,
minée par les affaires et les équations lilliputiennes de ses
pseudo-leaders. Elle l’est surtout parce que l’adhésion, la vraie, ne se
crée pas en fonction d’une personne, mais d’une idéologie, d’un courant
de pensée qui permet de se situer dans le monde. Sans le retour des
idéologies, nous ne ferons rien de solide.
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